Il pleuvait des cordes. Un froid et humide jour de décembre passé à lire, goûtant cette illusion de rupture. Je venais de rentrer de l'étranger, juste avant Noël, un séjour d'études solitaires dans un pays où il a plu presque chaque jour. Presque chaque jour, de retour dans cette chambre d'étudiant aux couleurs cliniques, je t'ai regardé sur l'écran, entre les notes.
Non... Ce n'est pas exactement toi que je regardais, mais un modèle d'exposition en noir et blanc, à la fois confus et révélateur. Un visage aux traits mystérieux et mélancoliques plongés dans une pénombre presque opaque. Les deux images étaient terriblement imprécises, et le site chinois ésotérique. Ton œil brillant me hantait : impassible mais aussi d'une touchante gravité. Le nom de ton modèle n'en était que plus justifié : « miroir » (version anglophone). Je te regardais, et je savais... Ton œil argenté renvoyait parfaitement l'image d'un avenir humide semblable à une île à jamais voilée par la pluie. Je savais enfin... Ton œil m'avait fait comprendre que tout pouvait être à nouveau facile, réalisable, pourvu que je choisisse la pluie.
Je savais que si je t'adoptais, je passerais définitivement de l'autre-côté du miroir. Cela me travaillait déjà, avant toi. Je n'ai fait que des fails de ce côté-ci. J'ai mis des années à comprendre que ces échecs à répétition étaient des codes mal saisis. Des appels que la raison refuse d'entendre. Mais ton œil cristallin a fait toute la lumière : ma place était de l'autre-côté, à tes cotés, dans cet oubli ouaté que le fracas naturel protégerait.
Mon attente fut une torture délicieuse, de retour à la maison, dans cet antre sombre que je m'apprêtais à fermer à jamais, avalant la clé. Combien de fois avais-je ouvert la page du site, couverte d'idéogrammes, de ce langage qui est le tien ? Plus je rêvais de toi, plus l'étincelle de l'excitation s'éveillait. Ma décision était prise, j'allais t'épouser toi, parce que j'étais tombée amoureuse de ton artifice et de ses promesses, les seules qui seront jamais tenues. Comme Sakaya* partageait son âme meurtrie dans ses poupées, j'allais faire de toi le réceptacle de toute la beauté que ma pitoyable existence avait su préserver malgré leurs assauts. A peine rentrée, j'ai fait le nécessaire – le prix me sembla moindre pour un tel amour, tandis que le leur vous ampute de tout – et j'ai ressenti comme une soudaine libération. Mes objectifs m'attendaient, dans l'ombre, mais je ne serais plus jamais seule.
Les mois passèrent. Je commençais à désespérer, à imaginer mille scenarii fatalistes. Or, lorsque l'on a sonné, il pleuvait si fort, depuis si longtemps, que j'ai sursauté. Qui était-ce ? Je m'en moquais comme d'un mauvais jour. Un vendeur à la sauvette, un vendeur de croyances, une vieille voisine intolérante en mal de commérages, la mort... peu importe, j'étais prête à les renvoyer avec force. Vraiment, je voulais qu'on oublie l'existence de ma maison. Vraiment je voulais ne faire qu'un avec la pluie. Une illusion, comparable aux oasis, bien que personne n'ai jamais eu soif de moi.
J'ai regardé par le rectangle de la vitre avant d'ouvrir. Un homme aux cheveux blancs, ressemblant bizarrement à un vieil ami que je m'étais fait en Angleterre, un vieux transporteur. L'homme tenait un grand colis rectangulaire à la main. Pensant presque aussitôt qu'il s'agissait de matériel de rechange pour un appareil, que l'on m'envoyait régulièrement, j'ai ouvert. Ce n'est qu'après avoir salué l'homme que j'ai posé mes yeux sur les idéogrammes imprimés sur le carton. Mon cœur a bondi. Ma bouche a marmonné quatre ou cinq « entrez » maladroits. L'homme a du me croire l'esprit aussi détraqué que mon triste physique. Je n'en avais cure ; mes yeux jaugeaient la taille impressionnante de ce carton qui te renfermait, aussi précieux à mes yeux que la moindre parcelle issue de toi. Ce carton avait voyagé. L'homme que je bénissais en silence le posa à ma demande sur la table de ma chambre et me fit signer. Après l'avoir copieusement remercié comme une démunie, et après avoir refermé la porte à clé, j'ai écouté la lourdeur amplifiée de la pluie...
