***Concours pour gagner une Mayfair***Résultat p 18!!!

Il était une fois, au milieu d’une sombre et épaisse forêt, une jeune fille perdue. Ses jambes n’arrivaient plus à courir, elle marchait à peine et souffrait le martyre pour rester debout. Mais, elle en était consciente, il fallait avancer encore, surtout ne pas s’arrêter…. Il était toujours là, elle le savait. Elle sentait son regard posé sur elle, même si ses yeux ne le voyaient pas, et, même si ses oreilles ne l’entendaient pas, elle devinait le bruit de ses pas au loin, mais pas si loin... Il était là, l’observait, la suivait, elle le devinait sans peine. Ses beaux yeux mauves débordaient de larmes salées qui roulaient en cascades sur ses joues rosées. Sa bouche haletait dans une respiration saccadée par ses sanglots.
Elle cherchait en vain un chemin, une maison, une présence humaine qui l’aurait rassurée … Un bûcheron n’habiterait-il pas au milieu de tous ces arbres centenaires ? Un bûcheron grand et fort qui la sauverait de ce démon ? N’y aurait-il pas un village dans une clairière derrière les prochains arbres ? Un village habité par de nombreux paysans armés de fourches et de pioches, qui auraient pu tuer ce monstre ? Pourquoi ne retrouvait-elle pas le chemin de son village ? Où tous se seraient jetés sur cette bête démoniaque pour la sauver. N’y avait-il donc personne au milieu de tous ces arbres qui l’aiderait ? Devait-elle affronter seule l’être maléfique qui la poursuivait ? Devrait-elle mourir seule, abandonnée, au milieu de cette forêt immense tout à coup si hostile alors qu’elle y jouait à cache-cache enfant?
Epuisée, l’esprit vidé, les yeux trop mouillés pour voir l’énorme racine sortant du sol, elle tomba. Son désespoir avait pris le dessus. Son envie de vivre s’était éteinte en même temps que la lueur d’espoir dans ses yeux. Elle s’allongeât sur le dos, sans même se rendre compte que sa cheville tordue brûlait sous la douleur, et regarda les feuilles au dessus d’elle. Elle essayait d’y trouver un bout de ciel, en vain. Elle oublia son poursuivant, sa douleur, son chagrin et même sa peur.
Résignée, elle attendit la mort. Bien belle mort…. Elle pria simplement que la mort soit aussi douce qu’elle était belle.
Elle ferma ses yeux et chercha dans ses souvenirs à se rappeler de ce doux moment où la mort, la choisissant elle et pas une autre, vint à sa rencontre.
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C’était jour de fête au village. Toutes les demoiselles avaient revêtu leur plus belle robe et dansaient ensemble près de la fontaine. L’eau paraissait bien fade à côté de leur beauté et leur joie. Tous les jeunes hommes, ainsi que les moins jeunes, étaient présents pour les admirer. C’était le jour où l’on fêtait les jeunes filles. C’était leur fête. C’était sa fête.
Elle espérait juste trouver aujourd’hui un jeune homme qui aurait fait chavirer son cœur. Elle aurait tant aimé être courtisée, embrassée, enlacée. Elle voulait être aimée.
Elle était comme la princesse du village. Tous lui parlaient avec respect et affection. Elle était de loin la plus belle des jeunes femmes qui vivaient ici. Ses long cheveux noirs de jais tombaient dans son dos pour caresser le haut de ses fesses, ses yeux violets étaient d’une rareté qui leur valait l’admiration de tous. Ses joues, toujours rosées, achevait un visage angélique. Sa beauté était raffinée et douce, tout comme son caractère. Elle était généreuse et rêveuse. Ses parents, morts depuis plusieurs années, étaient des notables du village et lui avaient laissé de quoi vivre décemment sur plusieurs vies. Elle était comme un objet sacré pour les villageois qui n’osaient pas réellement l’approcher. Elle était de ce fait isolée, par respect et admiration, mais elle n’en restait pas moins seule et sans ami.
