Mantis est belle et fragile à la fois, j'aime ce corps, ça faisait longtemps que je n'étais pas tombée amoureuse du corps d'une poupée. Vraiment je ne regrette pas cet achat, les finitions sont belles, les mains sublimes et même si les articulations une fois pliées ne sont pas ultra esthétiques, ça ne me dérange pas.
En avril c'est blushage de buste.... Il est tellement joli que je dois réviser son style pour pouvoir la faire se balader torse nu XD
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Mais en attendant, chose promise .... Petit morceau de suite de l'Asylum.
La précédente partie se trouve p.26
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Yarith 16 th, 755
Le livre est une image, j'avais raison, c'est grâce aux cartes de ma petite fée araignée. Je fais voler les pages dans mes doigts, elles s'animent, les bout de traits se raccordent et forment des dessins, des images, des pensées, ils forment un monde, un monde serpent, un monde feuille. Je ne comprends pas ce que cela signifie. Je suis déçu. A peine une énigme résolue que tu m'en repose une autre. Un jour je serais tellement las que je te quitterais, que je rejoindrais l'homme pour t'oublier à jamais maudit asile ! Je le laisserais prendre ma mémoire et tu seras à lui, comme il le désire. Mais il restera Alice .... Et ça je ne peux pas laisser l'homme se l'approprier. Elle est mienne pour toujours. Alice me sourit et hoche la tête. Oui elle est à moi et elle le sait. Ses mains virevoltent sur ce livre étrange, ses doigts jouent avec les pages et forment les dessins. Alice ma précieuse perle. Ne déchire pas ce livre... Trop tard. Alice est têtue, elle a son idée et n'en démordra pas.
Le sol ressemble à un livre géant. La petite araignée cours sur ces pages déchirées, elle déchire raccroche, froisse et dessine sur ces morceaux d'arbres morts. Elle trace des chemins, des lignes, des courbes, elle dessine avec frénésie, comme possédée par l'esprit de ce livre. Sous ses doigts et ses pieds commencent à apparaître des formes plus concrète, des visages, des bruits, des souvenirs. Quelque chose semble remuer en moi, ces visages je les connais, pourtant que je les ai jamais vu, ils sont nombreux, tellement nombreux que je ne sais plus compter. Alice continue à dessiner à tracer à modifier. Quelque chose de malsain dans cette danse étrange, les formes se relient entre elles se chevauchent s'assemblent. Le papier à terre se colore de lui même rendant aux visages blêmes leurs couleurs d'avant, tant de visages... je vois Ana et l'enfant du monastère, je vois des visages oubliés de tous, des milliers de mondes et des milliers de prisonniers. Je n'aurais jamais assez de ma vie pour tous les trouver. A nouveau une énigme ? Qui dois je retrouver ? La couleur disparaît sur certains visages, ne laissant que des teintes de gris. Ana la belle goule blanche a le visage gris et triste, mais l'enfant du monastère semble respirer la vie et la sérénité. Dois-je retrouver les visages colorés ? Je crois que oui. Parfois j'aimerais entendre la voix de mon asile répondre à mes questions plutôt que de me donner ces indices sans queue ni tête. Alice s'assoit dans un coin et souffle, elle est en sueur et sa main en sang. Je n'ai pas envie de tourner la tête vers les dessins, j'ai peur de savoir, peur de voir ce que forme tout ces visages collés les uns aux autres. Je ne contrôle plus mon corps ni mes pensées, tout se brouille, un visage dans ces visages, une chose noire, noire comme mon papillon.... Le dessin d'Alice me terrifie.
Yarith 19 th, 755
J'ai de la fièvre encore, je me sens mal et nauséeux. J'ai vu le visage dans les visages, je ne comprends toujours pas, qui est le papillon ? qui est le chasseur ? Que dois-je faire ? Tout est si confus dans ma tête. Les voix dans ma tête sont déchaînées, elles hurlent et se moquent, des mots, des voix, des cris de haine. Et des souvenirs, des souvenirs qui ne sont pas les miens, que je refuse comme mien. Maman est venu tout à l'heure, elle avait l'air si calme et sereine, un moment de lucidité dans sa folie. Elle m'a caressé les cheveux et m'a sourit. Elle ne m'avait pas sourit comme ça depuis une éternité. Elle est si belle et si fragile aussi, si on lui souffle dessus elle s'envolera. Elle m'a parlé aussi, elle a dit beaucoup de choses mais je ne m'en souviens plus, elle parlait et les mots s'envolaient dans les airs, absorbé par le plafond. Maman est belle est fragile, elle n'était pas prête à m'avoir, trop jeune, juste une enfant terrifiée qui n'a pas compris qu'on la violait. Maman était belle et pleine de vie, elle voyait son ventre s'arrondir, ses seins se gonfler. Elle ne comprenait pas ce corps qui changeait. Elle ne comprenait pas cette petite boule de vie qui se formait au creux de son corps. Grand père est mort d'une attaque en l'apprenant. Je ne connais pas mes ancêtres, ils m'importent peu. Ce qui compte c'est le sourire et l'innocence de maman. Elle a des yeux si grands et si verts, on se noit dans ses yeux, dans la foret de son âme. Maman est belle, irréelle et éthérée.