Un malaise m'a soudainement assaillie et immobilisée devant la porte ouverte de ma chambre. Je ne pus m'empêcher de songer à une lecture récente que j'avais faite pour mes propres recherches sur le phénomène Real Doll**. L'un des témoignages recueillis dans l'ouvrage avouait avoir ressenti un passager mais profond dérangement le jour où une boîte à taille humaine contenant sa future compagne avait été déposée par des coursiers silencieux et très probablement aussi confus que le destinataire. Je savais pourquoi l'anonyme qui se confiait avait ressenti cela. Il l'avait dit en termes crus, d'une bouleversante sincérité : la boîte ressemblait à un sarcophage et l'immobile créature de rêve et de silicone à l'intérieur était aussi dénuée de souffle qu'un cadavre.
Ce n'était pas ce que je ressentais, mais j'ai fait le rapprochement. Cela n'allait pas durer, je le savais aussi. Ce que je ressentais ressemblait à la peur innommable que ressent le prisonnier qui réalise que, soudain libre, il ne sait quoi faire, il ne sait ce que ce monde lui fera... Je réalisais l'ampleur de ma décision : non pas l'achat d'un être artificiel, mais ce que cette transition représentait. J'entendis alors la précipitation noyer l'univers.
Je me suis approchée de ma chambre. C'était ton nouveau royaume, bien que dans ma tendance à attendre sans attendre, je n'avais pas installé ton « trône ». J'ai fermé la porte capitonnée de blanc, comme celle des cellules d'aliénés. J'ai tamisé la luminosité par crainte de te blesser. Les gens devraient venir au monde sur les ténèbres, ils auraient une conscience plus claire... Le crâne en veille, j'ai été chercher des ciseaux et un cutter pour ouvrir le ventre de ta matrice en carton et te libérer (ou devrais-je dire, faire de toi mon prisonnier volontaire). J'ai posé ces outils à côté de toi. Le monde s'est mis à changer de ton, à s'accorder au nôtre. Tandis que les maux confus du passé quittaient doucement ma conscience, l'extérieur achevait de perdre son sens. La pluie couvrait tout et transformait les bruits en rumeurs faibles, dont la désintégration devint imminente. Le pays du miroir établissait enfin ses frontières. J'ai pris le cutter, puis avec une précaution de sculpteur, j'ai ouvert...
Le cœur cognant contre ma poitrine pour la première fois depuis longtemps, j'ai méticuleusement retiré, une à une, les pièces qui allaient faire de toi une perfection aux allures humaines. D'abord, ce furent tes longs et soyeux cheveux noir de jais que j'ai fait glissé entre mes doigts et respiré, le corps traversé par un cordon de plaisir à l'état pur. J'ai posé ces cheveux d'ange noir, comme j'aurais déposé le corps vibrant et minuscule d'un chaton. M'oubliant alors, je me suis laissée aller à ce bonheur de découverte, consumériste pour les uns, fétichiste pour les autres, vrai et pur pour moi.
