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| [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs | |
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Auteur | Message |
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LoRyn
Nombre de messages : 1180 Age : 46 Localisation : Lyon Date d'inscription : 01/02/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Lun 5 Avr 2010 - 9:03 | |
| nathy1317 > heu en fait, je réfléchi pas trop à la prise de vue. Je prends les pics et pouf ça fait des "effets"..Mais mon frigo est réellement petit ! Chuis plutôt nulle en photo..Le seul effet que j'ai réussi à faire c'est le noir et blanc ^^ Par contre, le sujet que tu lance, c'est la photostory ou les BJD ? Je me suis rendue compte il y a 3 jours à quel point il me serait facile de vivre au travers de ces poupées..et de me perdre dans ce monde imaginaire... à la WOW mais IRL. Si c'est l'histoire, l'analyse psy est hyper intéressante et j'avoue y avoir retrouver la peur commune au sujet des poupées : Celle qu'elles ne deviennent vivantes (et pas forcément pour nous tuer) EDIT : également, la beauté des BJDs fait que tu n'as qu'une envie, c'est de les parer des plus belles choses et la beauté des gens finit par paraitre fade.. Elune > chuis con, c'est marqué ! Dans le même genre, j'ai fait celle ci : Derrière l'objectif (tiré d'un manga) - Spoiler:
Cette histoire aborde le thème central du processus de l’idéalisation, ainsi que son rôle dans la vie psychique de l’individu en tant qu’intermédiaire entre le stade narcissique et œdipien.
Les métamorphoses de l’idéalisation.
Le moment où il s’aperçoit que le mannequin a pris vie marque le début de la métamorphose. La métamorphose de la statue devient une sorte d’idéal à atteindre et prend le contre-pied du discours illusionniste sur la création artistique. L’instant du prodige où Mehrdâd s’aperçoit que sa statue a pris vie est marqué par une double métamorphose : celle de la statue bien évidemment, mais également celle de Mehrdâd, saisi par ce prodige. La notion de métamorphose fait référence à un changement de forme, à l’effacement d’un être remplacé par un être – ce qui rejoint également l’une des définitions de l’idéalisation. Cette dernière attribue à un objet des qualités qui n’existent que dans le regard du sujet et le transforment totalement. Au travers de ce processus, l’objet subit une métamorphose correspondant au désir du sujet. L’existence de Mehrdâd est, avant sa « rencontre » avec la poupée, essentiellement terne : il vit sans épouse, dans une solitude étouffante, et ne semble avoir aucune distraction. Cependant, l’achat de la poupée lui permet d’acquérir une beauté parfaite qu’aucune femme ne détient, et tombe amoureux d’ »elle ». Il l’a considère d’ailleurs comme un vrai personnage : il lui prend les mains, lui donne des baisers et s’imagine qu’ils sont rendus, lui parle…
Cette histoire pose alors les questions suivantes : qu’idéalise-t-on ? A partir de quoi ? Que porte-t-on vraiment au rang d’un modèle, d’une essence supérieure ? Comment arrive-t-on à idéaliser ? Quelle est l’origine de l’idéalisation ? Quel « gain » représente une telle élaboration psychique ?
L’idéalisation en tant que purification du désir.
Mehrdâd se voue à l’admiration de cette statue par dégoût et mépris de la gent féminine. Animé et enivré par un désir « pur », on remarque chez lui un austère détachement de l’objet, une distance orgueilleuse par rapport à tout ce qui est taxé d’impur. Il semble stimulé par un désir de purification des souillures, par une quête de dépassement des valeurs et des plaisirs communs. On peut interpréter cela comme une incapacité à affronter la femme réelle : « Il vivait sans épouse, célibataire« . Mehrdâd poursuit la chimère de la possession de l’objet de ses rêves. Il veut transformer son rêve en réalité. Dans ce but, il refuse la quête du désir, avec les risques qu’elle comporte : connaître une déception, accepter sa propre jalousie et le fait que l’objet aimé a lui-même un autre objet de plaisir, la rage que l’objet soit différent de l’image projetée sur lui, la souffrance que ce conflit interne peut entraîner… Mehrdâd semble refuser les plaisirs les plus simples et communs pour s’enfermer dans une « bulle » idéalisée.
