Merci beaucoup toutes les 4.
C'est vrai que la Modigli ressemble pas mal à la Sugar (en plus joufflue), c'est pour ça que j'ai misé sur une wig bien rousse et plus courte, comme ça pas de raison de les confondre.
Hop petit texte en attendant le corps de Marotte.
L'Oiseau
Mathilde in the dirt
Un après-midi, une fois son cours de calcul terminé, Esther se dirigea comme à son habitude vers le cabinet de lecture. Elle aimait s’enfermer dans cette tour d’ivoire de longues heures, seule au milieu des livres anciens, silencieux et loyaux compagnons des après-midis pluvieux.
Elle fut surprise de trouver Marotte blottie dans son fauteuil. Occupée à déguster des fraises, elle ne l’entendit pas entrer dans la pièce et sursauta :
- Qui est là ? demanda-t-elle doucement.
- C’est moi, Esther, répondit calmement la petite fille. Que fais-tu ici ? As-tu du chagrin pour venir te cloitrer dans ce cabinet toute seule ?
- Pas le moins du monde, répliqua Marotte en épluchant délicatement un fruit. Je me promenais quand j’entendis cet oiseau, dont le chant nous parvient jusqu’ici. Ne l’avais-tu jamais entendu ? Quand on se place exactement à cet endroit – et Marotte invita Esther à s’installer à ses côtés – une plainte s’élève dans cette partie de la pièce. Ecoute comme son chant est beau ! Comme ses soupirs me serrent le cœur !
Et elle ferma les yeux pour en mieux distinguer les nuances. Esther ne répondit pas et rougit. Elle s’installa contre Marotte et prêta l’oreille. Rien.
- Que me racontes-tu là ? Je n’entends rien.
- Applique-toi, écoute bien ; je l’entends comme je te parle ! Voilà qu’il semble reprendre un refrain.
Esther se concentra encore, mais rien n’y faisait, elle n’entendait rien que les battements de son cœur.
- Tu es sûre qu’il est toujours là ? Est-il blessé ? Peut-être s’est-il envolé quand je suis entrée dans la pièce ? Allons, je vais m’en assurer de ce pas.
Esther se leva, attrapa le petit tabouret en bois dont elle se servait pour attraper les livres les plus hauts placés de la bibliothèque, et courut à la fenêtre laissée grande ouverte.
- Cela doit être un bien gros oiseau, pour que son chant nous parvienne. Il ne doit pas être bien loin.
Elle se pencha avec prudence par-dessus la fenêtre et cligna des yeux. Le ciel d’orage pénétrait dans la pièce. Ce jour-là, un temps d’ouragan secouait la vieille maison comme un navire sur la mer. Des branches de fleurs s’entrelaçaient et glissaient le long du mur comme des griffes d’animaux fantastiques. De sa fenêtre, Esther dominait les dernières cimes des arbres. Des collections de rosiers rares s’étendaient devant elle, et on ne distinguait rien hormis la serre, qui se déroulait à cent pieds au-dessous.
Dans son sérieux d’enfant exténué par les lectures, elle frissonna, regarda très attentivement l’entrée de la serre, puis soudain se mordit les lèvres.
Elle descendit du tabouret, lissa ses cheveux, et dit d’un ton désolé :
- Ma petite Marotte, je crois bien que ton oiseau n’est autre que Pinson parlant toute seule.
Marotte l’interrogea du regard.
- Pinson chante quelquefois, c’est sa manière à elle de s’exprimer. Je crois qu’elle a perdu quelque chose. Narcisse a bien essayé de la consoler, mais rien n’y fait, elle ne cesse de s’enfermer dans la serre ces derniers jours.
Pinson est étrange parfois, tu ne dois pas prêter attention à tout ce qu’elle fait. Allons, je te laisse maintenant, je dois terminer mon chapitre.
Marotte acquiesça, baissa la tête, et sortit discrètement de sa poche quelques plumes d’une couleur flamboyante.
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Merci d'être passé.