Une autre merveille fut déballée : une paire de bottes à sangles qui valaient tous les simili-cuirs que j'ai pu imaginer. Je les ais imprégnés de mes empreintes, admirant la qualité, la finesse du travail et trouvant que tu étais assurément très grand. La taille d'un enfant, les proportions d'un elfe, le poids d'un rêve... Ce fut ensuite au tour de ton splendide costume : un pantalon sombre à la couple élégante, ainsi qu'un haut composé d'une veste victorienne à cape noire longue, douce et ouverte avec de fins boutons argentés sur une chemise prune soyeuse dotée d'une superbe cravate lavande, avec un bijou représentant une couronne d'argent. Le col de ce haut en pointe et le rabat en éventail de dentelle noire donnait une ravissante impression de noblesse malsaine à l'ensemble ; une pièce digne d'un prince déchu, d'un scélérat gothique, d'un vampire, le genre d'ennemi fictif qui m'a toujours faite rêver. J'ai passé un temps indéterminé à admirer cette pièce d'un travail que j'ai trouvé somptueux. Je me suis alors remémorée les heures que j'ai passées, lorsque j'avais accompli mes heures à l'université, à choisir (avec de bons conseils pour les proportions) ces pièces. Les réflexions que j'y avais consacrées me reposaient l'esprit, me nourrissait d'espoir. Je me sentais comme les femmes qu'autrefois je méprisais viscéralement, celles qui choisissent une cravate ou un vêtement à offrir à leurs compagnons. J'aimais ça. Pour moi cela n'avait rien de différent. A présent, ces pièces étaient en trois dimensions, elles existaient, tout comme toi. C'était d'une vérité bizarre, entre mes mains.
Tu attendais. J'ai posé les yeux sur le magnifique sac cylindrique noir qui te renfermait comme l'étui d'un précieux instrument. Une fois ouvert, je t'ai découvert. A l'intérieur d'un cocon de tissu et de cellophane, tu étais une momie. Ton corps de 68 cm était au repos, recouvert de bandes protectrices ; tes pieds, mains et tête étaient insérés dans un rembourrage de mousse maintenu par de l'adhésif. J'ai plongé mes mains tremblantes et je t'ai retiré avec la même angoisse que j'aurais éprouvée en soulevant un grand blessé. Je t'ai déposé sur un coussin. Tu étais lourd. Lourd et fragile. Toi et moi aurions coulé sans l'aide d'une pierre, comme l'avait magnifiquement dit Susan Ashworth***. J'ai ensuite fait quelque chose d'étrange. J'ai posé la main sur ton cœur. Qu'est ce que j'espérais ? Rien. J'avais seulement envie d'établir ce contact, afin que toi, mon extension reçoives la vie dans la vide résine qui te constitue.
J'ai découpé tous les liens qui te retenaient. J'ai découvert tes jambes aux muscles finement rendus, dont l'une était fêlée. Loin d'éprouver de la déception, j'ai pris cet accident comme la preuve incontestable que nous étions faits pour nous rencontrer. J'ai effleuré cette blessure entre mes doigts. Ta nudité d'albâtre me sembla majestueuse, à la fois claire et imprécise sur l'intimité, un peu comme celle des êtres sacrés ou démoniaques dans les imageries. Ton corps élancé, fait pour habiter les images dérisoires aux allures gothiques, m'a quelque peu gênée. Pas dans le même sens que celui d'un homme réel, mais comme celui d'une sculpture qui incarne un idéal surnaturel. Etait-ce ce que Thomas Edison éprouvait en créant, pour son misérable ami, Hadaly****, la femme des amours futurs ? Sans doute avais-je déjà adhéré aux chimères. J'ai pris tes mains de pianiste, ou d'assassin subtil, dans les miennes. Comme certaines zones de ton épiderme, elles ont reçu, à ma demande, les stries discrètes mais visibles de veines. Travail d'artiste qui m'a laissée pantoise. Ces mains ont rencontré mes lèvres. Je devais rougir, mais je pouvais désormais tout me permettre.