Idéaliser signifie projeter sur la réalité « laide » la beauté d’une représentation interne.
Mehrdâd ne peut pas investir un objet réel ; il ne peut croire qu’une femme réelle pourrait avoir des traits communs à l’image interne idéalisée. Il préfère se donner un objet fait à l’image de la représentation qu’il porte à l’intérieur de lui, auquel il interdit d’avoir des correspondances avec l’extérieur. A toutes les femmes réelles, il manque quelque chose qui pour Mehrdâd est essentiel, vital. Il refuse de renoncer à un objet, il refuse aussi de déplacer son investissement originel vers un autre objet extérieur (sa fiancée).
Idéaliser, c’est imposer à l’objet une synonymie avec un objet interne.
La possibilité du déplacement reste minimale chez Mehrdâd. L’objet désiré doit être analogue, même synonyme de l’objet interne, originel. Si cet objet est finalement créé, il amène par sa présence le risque d’une euphorie permanente. En conséquence, l’objet sexuel n’a pas le statut d’un objet refoulé mais la persistance d’une image excitante. Quel pourrait être le bénéfice d’un tel état ? On émet l’hypothèse que l’amoureux est dans la situation de parler seulement de son objet de préférence ; tout ce qu’il ressent étant lié à l’objet. Il parle ainsi toujours de l’autre et jamais de ses propres pulsions. Le sujet évite d’être confronté directement à cet aspect animal de son être.
Idéal et image du partenaire sexuel chez l’animal.
La passion de Mehrdâd ne peut être déclenchée que par une image avec certains traits bien définis. Si on prend avec Lacan l’exemple du comportement instinctuel de l’animal, on voit là aussi l’importance de l’image. En effet, il existe un Gestalt (forme) qui déclenche le comportement sexuel chez le mâle ou la femelle. Le sujet s’identifie littéralement au stimulus déclencheur. Le mâle est pris dans un processus basé sur la dynamique de la relation qui s’établit entre lui-même et l’image qui commande le déclenchement du cycle de son comportement sexuel. Cet attachement à une figure intérieure est issu de la fixation narcissique à cette image, car c’est elle seule qu’il attendait (même s’il existe des possibilités de déplacement). Dans un premier temps, Mehrdâd semble ne plus attendre de trouver dans le monde extérieur l’objet qui déclenchera sa passion. Il a acheté la femme qu’il désire à l’image de sa représentation interne, et, n’attendant rien du monde réel, il engendre lui-même le seul objet qui puisse l’attirer.
L’idéalisation immobilise l’objet.
Par l’achat d’un objet inanimé, un objet qui répond à tous ses désirs liés à la perfection et à la beauté, Mehrdâd essaie de figer, de rendre éternel ce qui est vivant en lui et en l’autre, de créer un monde monolithique qui a toutes les apparences de la mort. L’idéalisation fige la mouvance et le devenir au niveau de l’apparence et pense avoir trouvé le moyen d’échapper à la dégradation et à la mort.
Cependant, dès qu’il fait appel au sens tactile, Mehrdâd bute sur la dure froideur de cette « femme » idéale. Si l’on se réfère aux trois figures du féminin dégagées par Freud dans son texte « Le motif du choix des coffrets », Mehrdâd privilégie la dernière, c’est-à-dire la mort. La figure de la femme froide, inanimée peut se comprendre dans la perspective de la femme qui le rejette sur le mode passif plutôt qu’actif. D’un point de vue oedipien, on peut supposer qu’en vue de refroidir ses propres pulsions, Mehrdâd cherche à se protéger en construisant cette figure d’une mère froide et qui le rejette.
L’idéalisation comme refus de la réalité et du manque.