Ce jour là, un étranger se mêla à la foule. Un bel homme, aux longs cheveux noirs parsemés d’étranges mèches blanches pour son jeune âge. Ses yeux noisette brillaient d’éclats tels ceux de milliers de petites étoiles. Sa bouche, si rouge, si attirante, ne cessait de captiver son regard. Ses vêtements riches, un costume recouvert d’un long manteau dont tentait de s’échapper un jabot de fine dentelle orné d’une pierre orangée à l’allure précieuse et rare, étaient travaillés dans des tissus précieux et ornés de décorations tout autant sophistiquées que couteuses. Sa posture sure, ses yeux impassibles, son sourire énigmatique, tout en lui l’enchantait.
Cathrine était ensorcelée.
Elle ne se rendit pas compte que l’effet inverse était possible. Elle ne se rendit pas compte qu’elle le passionnait autant que lui la captivait …. Malheureusement pour elle, son parfum avait attiré le mauvais prétendant. Youri ne pouvait détacher ses yeux de la roseur de ses joues et de clarté d’améthyste de ses prunelles. Le sourire innocent et franc de cette jeune fille attisait son feu intérieur, tout comme les courbes de son corps à peine caché par ce si fin tissu blanc, si léger… Il ne pensait qu’à plonger son visage dans son décolleté et s’y laisser bercer calmement par les battements de son cœur. Il imaginait comme ses caresses glisseraient sur la peau lisse de ses cuisses.
Il attendit patiemment l’après-midi pour l’accoster. Il l’aborda lorsqu’enfin elle se retrouva seule, isolée dans la roseraie du village, en bordure de la forêt. Elle y était venue pour se reposer. Danser et rire était fatigant, surtout lorsqu’on ne partage pas de vraie joie avec de vrais amis. Elle se retrouva surprise et sans voix quand elle vit son prince avancer au milieu des roses dont le rouge semblait tellement fade à côté de la couleur intense de ses lèvres. Elle se mit alors à comparer, l’espace d’une seconde, le rouge vif et intense des lèvres de son prince au rose pâle et triste de ses propres lèvres, espérant qu’un baiser passionné leur donnerait tout comme à son cœur le même rouge… La même passion…
Ils restèrent dans le parfum enivrant de la roseraie jusqu’au crépuscule. Ils discutaient, riaient, demeuraient silencieux, s’observaient. Ils prirent le temps de se découvrir. Elle se laissa charmer avec plaisir, le même plaisir qu’il prit à la charmer. Ils se découvrirent tellement de points communs; deux orphelins seul au monde, issus de familles aisées, délaissés du reste des habitants par simple respect. Le cœur de Cathrine fondit et laissa ce prince scandinave entrer pour s’y installer. Youri Skamolov, son nom la faisait voyager à sa seule prononciation. Elle aimait l’appeler mon prince et il se laissait nommer ainsi avec une certaine vanité non cachée.
Alors que le soleil déclinait, elle se rendit compte que la journée s’était déroulée comme dans un rêve et qu’il était temps de rentrer pour elle. Tout en saisissant sa main avec fermeté et l’enlaçant de son second bras avec une grande délicatesse, son prince l’embrassa. Sa tête tourna et son esprit commença à errer…. Son corps n’était plus qu’une fournaise dont les caresses de son prince alimentaient le feu. Elle ne fût pas capable de retenir le tissu de sa robe qui remontait le long de ses jambes, mais elle ne le voulait pas de toute façon. Elle se laissa aller sous les caresses coquines de son prince, qui se montrait de plus en plus entreprenant. Ses mains et ses lèvres étaient délicates et expertes. Elle se sentait comme sur un nuage et profitait avec délectation de son abandon dans les bras de son doux prince.