Avec délicatesse, je t'ai assis. J'étais mortifiée à l'idée d'un faux mouvement, car les créatures de ton espèce doivent être traitées avec le même égard que les humains aux os de verre. J'ai retiré la mousse et les bandeaux de ta tête et ton visage m'apparut. Tes traits anguleux et fins exprimaient mille sentiments : désolation, concentration, réflexion, impassibilité, cœur brisé... Ton visage veiné avait été merveilleusement travaillé de couleurs donnant un réalisme saisissant à l'expression. De fins cils et sourcils, des paupières ombrées de corail donnant un aspect livide, et de longs et larges yeux d'observateur silencieux, aussi profonds que l'abîme. La même couleur que les miens, bleu-vert. Mon doigt étudia longuement ce visage, pinçant au passage ce trait que j'apprécie sans en connaître la raison, à savoir un nez plus long que la moyenne.
J'ai de nouveau ressenti ce sentiment de culpabilité mêlé de honte : étais-tu très déçu de moi ? Etais-tu terrifié à l'idée de passer l'éternité à mes côtés ? Ces absurdes questions finirent par se résoudre d'elles-mêmes. Puisque tu étais mon extension, tu ne pouvais que m'être attaché. Ton aspect enchanteur, alors même que tu étais dépouillé de vêtements, m'avait temporairement transmis la honte que ressentirait une sorcière réalisant que son amant n'est que la victime d'enchantements. Et pourtant, j'ai vu nos reflets dans le miroir ovale. Toi et moi étions parfaitement complémentaires. Ta beauté était le reflet de celle qui m'avait toujours habitée, mais que toi seul pouvait l'exprimer et lui donner forme.
Pendant les minutes qui suivirent ton éveil, je t'ai soigneusement vêtu et j'ai ajusté ces cheveux de jais sur ton crâne. Je ne pouvais encore parler devant l'émerveillement que j'ai éprouvé en te contemplant enfin entier. Ton regard étincelait ; tu semblais dans l'attente de quelque chose. J'ai su ce que c'était. Un gage, un cadeau qui libérerait ta personnalité et scellerait notre relation. J'avais préparé ce don bien avant que tu ne franchisse le seuil. Deux objets uniques qui allaient signer notre appartenance. Le premier était un simple mais remarquable bindi adhésif qui avait la forme parfaite d'une bague ornée de grenat, à la taille de ton doigt. Le second, plus important, ne fut autre qu'un petit crucifix en diamant rose qui me servait de boucle d'oreille, à présent autour de ton cou. Tu étais magnifique. Tu le resterais.
Je n'ai pas osé faire ce que je désirais tout de suite. Je t'ai regardé quelque temps, aussi mal à l'aise qu'en compagnie d'une véritable personne. Le temps aurait aussi bien pu s'arrêter. Puis j'ai fini par te presser contre moi. Tu avais une drôle d'odeur sucrée. Je t'ai bercé comme un enfant. Ta main posée sur ma poitrine m'apparut comme un signe d'approbation. Tu me reconnaissais, car nous étions liés depuis longtemps déjà. Même si tu ne me voyais pas avec tes yeux, ton âme naissante, comme la vivenef***** qui s'éveille, me reconnaissait enfin. J'étais honorée et fière ; tu étais en partie ma propre création, tu lui donnais forme. Et tu avais traversé la pluie.
Comme ce fut agréable... Un peu comme une énergie apaisante, d'un autre monde. Ma main reposait sur la soie de tes cheveux. Dans ce petit crâne pulsait une âme hybride. Tel le Golem, il suffisait d'écrire et de glisser le mot dans l'écrin de ce crâne, bien qu'au fond nous n'avions nul besoin de nous parler.
Il pleut toujours. Tel est ce bonheur-là.