L’idéalisation va également de pair avec une dévalorisation de la réalité. La terreur de Mehrdâd est qu’une femme puisse ne pas être conforme à ce qu’elle doit être pour lui ; conforme au désir de son possesseur-maître. Accepter la réalité de l’autre signifierait accepter le manque et la séparation. Mais l’idéalisation vise à créer un état conflictuel d’où le manque serait absent. Elle enferme le sujet dans la fascination pour un leurre, qui instaure une dépendance proportionnelle à l’espoir qui a été placé en lui. Par ailleurs, ce procédé ne permet pas la mobilité des investissements et du questionnement. L’idéalisation est le garant que le moi peut posséder un objet qui ne l’écarte pas de son état antérieur, elle est le refus d’un manque au nom du maintien d’une stabilité première.
L’objet idéal n’oppose aucune différence.
Comme tout passionné, Mehrdâd présente tous les signes d’un amour plus puissant que lui : impatience, compulsion à se rapprocher de cette mannequin, à la contrôler, à se l’approprier. Il a tendance à centrer sa vie autour d’elle, à lui sacrifier tous ses centres d’intérêt. En tant qu’objet inanimé, elle n’oppose aucune résistance, aucune différence. Elle n’a donc elle-même ni désirs, ni subjectivité. En tant qu’objet idéal, elle n’existe que par et dans les pensées de Mehrdâd. Il existe un écart entre l’opinion freudienne selon laquelle la surestimation de l’objet est associée avec le sentiment d’infériorité. L’amour de Mehrdâd semble inclure la surestimation de la femme mais non pas une infériorité par rapport à elle (son narcissisme n’est pas diminué par le sentiment amoureux). Aux nuances narcissiques de cette relation s’ajoute un élément opposé : le besoin de donner, sans calcul ni attente de retour.
L’idéalisation est un investissement narcissique de l’objet.
Ce qui intéresse Mehrdâd est la possession narcissique de l’objet (au travers l’affirmation de sa toute-puissance, ou encore de par la beauté unique et la perfection de la poupée). L’idéalisation règle la relation du sujet avec la dimension narcissique de l’objet. La relation narcissique entre le sujet et l’objet permet au premier de pouvoir vivre le plaisir. Le lien s’établit avec la partie investie narcissiquement de l’autre, partie qui a une valeur substitutive, qui donne l’illusion d’une relation avec un objet originel (sa fiancée).
Dans ce sens, l’idéalisation permet d’établir un rempart contre la souffrance originelle de la perte. Elle procure un état qui réconcilie le sujet avec l’exil du paradis ; elle permet de retrouver une relation avec la femme sans la présence d’un tiers. L’objet présent est supposé être une réplique parfaite de l’image intérieure. Il est donc un objet qui comble l’attente, ou mieux, crée l’illusion, dans le présent, d’une attente réalisée
L’idéalisation est aussi un désir d’emprise.
S’il existe une demande de la part de Mehrdâd, elle semble figée par le désir d’emprise sur la partenaire. Ce qui manque à cette relation est l’espace d’une réciprocité. La femme idéalisée est écrasée par les projections de l’homme. La propre participation de l’autre, sa libre disposition sont submergées par l’idéal projeté. Cela pourrait être le sens de la relation de Mehrdâd et de sa bien-aimée figée en porcelaine : la femme n’a qu’à se soumettre à un schéma préétabli. L’idéalisation de l’objet nie donc toute acceptation de l’autre de l’autre tel qu’il est. Dans ce sens, Mehrdâd ne peut pas accepter la métamorphose de la statue.
L’échec de la sublimation ?
Tout semble montrer qu’à partir du moment où il s’éprend de ce mannequin, Mehrdâd perd progressivement contact avec la réalité. Il a créé l’illusion parfaite d’un corps de femme, rejoignant ainsi son idéal féminin, opposé à ce que représentent les femmes d’aujourd’hui.