Elle n’entendit plus de bruit au loin et ouvrant les yeux elle vit que la nuit avait englouti le village, elle ne distinguait les roses autour d’elle que grâce à la faible lueur de la demi-lune qui ornait le ciel si noir et si lugubre. Elle plongea alors son regard dans celui de son prince. Ses yeux brillaient de mille feux, encore plus dans la pénombre, et les étoiles étaient comme des petites flammes vacillantes prêtes à s’éteindre face à ses yeux là aux flammes si intenses et si vives.
Youri se pencha vers elle. Elle ferma ses yeux et accepta avec rémission ce baiser. Il était si passionné, si intense, qu’elle en perdit ses sens et se sentit flotter dans un rêve. Un rêve dont elle fût sortie par une douleur fulgurante dans son cou. A son cri, le prince se releva et elle vit ses yeux si brillants, tels deux boules de magma en éruption, qu’elle ne remarqua pas de suite le filet de sang à la commissure de ses lèvres. Elle ne le remarqua que lorsqu’il lui parla, lorsque ses lèvres si rouges s’ouvrirent sur ses crocs si blancs… Les mots qu’il prononça lui parurent si lointains qu’elle ne les comprit pas de suite….
« Ton sang est aussi délectable que ton parfum est enivrant »
Ses yeux s’écarquillèrent sous le choc. Sa main se posa sur son cou et elle sentit une étrange substance chaude qui coulait. Baissant ses yeux, elle découvrit sa belle robe blanche ensanglantée, sa poitrine tâchée d’un liquide rouge. Elle comprit, enfin, ce qu’était son prince. Mais sa réaction ne fût pas celle qu’elle aurait voulu, et au lieu de fuir elle se blottit contre lui, pensant avoir trouvé son prince. Youri l’enlaça. Attendant. Lorsqu’elle releva sa tête pour regarder son prince, il l’embrassa une nouvelle fois et elle lui rendit son baiser. C’est au goût étrange de ce baiser que sa raison lui rappela ce qu’elle avait en face d’elle et qu’elle devait fuir. Elle le repoussa alors violemment et se mit à courir, vers la forêt, espérant pouvoir s’y cacher.
Le prince sourit, il allait enfin pouvoir s’adonner à son sport favori.
Il aimait faire courir ses victimes, leur faire perdre la raison dans le désespoir, les torturer psychiquement avant de les achever, lentement mais sûrement. Leur sang avait un goût exquis lorsque la folie le parfumait.
Il la suivit au détour de chaque arbre, il humait son parfum qui aromatisait chaque écorce où elle se s’appuyait. Ses sens s’excitaient à chaque larme qu’il percevait sur son visage. Sa soif devenait plus vivace à chaque battement de cœur qu’il entendait. Et arriva le moment fatidique ou enfin son esprit cessa de combattre. Il la vît s’étendre sur le sol, s’allonger à son aise et regarder le ciel, y cherchant les étoiles et leur sainte lueur salvatrice. Elle était lasse de s’enfuir et résignée à mourir.
Il s’approchait d’elle, sa belle paysanne. Sa robe blanche, si délicate, déchirée et tachée de sang, formait comme un linceul autour d’elle. Elle le regarda droit dans les yeux quand il s’allongea sur elle, un regard vide, sans sentiment, sec, mais tellement plus beau qu’avant, tellement plus satisfaisant. Elle ne parlait pas, ne bougeait pas, n’exprimait plus rien que sa résignation.
Ses yeux eurent un mouvement inattendu… Ils exprimèrent la surprise lorsque le poids du vampire disparu de son corps et que le visage divin du diable disparût au même instant. Elle se redressa, ne comprenant pas. Tourna sa tête dans tous les sens pour le trouver. Il se cachait sûrement pour encore se jouer de sa peur ! Scélérat ! Monstre infâme ! Ne pouvait-il pas juste la tuer ? Pourquoi jouait-il ainsi ? N’avait-elle pas assez sombré dans la folie pour lui ?