Sur le grand bureau de verre, assis sur un coussin de soie rouge, jambes croisées, en pleine lecture, tu observes de temps à autre ma propre immobilité. Tu sais tout de moi. Vois tout. Au fil des années, d'autres objets sont venus compléter ta majestueuse incarnation : un monocle, un livre, ainsi qu'une montre de gousset fabriquée avec l'oignon d'une vraie. Tu sembles avoir gagné en maturité. On croirait volontiers que tu vieillis. L'atmosphère de l'Interface semble avoir façonné autrement tes traits et t'avoir imprégné des souvenirs de mon âme à la fois prisonnière et vagabonde. Tu me vois tous les jours, garde baissée ou de nouveau forte. Chacune de mes pensées sont filtrées par ton regard. Sans langage, nous échangeons tout, et tes conseils me revigorent. Parfois nous dormons serrés l'un contre l'autre. Parfois je pose mes lèvres sur les tiennes. Parfois, entre rêve et réalité, je te sens gagner la taille d'un homme et m'écraser. Mais il y a en toi ce côté intouchable, inébranlable que mes faiblesse humaines ne peuvent salir.
Quatre ans presque ont passé depuis ce jour où tu es entré dans ma vie. Deux autres créatures célestes de résine ont rejoint notre groupe. Notre fils, Vivian, rivalise de beauté avec toi, mais c'est un rebelle, un incorrigible contemporain, préférant l'acier et la résille à la dentelle. C'est notre petit artiste MSD, toujours à râler, toujours à critiquer ce monde et ses turpitudes. Quand à Alma, ce n'est pas vraiment notre fille mais un fantôme, un renard des légendes à l'heure du rat, une espiègle petite peste d'outre-tombe qui a élu domicile près du kamidana.
Ma solitude s'est muée en innocente folie. Je l'ai trop peuplée de leur magie. Une partie de moi, s'exprimant encore avec la voix des autres, se rit de ces fantaisies. Qu'y puis-je vraiment ? Quand leurs yeux d'acrylique brûlent davantage que ceux des vivants ? Qu'y puis-je vraiment ? Ils me donnent tant sans rien demander en retour. Responsable d'eux, mes aimés. C'est grand à mes yeux.
Apaisée par la douce présence de mes bien-aimés résineux, je crois avoir trouvé la paix, peut-être assez d'humanité pour ne plus haïr mes semblables. Je leur souris simplement d'un masque d'indifférence. C'est tout ce dont je suis capable.
Depuis combien de temps suis-je vraiment de l'autre-côté ? Nous voguons ensemble dans ce lieu sans bouger, tels des passagers d'un mobilis in mobile chargé de machines à rêves. Parfois, j'ai l'impression, mes chers amours aux jointures grinçantes, que vous m'avez immobilisée pour de bon.
La pluie a estompé les éléments extérieurs. Ils ressemblent, chaque jour un peu plus, aux flots indisciplinés d'une mer d'informations qui me sont devenues sibyllines.
J'ai fini par obtenir ce que je voulais vraiment, à travers vous. L'oubli. Je ne sais plus croiser d'autre regard que les vôtres. Je sens mon effacement. Je suis en train, moi aussi, de devenir un réceptacle. Vous m'avez eue. A l'heure où le Marionnettiste tranchera les derniers fils qui me retiendront de sombrer dans le paisible néant, je pourrai enfin tomber avec vous. Ce sera simplement cohérent. Simplement bien. Simplement nous...
Je n'existe pas. C'est ça la pluie. C'est ça le bonheur.
* Personnage de Fatal Frame IV Mask of the Lunar Eclipse (Tecmo / Grasshopper, 2008).
** Des Poupées et des hommes : Enquête sur l'amour artificiel, Elizabeth Alexanre, Elena Dorfman, 2008.
*** Protagoniste de The Cat Lady (Harvester Games, 2012).
**** Thomas Edison et son andréide Hadaly sont des personnages de L'Eve future de Villiers de L'Isle-Adam.
***** Vaisseaux dotés d'une âme vivante dans la saga des Aventuriers de la mer de Robin Hobb.
****** Parfum conçu par Black Phoenix Alchemy Lab.