Taylor&Rachel [DM Pado²] -U can't escape. (p.2)

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Je me demande«ce qu'aurait été ma vie, si elle n'avait été aussi linéaire.
Un long fleuve tranquille. Sans ironie. Mon adolescence s'était écoulée ainsi, dans ce grand appartement où je ne recevais jamais personne, dans cette chambre, trop grande, transformée en palais de l'électronique, et enfin... Sur ce balcon, ce minuscule jardin suspendu de Babylone. Suspendu au-dessus de l'immensité de la ville.



C'était le seul endroit où je me sentais réellement bien. Le soir, été comme hiver, je m'asseyais sur le béton trop froid ou trop chaud et n'arrêtais pas de penser qu'il y avait tout juste la place pour deux. Que si une personne s'asseyait en face de moi, nos pieds se toucheraient et enfin, il n'y aurait plus de vide. Sur ce balcon et peut-être dans ma vie.


« Égoïste. »
Mes pensées s'arrêtaient toujours cet adjectif, torturé, et la parfaite représentation de ce que je ressentais. Un profond égoïsme. Mais était-ce si égocentrique de me dire qu'un jour je ne me sentirais plus aussi seule ? Cette solitude, si épuisante, ne pouvait-elle donc pas, un jour, s'apaiser ?
Et comme à chaque fois, je me mordais la lèvre inférieur ravalais mes larmes et m'extirpais du balcon.Mais cette fois, ce n'était plus pareil. Je me rendis compte que ce balcon pour deux personnes représentais mon vide intérieur, à l'extérieur. Une drôle antithèse.
Ce jour-là, c'était clair: la normalité ne m'allait pas. Je passai ma main dans mes cheveux roux flamboyants, mais teints, et pris conscience que ce long fleuve tranquille ne me correspondrait jamais.

C'est quand même drôle de voir jusqu'à quel point on peut aller loin dans la déchéance. Drôle.

Quelqu'un disait; guérir l'âme au moyen des sens et les sens au moyen de l'âme. Que dalle; moi ça m'empoisonne de plus en plus. Et c'est tout. C'est tout ce que ça me fait.
Mais je continue quand même parce que je ne sais pas faire autrement. Je ne sais plus vivre autrement. La pierre qui roule, c'est exactement ça; elle dévale la pente de plus en plus vite, elle peut pas s'arrêter, elle ira s'écraser en bas.



A ceci près qu'une pierre ne tombe jamais sans raison; moi si. J'ai aucune excuse. Aucune. Je ne m'arrêterai pas.
Un frein? Qui?
Un parent? Je vous ai déjà expliqué.
Un ami? Des amis, j'en change tous les soirs. Oh, il doit bien en avoir un ou deux qui restent toujours, au même niveau de l'abîme que moi, mais je n'arrive jamais à me souvenir de leur nom.
Un plus qu'ami?... Ca aussi, c'est loin d'être stable. Ca dépend des soirs, dira-t-on.




Pensez ce que vous voulez de moi.

Que je suis plus que frivole, irresponsable, excessive en tout, trop libérée, que je joue avec le feu, que ça me retombera dessus, très bientôt. Que ça ne sert à rien de me parer de dentelles et de froufrous blancs pour cacher la noirceur de mes pensées, et ce genre de conneries.
Moi, je m'en fous. Au point où j'en suis, j'suis totalement détachée de tout ceci.
Mais mes dentelles, le tulle, les boucles, les tissus blancs, ils sont là pour m'apaiser; le blanc, c'est la neige, c'est le vent, c'est le néant. C'est reposant après des nuits colorées de tout. Ca apaise, vraiment. Imaginez, si je vivais colorée? Je deviendrais folle tout de suite, trop à l'intérieur, trop à l'extérieur.




Il y en a qui croient que je suis effectivement devenue folle, parce que je ne teins pas mes cheveux pour cacher leur blanc doux. Mais pas du tout. De naissance. Blanche-Neige, haha.
Et en un sens, ça reflète aussi la coquille trop pleine que je suis.



Mon existence est un enfer pâle à force de couleurs.
Mon existence est d'un blanc mécanique. Blanc rouillé.