[Le Mal à la Racine] Prémices [MNF] BP.1

Nooooon je ne veux pas qu'on la brûle la pauvre!!!!!! Tes photos sont justes superbes!!! Je plante ma tente!!!!!

les photos sont très classes. Ca sent le roussi pour ta demoiselle ! Attention la résine va fondre X'D
En tout cas c'est canon !

sublime.

Sublime et ton texte est comme toujours enchanteur.

J'aime bien l'effet fumé que tu as ajouté à tes photos. Pauvre petite sorcière! il faut vraiment arrêter avec les bûchés; pourquoi toujours vouloir brûler les sorcières ?!

Nano --> Merci beaucoup ! Aha, on verra comment cette histoire se finira...

Lalouve --> Justement, j'ai eu l'occasion de voir des photos de BJD partiellement brûlées dans l'incendie d'une maison, c'était abominable... :/
Merci en tout cas n_n (*saute du coq à l'âne ^^'*)

Celynette --> Merci beaucoup <3

Tigrou.v --> Merci beaucoup, ça me fait très plaisir

nathy1317 --> Merci beaucoup ! Ah ça, ces bûchers ont vraiment été terribles et profondément injustes... J'avais lu un article sur la figure de la sorcière à travers les siècles et pourquoi elle dérangeait tant ses contemporains (et surtout les hommes), c'était très intéressant, je vais essayer de le retrouver pour le partager par ici. En tout cas, on verra ce que j'arrive à faire de ce que j'ai pu apprendre ^^

Oh mais non la pauvre choupette * arrive avec le bac d'eau x) *.

Elle est bien jolie, et l'effet de fumée rend bien.

Oh ouiii un projet de plus

J'ai hâte de découvrir l'histoire de cette belle sorcière qui, malheureusement, finira comme tant d'autres. Je t'avoue que ce sujet me plaît beaucoup ayant approfondi ma curiosité sur ce thème par quelques recherches perso ! Du coup je suis curieuse de voir comment tu vas exploiter tout ça

Je plante ma tente ici huhu =D

Ma mère m’a toujours dit : « On te détestera pour ce que tu fais, pour ce que tu es. On te détestera quoique tu fasses. Mais surtout, on te jugera parce que tu es une femme. »
Petite fille, si j’avais déjà retenu la leçon, la fin m’en restait obscure ; pourquoi mon sexe aurait-il été une source d’ennuis ? Pouvait-on vraiment me reprocher un fait auquel je ne pouvais rien, car j’étais née avec, sans qu’on ne me laisse le choix ? Cela me semblait si absurde.
La vie se chargerait, plus tard, de me démontrer que l’absurde peut être bien réel. Et dangereux.

