Une fois l’appareil installé sur son trépied face à un mur recouvert d’une belle tapisserie rouge foncé, l’homme les regarda.
- Madame, voulez-vous que l’on commence par vous ?
- Bien, dit-elle, s’éloignant de son époux qui la tenait toujours par la main.
- Si les poses sont trop longues à tenir, dites-le-moi, je vous ferai asseoir. Le poids doit être douloureux pour votre dos.
Rassurés de voir qu’il pensait également à leur bien-être, Cain déposa un baiser sur la tête de son épouse.
- Tu es magnifique, souffla-t-il à son attention.
Il s’éloigna et alla se poster contre un mur, tandis qu’elle s’installait devant l’objectif.
Le photographe n’eut pas besoin de lui demander de placer de telle ou telle manière, le spectacle qu’elle offrait à ses yeux était tellement beau que rien n’était nécessaire d’ajouter.
Elle qui était légèrement tendue avant de se placer devant l’appareil photographique se relaxa immédiatement, sentant que le regard que cet homme posait sur elle n’avait aucun sous-entendu, ne portait aucun jugement sur elle, sur son union, sur sa classe, sur son état.
Cain perçut ce changement dans l’attitude de sa belle et se sentit également rassuré.
Il la veillait d’un oeil tendre.
Lorsque l’homme le lui demanda, elle s’immobilisa, et seuls quelques mouvements imperceptibles dans son ventre vinrent troubler la position de la jeune femme.
Il fit d’abord une photo où on voyait bien qu’elle était enceinte.
Ce fut lorsqu’il effectuait tous les réglages lumineux que le second bébé décida de donner de grands coups. Abigail ne put s’empêcher de bouger les bras, et le photographe lui demanda de garder la position dans laquelle elle venait de se placer.
Le mouvement était tellement naturel, différent des photographies que l’on voyait partout, figées.
Il allait en profiter.
Amusée, Abigail tint la pose, et le cliché fut enfin capturé.
Elle se détendit un peu, la douleur pesante de son ventre s’atténuant au même rythme que les minutes qui s’écoulaient.
Comme les poses étaient longues à tenir !
Sentant comme une once d’empressement, le photographe se dépêcha de cadrer une troisème photographie et effectua les réglages le plus vite que ses appareils le lui permettaient.
- Vous sentez-vous capable de vous lever, Madame ?
- Oui, je pense…
- Ce sera le dernier cliché, je souhaiterai immortaliser non seulement vous et vos enfants à venir, mais également votre époux à vos côtés.
Cain se releva, aidant sa douce à faire de même.
Ils se placèrent au même endroit qu’Abigail lorsqu’elle se tenait debout.
Le jeune homme l’attira contre lui, posant sans même s’en rendre compte sa main sur le ventre de sa belle.
Ils sentirent l’émotion envahir le photographe, qui s’efforçait de ne rien laisser paraître tout en s’affairant pour que la pose fut la moins longue possible à tenir pour la jeune femme.
Il voyait des couples tous les jours ou presque, dans des positions similaires, il avait photographié des dizaines de femmes enceintes. Mais jamais il n’avait ressenti autant d’amour émaner de deux personnes.
Il se servit de cette émotion pour capturer au mieux les sentiments qu’il percevait de ces deux jeunes mariés et futurs parents.