Quand les douleurs se sont fait plus fortes elle a paniqué, elle pensait à une punition divine, personne ne lui a jamais dit comment les bébés naissaient. Jugement divin, maman sentait ses chairs se déchirer. Mais dieu n'existe plus dans ces mondes oubliés. J'ai les souvenirs de maman dans la tête, comme un vase qu'on remplit. Grand mère qui lui hurle après, maman qui crie et les médecins qui l'emmènent pour me sortir de son ventre. La douleur a cassé quelque chose dans sa tête. Ma faute ? Oui, j'ai tué maman en venant au monde, elle n'a pas supporté la douleur. Après sa mort les médecins l'ont enfermé dans une cellule capitonnée, femme de petite vertu ont-ils dit. Pourtant je n'ai jamais rencontré de personne plus vertueuse qu'elle. Maman criait et se cassait les ongles sur la porte close mais ils l'ont laissé là. Les souvenirs se mélangent, elle oublie un peu son histoire, elle préfère l'oublier et continuer à errer dans les couloirs de l'Asile. Elle marche d'un pas léger, ses pieds nus semblent flotter sur le plancher pourrissant. Elle va rejoindre papa, pendu dans le patio, peut être décrochera-t-elle sa corde, peut être jouera-t-elle à la balançoire avec son corps ... Je ne sais pas.
Yarith, 20th 755
Le jour passe lentement, la vie s'écoule. En face de moi le mur de la chambre cloque et pèle, la peinture s'écaille. Mon asile semble attendre quelque chose. Je ne sais pas quoi. J'ai l'impression de ne plus rien savoir, je ne reconnais plus mon futur et je ne connais pas mon passé. Le présent est si petit, une minute, une autre, comme une goutte qui suinterait d'un robinet mal fermé. Cet immobilisme est pesant, j'ai l'impression de devenir fou ... ou peut être devenir sain d'esprit, lucide et méthodique, de devenir comme l'homme, le chasseur de papillons. Alice m'a demandé de lui faire une liste de ce que je sais mais les mots ne viennent pas. Qu'est ce que je sais ? Il est là. Il est dangereux. Sa folie est plus noire que la mienne. Après je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Enfin si, je voudrais mais j'ai trop peur. Une peur différente de mes cauchemars. J'ai peur des seringues, peur des voix dans ma tête, peur des choses qui rampent dans les souterrains. Pourtant ces peurs là je les aime, je les cherche aussi, sans elles je me sentirais perdu. Mais la peur de l'homme dépasse mes peurs enfantines, c'est une peur viscérale, instinctive, comme l'animal à peur du chasseur ... Comme le papillon en a peur. Je ne veux pas dépendre de la peur. Je ne veux pas être dominé par ce monstre.
Yarith 24th, 755
Alice m'a traité de trouillard. Ça n'est pas elle qui doit le subir. Elle a juste à vivre et se laisser vivre. Il n'y a aucun enjeu pour elle. Alice dors, crucifiée au mur. Sa tête pends sur le coté. Elle a l'air si paisible malgré le sang qui la tache. Elle est belle, un camaïeu de rouge dans le blond de ses cheveux. J'ai tracé des dessins sur son corps déformé, une rose sur son sein menu et un serpent sur son bras grêle. J'aime la couvrir de symboles quand elle dors. Bien sur elle est furieuse à son réveil mais les clous qui la fixe au mur sont trop solides pour qu'elle essaye de m'arracher les yeux. Je pourrais rester des heures à la contempler. Petite figue douce amère. J'espère en vain que l'homme n'est qu'un de mes cauchemars mais je sais qu'au fond il existe. Je sens mon asile retenir son souffle. Les murs vibrent et les habitants de cet enfer sont anxieux. Ils se terrent dans les recoins les plus sombres. La guerre dehors semble suspendue à un fil, tous la regardent priant pour que ce fil ne casse pas. Même les vents qui arrachent parfois nos tuiles se sont tus. C'est une attente insupportable.