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Voici le commencement.
(...)"J’étais humain, il y a de cela tellement longtemps que parfois, j’ai l’impression de l’avoir seulement rêvé. Je suis né dans les régions du nord qu’on appela plus tard la Scandinavie. Dans nul livre d’histoire on ne parle de notre peuple. On cite avec engouement les grandes civilisations Egyptienne, Etrusque, ou Grecque…. Notre civilisation n’avait rien à envier aux technologies, à la philosophie et l’avancement de ces peuples, mais il faut croire que la glace est plus destructrice que le sable car l'Histoire n'en garde aucune trace.
J’étais de noble naissance mais notre famille, pour peu que je m’en souvienne, n’avait pas la reconnaissance de son rang. J’ai oublié depuis, pourquoi nous vivions si misérablement. Mon père rêvait de puissance et sa vie ne s’articulait qu’autour d’un désir obsessionnel de récupérer sa place et ses terres.
J’étais fou amoureux de sa plus jeune épouse. Il en avait trois, avec ma mère qui commençait à donner signe de faiblesse. Or c’est de ma mère que mon père tenait toutes ses lettres de noblesse, et si elle disparaissait, c’était aussi avec toutes les prétentions que son rang impliquait. Alitée, rongée par la maladie, je passais des heures interminables auprès d’elle . Je l’aimais, elle aussi. En restant près d’elle ainsi je croyais lui apporter réconfort et soutien quand mon père était loin. En restant ainsi, dans cette chambre à l’odeur macabre, je me protégeais du mal qui me rongeait, et de cet amour interdit.
Je l’avais rejoint cette épouse, dans sa couche froide, lorsque mon père honorait sa seconde, ou qu'il partait en campagne. Mais en ces heures graves ou ma mère se mourrait, je préférais me réfugier près d’elle plutôt que de céder encore, à mes passions.
Ma mère savait.
J’avais acquiescé silencieusement à ses questions épineuses. Elle avait sourit. J’avais pris ça comme une façon de me dire « ce n’est pas grave, fils, fait amende honorable et tout sera oublié ». j’aimais trop ma mère. L’amour déforme tant la perception des choses.
Quand elle mourut, elle adressa ses dernières paroles à mon père.
Elle lui fit part de la faute dont j’étais coupable.
Sa trahison fut infiniment plus douloureuse de mon corps qui agonisait sous les coups de dague frénétiques de mon géniteur. Je suis mort très vite.
L' épouse adultère versait dans les arts occultes, je pense qu’elle trouva son salut dans la promesse d’aider mon père à accéder au rang suprême, et se venger de ceux qui l'avaient banni.30 jours après mon assassinat, ils traînèrent mon cadavre qu'ils avaient abandonné près du chateau, dans un caveau où ils invoquèrent les puissances des ténèbres pour faire de moi un "serviteur démoniaque".
Ma mère, par sa mort avait condamné mon père et notre lignée à la déchéance totale. Pris d’une démence fiévreuse, il avait décidé de s’en remettre aux Ombres pour parvenir à ses fins.
J’étais né.Immortel et puissant, enchaîné par une malédiction, soumis à ses moindre désirs. Il fit de moi un assassin, complice et témoin furieux de son ascension meurtrière parmi les grands de notre peuple. Il y avait tant de haine en moi, que je pris vite le goût du sang. Mon premier crime non commandité fut celui de la traîtresse. Je l’avais aimée, elle m’avait trahit. Fin de l’histoire.
Je le maudissais ce paternel monstrueux, mais je savais qu’à sa mort je serai libéré de son pacte. Et j’avais tout mon temps…" (...)