 C’est bien vrai, qu’ils me détestent. Et ils me détestent d’autant plus qu’ils ont besoin de moi. Ils me détestent pour tout ce que je suis, et tout ce que je ne suis pas. Pour tout ce que je leur fait ressentir, et parce que je les effraie. Chacun d’eux se sent personnellement offensé par mon existence, à des degrés divers. Les femmes ne me haïssent pas de la même façon que les hommes, et les enfants pas de la même manière que les adultes ; mais tous, ont dans leurs yeux cette étincelle dangereuse, celle qui peut mettre le feu à un bûcher si elle s’enflamme. C’est l’étincelle du jugement, du refus de la différence, qui tire ses racines du terreau si fertile de la religion. Terreau nourri depuis des siècles avec des milliers de cadavres, et qui en réclame plus, toujours plus.
« Notre vie est une existence de solitude », me disait aussi ma mère. « Où que nous irons, nous seront rejetées ».
 Oh, mère, comme tu étais fataliste. Ce que nous sommes n’est pas gravé sur notre front. J’aurai pu goûter à la bienheureuse insignifiance des gens de peu, des gens de rien, si tu ne m’avais pas marquée dès la naissance, si tu ne m’avais destinée à vivre la même vie que toi, qui me condamnait pour toujours à grandir face à la haine des autres. Je n’aurais pas choisi ta vie, si tu m’avais laissée décider de la mienne. Quelle mère condamne son enfant à une vie d’impie par fierté ?
 Mais, je l’avoue, je te dois la liberté. C’est l’unique bien que je possède, la seule contrepartie de notre existence qui vaille la peine ; je ne suis assujettie à aucun homme, à aucun clan. Je mène ma vie comme je l’entends, même si c’est une vie de parjure.
 Nous sommes les rebouteuses, les coupeuses, les malignes. Les sorcières. Celles qui vivent hors des villages, qui possèdent bien moins que les gens de rien. Nous sommes le mal nécessaire, nous sommes le dernier espoir des gens qui nous méprisent lorsqu’ils n’ont pas besoin de nous. Nous sommes le brouet infâme, que l’on avale en pinçant le nez, car on ne possède plus d’autre choix. Prenez le village, passez tous ses habitants à la question, mais pas un seul n’avouera jamais avoir eu recours à nos services. A croire que nous sommes un parasite dont personne n’a jamais eu besoin. Pourtant, chacun d’entre eux connaît le chemin qui mène à notre masure, chemin sur lequel tous ont craché. Tout comme ils ont craché devant moi, car ne suis-je pas apporter le mauvais œil ? A chaque caprice du destin, à chaque famine, chaque catastrophe, ma mère et moi étions pointées du doigt, et l’on nous tenait pour responsables. Responsables de la gale, responsables de la mort des têtes de bétail, responsable de l’orge qui pourrissait sur pied, responsable des bébés mort-nés. C’était nous prêter bien plus de pouvoir que nous en avions ; je n’ai aucunement la possibilité de tuer une vache d’un simple geste, ni celui de faire tourner son lait. Pas plus que je ne suis responsable d’une mauvaise récolte, ou d’un enfant mort – je ne m’occupe que de ceux qui ne sont guère plus gros qu’un haricot…
 Mais c’était ainsi, et ce serait toujours ainsi. On avait besoin de nous, mais on nous détestait pour ça. Combien de fois ai-je vu la haine succéder à la peur dans les yeux de ceux qui venaient nous visiter, souvent aux petites heures du jour ou de la nuit, tant la honte de faire appel à nous les étreignait ? Ils n’étaient pourtant plus si fiers, à ces heures-là, entre chien et loup, alors qu’ils nous suppliaient de leur venir en aide. De soigner leurs maux, de résoudre leurs problèmes infamants. Ces moments-là sont ma revanche. J’aime les regarder froidement, de haut, ceux qui demain me condamneraient au pire sans la moindre pitié, alors que la veille encore j’endurais leurs pathétiques sanglots, usant de mon art pour eux. Ma mère acceptait leur haine, et n’y réagissait pas ; selon elle, cela aurait signé notre arrêt. Pauvre, pauvre mère. Elle semblait avoir oublié que si le sort ne s’en chargerait pas avant, elle mourrait pourtant de la main des hommes, lorsque l’âge aurait prélevé son droit de passage, et qu’elle ne serait plus qu’une vieille femme sans charmes, incarnant à la perfection la bougresse maléfique de l’imagerie populaire. Lorsque l’on finit par ressembler à une sorcière, on périt comme une sorcière. Ma mère, tu étais belle, plus que les autres, mais pas assez pour que l’on t’accuse de danser avec le diable. Cela t’épargnait juste un  peu plus que tes pauvres consœurs de part le pays, quelconques ou laides comme leurs brouets, qui ne fascinaient personne, qui ne pouvaient espérer un traitement un peu moins dur. Car c’est là la cruauté du monde ; une sorcière laide est un monstre, elle est laide comme son âme, qu’elle a vendue depuis longtemps. Une belle sorcière, c’est une abomination, une tentation faite chair, fille ou femme du diable. L’une comme l’autre sera jugée. L’une comme l’autre sera détestée.
 Je suis non seulement née femme, mais aussi fille de sorcière, pour en devenir une à mon tour. Ma naissance m’a doublement condamnée, si j’en crois ma mère. Mais j’ai tenu bon. Si j’étais fille, alors je serai femme ; si j’étais enfant de sorcière, alors je serai sorcière.
 Et surtout, je serai libre.

Tes photos et ton histoire, comme ta doll, sont superbes.
On appelait sorcière toute femme qui ne se pliait pas aux conventions, donc toutes celles qui montraient de l'indépendance ou faisaient preuve de caractère, celles qui se rebellaient contre l'ordre établi, celles qui étaient veuves ou pas mariées, celles qui montraient un peu trop leur supériorité et qui donc gênaient le pouvoir masculin, notamment les rebouteuses et autres personnes qui connaissaient "les herbes".
La plupart du temps il s'agissait de femmes d'un certain âge, qui ont toujours été mal vues dans les sociétés quelles qu'elles soient, y compris la nôtre et aujourd'hui, certes on ne les brûle plus mais on les invisibilise, ce qui en terme de mort sociale revient au même.

J'ai pas grand'chose à rajouter, c'était un chouette moment d'évasion ! Et j'aime cette tragédie à venir, annoncée par la dernière page du carnet. C'est bien amené
(et la sorcière en question est vraiment cool, ça fait vraiment "la fille des bois", qui joue avec les lézards, se cache entre les arbres et prépare des remèdes avec les herbes qu'elle trouve)

Ah oui, ces dames m'ont rappelé que j'ai oublié de dire que tes photos et la demoiselles sont superbes