2/ - LE VOYAGE
Le voyage avait été long et fatiguant. Le wagon dans lequel il avait voyagé était surchauffé et malgré le confort que lui procurait sa nouvelle condition d’homme riche, il n’avait cessé de s’agiter, ne trouvant aucun repos.
Il sentait son corps fatigué et son cœur lourd. Une sourde peine l’envahissait par vague douloureuse et la peur s’insinuait doucement sous sa peau.
Alors lorsque le train arriva en gare, il décida, malgré le froid, de se rendre au domaine à pied.
Il se persuada que cette petite promenade lui ferait le plus grand bien.
Il rajusta sa veste, remonta son col en frémissant et dans ce geste anodin, les images d’un bonheur lointain lui revinrent en mémoire.
Une ombre s’imposa immédiatement à lui. Celle d’une femme, sa mère, chaleureuse et protectrice, douce et parfumée, trompant son ennui dans les sombres couloirs du manoir et ne retrouvant son sourire que devant les yeux amoureux de son jeune fils.
Cette ombre qui réchauffait son corps, se déchira pour s’ouvrir sur celle de son père, homme à la carrure d’ours, au caractère violent et lubrique, brutalisant son épouse et riant de son évidente souffrance quand il s’en prenait au fils tant aimé.
Tant de souffrance avait amené la pauvre femme, dans un dernier instant de tristesse, a se suicider. Alors Caleb, abandonné par son amour et malheureux, n’avait fait que survivre à la malhonnêteté de son père.
Le fabuleux domaine d’Ordevack, pays de ses jeux et de son amour pour sa mère, s’était transformé en enfer . Pris aux pièges des moqueries et des coups de son paternel, il s’était juré de partir.
A présent, sur le chemin qui le ramenait au manoir, il trouvait la situation vraiment comique.
Malgré tous ses efforts pour oublier son enfance et surtout éviter son père, ce dernier avait réussi à le faire revenir. De plus, si Caleb voulait profiter de la fortune d’Ordevack, il devrait une dernière fois se plier à la volonté de cet homme.
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