« Je m’appelle Justine, j’ai dix-neuf ans. Je sais que je suis jolie. »
Voilà comment la jeune fille se présentait aux personnes inconnues.
De son petit visage délicat et encore enfantin se dégageait une telle confiance en elle que bien souvent ses interlocuteurs se sentaient écrasés par tant de présence émanant d’une si petite personne.
Elle ne paraissait pas son âge, ce qui était encore plus troublant.
Elle passait le plus clair de ses journées à errer dans la ville, soutenant tous les regards qu’elle croisait.
Du défi ? De la rébellion ? Pas vraiment…
Justine portait un lourd passé pour son âge. Elle le dissimulait à succès, et elle s’en servait de base pour construire son avenir.
Elle aimait les hommes, qui l’aimaient en retour. Elle aimait également les femmes, et elles l’aimait en retour.
Justine aimait les êtres humains, quel que soit leur sexe, quel que soit leur âge, quelles que soient leurs attirances sexuelles, quelle que soit la classe sociale dont ils étaient issus. Peu importait.
La seule chose qui comptait pour elle, c’était le désir qu’elle avait de ces personnes, et qu’elle savait mieux que quiconque faire naître en elles.
Elle savait y faire.
Elle vivait seule depuis quelques années déjà. Elle passait d’un petit boulot à un autre sans se soucier de l’avenir, sachant très bien qu’elle ne travaillait que pour s’occuper et pouvoir continuer à mener son train de vie si jamais elle ne séduisait plus, un jour.
Mais elle savait très bien que jamais cela n’arriverait.
Depuis son plus jeune âge, elle avait ce « pouvoir » de séduire quiconque posait un peu trop son regard sur elle. Et de pouvoir en obtenir absolument tout ce qu’elle désirait.
Elle aurait pu faire semblant de ne pas le savoir, et chercher l’homme ou la femme qui comblerait sa solitude en la chérissant du plus profond de son être.
Elle aurait pu.
Elle aurait peut-être dû.
Mais Justine en avait choisi autrement.
Puisqu’elle désirait les gens, quels qu’ils soient, eux aussi la désireraient.
C’était comme ça, et pas autrement.
Quelqu’un en avait décidé il y a longtemps, et elle entendait bien suivre ce chemin, celui de la « déchéance », comme disaient les autres.