"Mon cher Bisho-Olivier,
J'ai appris la nouvelle ce matin.
J'ai mis un moment à assimiler le message sur facebook, et il m'a fallut relire le message à plusieurs reprise. Je ne pouvais pas y croire. Je ne voulais pas y croire. C'était juste inconcevable. Et pourtant...
C'est pas chic de faire pleurer une fille. Tout s'est écroulé autours de moi. Un ami qui s'en va, c'est la Terre qui s'arrête.
C'était inconcevable. Trente ans, c'est pas un âge pour mourir, ça ! Cent ans, à la rigueur. Et je parle pas d'un centenaire Alzheimer-parkinson-baveux-incontinent, hein, mais d'un centenaire en pleine forme qui s'en irait paisiblement dans son sommeil un lendemain de cuite après un soirée bien arrosée, le sourire aux lèvres. Mais pas trente ans, bordel ! C'est la fleur de l'âge, l'âge des copains, des projets, du rire, de l'amitié, éventuellement l'âge de raison... Mais c'est clairement pas un âge pour mourir. C'est tellement injuste... Il n'y a pas de mot pour décrire toute la peine que nous éprouvons en ce moment. Pas de mots, juste des larmes.
J'ai appris la nouvelle ce matin.
Je suis restée un moment à pleurer devant mon écran, à vider la boite de kleenex et à répéter "Non..." et "C'est pas possible", et "pourquoi ?". Alors, je suis sortie pour me changer les idées. Mais ça ne marchait pas. Alors j'ai écouté des chansons tristes, sur lesquelles je me suis remémoré tout ce qu'on avait vécu ensemble depuis notre rencontre en 2010, sous forme de clips mentaux.
Tu es l'un des trois premiers BJDistes que j'avais rencontré. Evidemment, ça marque. Je m'en souviens comme si c'était hier, avec ta dégaine nonchalante, tes sacs à BJD et ta coupe de cheveux improbable. Je me souviendrai toujours de tes commentaires acerbes et de ta répartie, de ton caractère de cochon et de ton large sourire. Et de ta joie de vivre. Je me suis remémoré tous ces moments qu'on a passé, en convention et en rencontre...
A Aix-les-Bains pendant Musilac, quand on était tellement trempés par la pluie qu'il a fallut deux jours pour sécher nos godasses et nos vêtements, et qu'on était mort de rire comme des cons, et qu'on commentait l'état des Joggers qui couraient avec leurs vêtements moulants et mouillés. A Annecy, en rencontre chez Muriel, où l'on se gavait de gâteaux tous meilleurs les uns que les autres en prenant des photos et en discutant pendant des heures de nos passion. A Lyon à la Japan-Touch, où l'on passait de super bons moments dans nos cosplays à papoter japoniaiseries. Par Skype, lorsque tu me soutenais pratiquement tous les jours alors que j'étais toute seule à l'étranger, et que tu me faisait rire avec des anecdotes loufoques, et que tu me montrais tes créas coutures, et que tu t'améliorais vraiment...
Et j'ai pleuré dans le métro.
Puis j'ai réalisé que nous étions en vie. Et qu'ici, tout ce que je pourrais faire pour toi maintenant, c'est réaliser à quel point la vie est précieuse, et qu'il faut en profiter à chaque instant... Ca parait niais, mais c'est vrai. Te moque pas, c'est pas cool. Tu continueras à vivre à travers nos souvenirs, nos pensées et nos cœurs.
Je crois pas en un Paradis quelconque. A la rigueur, en la réincarnation. Je me demande en quoi tu serais, tiens. En chat, pour troller tout le monde et te faire gratouiller le ventre toute la journée... Ou en animal chiant tiens, genre en piaf, pour venir nous faire chier à 5h du mat avec un chant casse-couilles, ou venir nous chier dessus tout court d'ailleurs. T'as toujours eu le sens de l'humour.
Je crois pas en un Paradis quelconque. Mais bon, on sait jamais, hein. Quelle était la probabilité pour que dans tout l'Univers, entre toutes les Galaxies, la vie puisse émerger sur une planète de taille parfaite, idéalement placée à distance raisonnable de son soleil pour que la vie émerge, et qu'elle nous permette de nous rencontrer ? Donc on sait jamais, hein. Tout est possible. Bref, si jamais ce Paradis existe, on finira bien par te rejoindre, et on se retrouvera tous ensemble au bar !
Au revoir, mon ami. Je t'oublierai jamais.
Goodbye Bisho."
Alichka