Ka-Ku-Ren-Bô -19/06/14-Shikigami p.65 (DC Russel)

La première erreur lorsqu'on souhaite parlementer avec moi est de me mettre de l'alcool sous le nez. A froid, je suis désagréable mais alors à température ambiante, je retiens encore moins ma grande gueule. Mon frère trouve paradoxalement que ça me rend "plus sympathique". Faut voir.




En tout cas, mon capital sympathie face à certains yôkai est plutôt dans le négatif. Surtout quand on me met clairement "en condition".
Ambiance feutrée…Porte fermée…




Et ELLE en tête-à-tête.




"Vous n'aimez pas le vin, Kondo-kun ?"

"Vous êtes sûre que vous n'avez pas un vieux pull à vous mettre ? J'ai du mal à discuter avec les gens qui ne connaissent pas l'usage du pantalon. Ou de la jupe, je ne suis pas difficile."




"Je connais un certain nombre d'hommes – et de femmes – qui apprécieraient d'être à votre place."

"Ben appelez-les. Faut pas chambouler votre planning pour moi. "

J'aimerais bien savoir si Kokuen traite toutes ses affaires dans ce genre de tenue. Ca expliquerait les cessions massives de locaux à son agence…




"Ne soyez pas désagréable, vous ne savez même pas de quoi je souhaite vous parler."

"Pour le faire dans cette tenue, vous êtes sûre que c'est parler qui vous intéresse ?"




"J'aime être à l'aise quand je parle affaires."

C'est les notaires de Tokyo – et leurs épouses – qui doivent être contents…

"Affaires ? Vous vous imaginez que je fais du business ?"




"Les yôkai en font, pourquoi pas vous ? Vous êtes le premier à admettre que vous êtes sur la touche, Kondo-kun."

"J'admets. Je n'ai pas votre talent de corruption. Il faut dire qu'en guêpière je serais quand même vachement moins vendeur."




"Tokyo a besoin de paix. Vous êtes le premier à le dire, c'est cette recherche constante de tranquillité qui vous dévore."

"Sans vouloir vous offenser, Kokuen-san, je ne vois pas très bien en quoi la tranquillité de nos contemporains vous intéresse. Il ne se passe pas une semaine sans que vous et vos greffiers me foutiez le bordel. Je vous ai empêchée d'intimider les voisins de votre nouveau complexe il y a quelques jours. Alors la paix et vous…"




"Justement. Nos conflits incessants – et virulents, ne niez pas, vous ne faites pas les choses à moitié, Kondo-kun – ne sont-ils pas encore plus périlleux pour cette paix pourtant indispensable ?"




"Et ils vous donnent sans cesse le mauvais rôle, alors que nous pourrions envisager un partenariat, plutôt que de gaspiller notre énergie dans ces combats stériles ? J'ai cru comprendre que vous n'étiez pas à hostile à l'appui des yôkai."




"Vous n'avez pas hésité à nous aider lorsque nous en avons eu besoin, au lieu de simplement décréter que nous étions ennemis."




"Ce qui ne signifie pas que je vous vois comme des alliés non plus."

"Justement. Vous avez besoin d'une main tendue pour franchir le pas. Les kappas, les kitsune…Personne ne veut faire ce geste dans votre direction."




"Le gouvernement vous utilise, le genre d'humain vous a je pense fait suffisamment comprendre qu'il se passerait volontiers de vous et vos méthodes expéditives."




"Nous pourrions êtres plus reconnaissants."




"Reconnaissants… C'est très courageux de vous dévouer de la sorte, Kokuen-san, surtout de manière aussi désintéressée. D'autant que vous connaissant, l'idée vient sans aucun doute de vous."



"Vous savez ce que j'ai appris ? Que les gens qui vous parlent d'une voix douce vous veulent généralement beaucoup moins de bien que ceux qui vous donnent des coups de pied au cul. Et c'est un yôkai qui me l'a fait comprendre. Je ne pactiserai avec personne – et vous seriez la dernière avec qui j'accepterais de le faire. J'ai rencontré pas mal de yôkai tordus mais vous battez tous les records, félicitations."




"Je vois."




"Je me suis trompée, sur votre compte, alors."




"Mais pas moi sur le vôtre, Kokuen-san. Et me prendre pour un naïf à qui il suffit de foutre un décolleté sous le nez pour qu'il ne soit plus capable de réfléchir est la pire insulte que vous puissiez me faire. Vous savez mieux vous y prendre avec les politiciens véreux, visiblement. Ou vous prenez de l'âge..."



"L'insulte, vous venez de me la retourner, Kondo-kun. Je n'ai pas besoin de préciser que j'ai une excellente mémoire, vous savez combien les "greffiers" peuvent être rancuniers. Je ne vous retiens pas."