Bon, ça va faire une semaine.
Je n'ai pas pu être là mercredi dernier, c'est peut-être pour ça que je ne "réalise" pas?
Pour le moment je n'ai pas vraiment de chagrin. Il n'y a eu que le jour même, quand j'ai reçu la nouvelle que je savais pourtant devoir arriver. Mais depuis vendredi soir que je suis rentrée, et là non, je ne réalise pas. Ce n'est simplement pas possible.
Ca fait depuis '94 que l'on n'a pas perdu d'animal véritablement de compagnie, qui se soit réellement fait sa place, qui se soit réellement intégré à la famille. Mes parents étaient chiens, et jusqu'à l'année citée ci dessus, forcément, il n'y avait rien d'autre. La disparition du tout a fait venir les chats. Depuis ça n'a été que des chats errants un peu sauvages avec qui j'ai -principalement- noué des liens, mais jamais très profonds, ils étaient errants et se retrouvaient rapidement avec des maladies qui les emportaient sans que l'on ne puisse faire quoi que ce soit.
Puis celui-là est arrive, malade à crever avec une bronchite, et s'est laissé soigner, et il est resté. Il a même apprivoisé mon père qui n'aimait pas les chats.
Oui, son nom était assez ridicule: Monsieur Chouchou. Mais ce sont les premières idées qui nous sont venues, à ma mère et moi, et il a toujours porté ce nom avec panache, car il avait la classe et la majesté d'un lion. (et comparé aux zigotos encore en vie qui nous restent et qui eux aussi sont membres de la famille...
)
Il est venu chez nous avec son bout de queue cassé qui formait un pompon. Il était le maître du coin. Il a vécu comme un roi pendant 9 ans, et ces 9 ans, nous les lui avons offertes.
Quoique la dernière année a été un peu douloureuse. Il est arrivé chez nous avec cette bronchite, et il en a gardé une constitution quand même fragile. En tant que dominant, il défendait son territoire et régulièrement devait être traité pour des fièvres et des abcès post-combat. Mais passés les 10 ans il a commencé à mettre de l'eau dans son vin...
Nous avons dû choisir de le faire partir alors qu'il était en bonne forme physique. Et ça, c'est affreusement dur.
Tout ça pour quoi?
A cause d'une petite saleté dans sa bouche, d'une maladie qui s'est installée dans sa gencive. Ca l'a d'abord simplement gêné, puis quand nous nous sommes réellement inquiétés, la gencive avait commencé à former une boule qui, régulièrement, se trouvait mordue. Nous avons tenté de lutter pendant 6 mois avec un traitement assez soft, puis nous avons décidé de changer de véto pour avoir une nouvelle approche du problème. Ce nouveau véto lui injectait de la cortizone et lui a enlevé par 3 fois la grosseur. Mais la piqûre qui aurait dû le soulager pendant un mois et un peu plus devait être renouvelée toutes les 3 semaines. Et la grosseur revenait inexorablement.
Il a fallu se battre contre le chat pour qu'il n'aille pas manger de croquettes, mais il aimait les croquettes par dessus tout, et n'allez pas lui présenter de la croquette mouillée sous peine de vous faire snober! Mais avec 6 chats à la maison (dont 3 plutôt sauvages) et une grand-mère qui n'en fait qu'à sa tête, allez donc réussir à contrôler ça.
Ma mère lui a préparé des gamélées et des gamélées de pâtée, tous les jours, tous les soirs, se relevant la nuit à plusieurs reprises pour lui en donner quand il réclamait, et des croquettes à l'autre qui dort à l'étage. Elle a tout fait; elle s'est démenée jusqu'au bout. Mais malheureusement, Monsieur Chouchou souffrait, shooté par les médicaments.
La dernière piqûre de cortizone a mis plus de 24h à faire effet. Le pauvre animal a souffert le martyr, une fois de plus. Nous devions le nourrir tant bien que mal de force. Puis la semaine suivante, la semaine dernière, quoi, il a eu un rendez-vous pour voir si une nouvelle ablation était possible. Le mal avait soudainement gagné de la moitié de la joue jusqu'à la gorge. Impossible d'enlever tout cela. Le véto nous préparait à la séparation depuis la semaine précédente, depuis la dernière piqûre de cortizone. Et pourtant il ne savait pas, lui non plus, que le mal en était à ce point.
On n'allait quand même pas s'acharner à nourrir Monsieur Chouchou dans la souffrance jusqu'à ce qu'il soit à l'agonie. Il est partie "en forme".
Mais depuis vendredi soir que je suis de retour, pour moi ce chat à la fois si discret et à la présence si imposante est soit en train de dormir sur un lit dans une chambre, soit sur le canapé que les étagères me cachent, soit dehors, devant la porte de la maison... Il n'est pas parti. Il n'est pas loin. (ce en quoi je n'ai pas tort puisqu'il est enterré dans le jardin.)
Je suis partagée entre le côté qui sait et celui qui ne veut pas savoir.
Mais je poste surtout pour vous donner un conseil, à vous qui aimez vos animaux: surveillez leurs bouches et nettoyez-leur les dents pour qu'ils aient de bonnes gencives et éviter d'attraper ce mal qui tue un animal en bonne santé.