Pandemonium(SM Beryl boy) Riche... p.7

Avant que les hommes d'église ne me donnent le sobriquet de "Pandémonium", on m'appelait "Beaulieu" ou "Le libraire".




Sans se demander si ça avait jamais été mon nom.




Je me rends parfois dans ce petit cimetière, à plusieurs lieues de Cadoïn, là où pourrissent les vieilles tombes que plus personne n'entretient.




Il y a quelque chose de rassurant dans ces sépultures à l'abandon…la sensation qu'en laissant le nom s'effacer et la pierre s'éroder, on a un peu dédaigné la mort.




Personne ne m'a jamais posé de question. Je ne croise que très peu d'éplorés – plus souvent pressés qu'éplorés par ailleurs.




Je ne prie pas- ce serait de mauvais goût - mais je me recueille ici, je prends un peu de mon temps. Ce n'est pas un emprunt bien coûteux, j'en suis plutôt riche.




Milliardaire de minutes et d'heures, de jours, de semaines, d'années. A moi, la mort m'a laissé un crédit sans limite.




Mais j'ai parfois besoin de revenir un peu ici, me rappeler comment…




Comment mon ancien nom s'est effacé, dans la réalité des hommes et sur la pierre. C'est moi qui ai partiellement endommagé cette stèle, dans la rage, il y a une décennie ou deux.




Un geste idiot .Cette tombe est tout ce qui me reste de mortel.




Ma tombe. Celle dans laquelle je ne suis finalement jamais rentré et dans laquelle il est probable que je ne rentrerai jamais.




Quand bien même demain un audacieux saurait comment me tuer…




Personne ne ferait le rapprochement avec cette tombe au nom presque effacé.




Personne ne songera que j'ai eu un jour un prénom et un temps compté.






Jusqu'à ce qu'on réduise ces deux choses à néant…