Mais la seule chose qu’elle vît fût une chose qu’elle n’aurait jamais cru voir ….
Une silhouette blanche, fantomatique, aux reflets cadavériques. Une femme aux yeux roses presque translucides, dont le visage n’exprimait rien. On aurait pu croire une statue de divinité antique oubliée si elle n’avait pas bougé. Sa peau était plus blanche encore que le blanc de sa tenue, longue et vaporeuse, telle ces tenues asiatiques que les livres d’images nous montrent, sa poitrine à peine cachée, une de ses jambes découverte. Ses cheveux blancs et courts semblaient former une auréole autour de son visage implacable. Elle s’avança vers la jeune femme qui n’en croyait toujours pas ses yeux. La pointe des oreilles de cette apparition ne laissait pas de doute ! Elle était en présence d’un elfe.
Elle était sauvée !
Son visage s’illumina d’un sourire et des larmes de joie émergèrent du coin de ses yeux. Les elfes, ces êtres magiques et mythiques, si bons et si respectueux de la vie; elle la sauverait! C’était certain ! Elle voulait se jeter aux pieds de sa sauveuse. Elle rampa vers la créature salvatrice. Elle n’eut pas le temps d’attraper la cheville qu’elle convoitait que le démon apparut vif comme l’éclair et la stoppa. Elle leva la tête vers lui et vu un visage qui lui glaça le sang… Il était furieux. Il la projeta violemment en arrière, la plaqua contre un arbre, les yeux fous de rage, aussi rouges que ses lèvres. Elle vit la magnifique créature blanche lui tendre une épée, qu’il saisit et lui planta dans le ventre. Sans même ôter ses yeux des siens. Elle glissa. S’échoua sur le sol, assise contre l’arbre tatoué d’une trainée rouge sur son écore, et regarda devant elle.
Le prince lui tourna le dos, s’éloigna, lécha la lame de l’épée aussi brillante qu’un diamant réfléchissant la lumière de centaines d’étoiles, l’essuyant ensuite contre son pantalon, et la rendit à la divinité blanche. Il s’agenouilla devant elle et lui baisa la cuisse qu’il saisit de sa main. Elle le poussa avec dégoût….
« Tu pues l’humaine, je déteste ça ! Ne me touches pas ! Ne me salis pas ! Finis de manger, et va te laver à la source. Et cesse de jouer avec tes repas ! Tu n’es plus un enfant…
Oui, ma bien aimée. »
Le vampire aux yeux affamés se retourna vers la jeune femme terrorisée, ne voulant plus de la mort. Elle voyait par dessus l’épaule de son bourreau la silhouette blanche s’éloigner, comme volant dans l’espace, divine. Elle ne regardait pas son ancien prince avancer vers elle, elle ne regardait pas les crocs qui s’approchaient dangereusement. Son regard fixait cette déesse insensible la regarder mourir, alors même que la douleur de son cou, comme un poignard chaud lui déchiquetant les chairs lui faisant oublier la douleur de l’ouverture dans son ventre. Elle ne ressemblait plus qu’à un simple pantin de bois dont s’amusait ce démon aux crocs blancs. Le blanc… Ce fût la dernière chose que ses yeux virent, alors que la bête s’abreuvait de son sang à même ses entrailles, avant de se fermer lors du dernier battement de son cœur à jamais brisé par un amour cruel. Le blanc de la silhouette irréelle de cette elfe au regard froid qui la regardait mourir, sans émotion aucune, juste un regard de glace translucide attendant que son cœur cessât de lutter face à la belle mort du prince.
Dormons ! Cela ne doit être qu’un mauvais rêve….
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La morale :
Il ne faut pas parler aux inconnus, il ne faut pas croire leurs mensonges, il ne faut pas être une fille facile, et il ne faut pas croire qu’un dieu viendra nous sauver si nous faisons tout cela.