Je rebondis sur la mini-polémique du fantasy "plus recherché" que le casual. Pour parler franchement, au début, c'était ce que je pensais. Quand je comparais dans ma tête un jeans et un sweat-shirt avec ces tenues toutes pleines de détails, noeuds en tissu, boutons, petites fleurs, perles et dentelles, je me disais qu'il y avait plus de recherche dans un outfit steampunk que dans un outfit casual.
Et puis, je me suis un peu plus renseignée sur ce que j'appelais casual, et j'ai regardé plus attentivement toutes ces pièces qui semblent si facile à faire : pantalons, shorts, vestes, robes vaporeuses... Deux découvertes : la première, c'est que les vêtements pour humains, ceux qu'on pourrait porter tous les jours, ceux qui correspondent à "notre monde" en quelque sorte, offrent une diversité de styles incroyable, une infinité de nuances et de subtilités. On peut tout à fait s'exprimer dans ce style de vêtements prétendument normaux avec nos poupées, eh quoi, on le fait bien nous-mêmes tous les jours.
Seconde découverte, en épluchant les rapports des défilés de prêt-à-porter des Fashion Weeks new-yorkaises et milanaises. Avant, je ne jurais que par Gaultier, Galliano, Mc Queen et tous ces génies dont le travail tient de l'art porté, et je trouvais tous ces petits créateurs qui faisaient des vestes de costard blanches un peu snobs et ennuyeux. A y regarder de plus près, non seulement leur travail est aussi intéressant que des modèles plus flamboyants, mais en plus en essayant de faire ce qu'ils font, on se rend compte que c'est extrêmement difficile. Certaines pièces "sentent la sueur", avec des fourmillements de détails qui montrent bien qu'on est dans la couture haut de gamme, et d'autres jouent la carte d'une facilité feinte. A les voir, aucun effort, le vêtement a un tombé si parfait qu'on oublie sa présence si on n'a pas soi-même souffert en essayant de monter un col de veste. Le casual bien fait ne demande pas moins de travail que le plus fantaisiste. Seulement, pour que le casual soit bien fait, il faut que ça ait l'air facile, c'est comme la danse ou le sport : il faut que le geste coule tellement de source qu'on oublie tout le travail qu'il y a derrière.
Pour ce qui est de la dichotomie fantasy-évasion # casual-proximité, j'aimerais ajouter que pour une partie sans doute importante de la population des bjdeuses, habiller sa poupée avec plein de fringues différentes, lui collectionner les chaussures, les wigs, et les petites robes relève aussi d'une démarche d'évasion et de rêve. Personnellement, j'espère passer plus de temps à m'éclater à refaire à taille poupée des designs que je vois sur des podiums et que je ne pourrais jamais me payer que dans cinq ans, si je les trouve d'occasion. Et même sans forcément parler de dressing par procuration, habiller sa poupée en casual c'est aussi pouvoir profiter de vêtements qu'on aime bien mais qu'on porterait pas forcément, parce qu'ils ne nous vont pas trop ou parce que ce n'est pas notre style, ou autre.
C'est vrai qu'il y a des modes dans les BJD, quand j'ai commencé, la fantasy était très présente, avec le gothique et les styles lolita, puis il y a eu les univers un peu bit-lit de mondes parallèles (asile, cirque, vampires, etc) et maintenant peut-être que le casual revient, comme on sent approcher la mode mori, peut-être dolly kei ensuite, je ne sais... En fait, tous ces univers coexistent sur le forum, depuis le début ou presque, et peut-être qu'il s'agit tout simplement de tendances de fond qui continueront de cohabiter pacifiquement, jusque dans les troupes de BJD à la maison, si j'en crois les témoignages que j'ai pu lire dans ce topic. Ce sont simplement des facettes différentes de notre monde intérieur qu'on a envie d'exprimer, non ?