Son délire « érotique » se manifeste en plusieurs étapes :
- Dans un premier temps, l’hésitation entre illusion et réalité
- puis l’illusion complète
- une fois l’illusion installée, Mehrdâd se comporte avec ce mannequin comme avec une personne vivante, lui parlant comme à une femme aimée
- il lui offre d’abord des petits cadeaux puis des présents de plus en plus précieux
Du point de vue psychanalytique, disons que ce délire semble montrer l’échec du projet de Mehrdâd : sublimer le désir sexuel, ou la libido incontrôlée des jeunes garçons.
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| | | LoRyn
Nombre de messages : 1180 Age : 46 Localisation : Lyon Date d'inscription : 01/02/2009
| Sujet: Cadeau de Pâques Mar 6 Avr 2010 - 21:45 | |
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Dernière édition par LoRyn le Mer 7 Avr 2010 - 11:54, édité 1 fois | |
| | | Junjun
Nombre de messages : 6771 Age : 32 Localisation : Toulouse/Albi Date d'inscription : 13/12/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mar 6 Avr 2010 - 22:03 | |
| Buahahaha Ryn est trop adorablement et mignonnement attachant ♥ et la bestiole à ventouse aussi x) même si on l'aurait mieux vu à l'endroit Ryn.... n_n
Qu'est ce que fabrique Jericho derrière Oo ... ?
Oh et tes deux histoires sont magnifiques O_O J'ai été impressionnée par l'ambiance, la qualité des scènes et de la narration. Vraiment, fais en d'autres, j'ai hâte de voir ce que ça va donner *o* | |
| | | So'VR
Nombre de messages : 2375 Date d'inscription : 30/07/2008
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mar 6 Avr 2010 - 22:06 | |
| Héhé. J'aime bien tes photostory. Et que de détails en arrière plan ! | |
| | | nathy1317
Nombre de messages : 7289 Localisation : Pessac mais mon cœur est resté au Japon Date d'inscription : 08/01/2008
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mer 7 Avr 2010 - 4:41 | |
| - LoRyn a écrit:
...Si c'est l'histoire, l'analyse psy est hyper intéressante et j'avoue y avoir retrouver la peur commune au sujet des poupées : Celle qu'elles ne deviennent vivantes (et pas forcément pour nous tuer) EDIT : également, la beauté des BJDs fait que tu n'as qu'une envie, c'est de les parer des plus belles choses et la beauté des gens finit par paraitre fade..
- Spoiler:
Cette histoire aborde le thème central du processus de l’idéalisation, ainsi que son rôle dans la vie psychique de l’individu en tant qu’intermédiaire entre le stade narcissique et œdipien.
Les métamorphoses de l’idéalisation.
Le moment où il s’aperçoit que le mannequin a pris vie marque le début de la métamorphose. La métamorphose de la statue devient une sorte d’idéal à atteindre et prend le contre-pied du discours illusionniste sur la création artistique. L’instant du prodige où Mehrdâd s’aperçoit que sa statue a pris vie est marqué par une double métamorphose : celle de la statue bien évidemment, mais également celle de Mehrdâd, saisi par ce prodige. La notion de métamorphose fait référence à un changement de forme, à l’effacement d’un être remplacé par un être – ce qui rejoint également l’une des définitions de l’idéalisation. Cette dernière attribue à un objet des qualités qui n’existent que dans le regard du sujet et le transforment totalement. Au travers de ce processus, l’objet subit une métamorphose correspondant au désir du sujet. L’existence de Mehrdâd est, avant sa « rencontre » avec la poupée, essentiellement terne : il vit sans épouse, dans une solitude étouffante, et ne semble avoir aucune distraction. Cependant, l’achat de la poupée lui permet d’acquérir une beauté parfaite qu’aucune femme ne détient, et tombe amoureux d’ »elle ». Il l’a considère d’ailleurs comme un vrai personnage : il lui prend les mains, lui donne des baisers et s’imagine qu’ils sont rendus, lui parle…
Cette histoire pose alors les questions suivantes : qu’idéalise-t-on ? A partir de quoi ? Que porte-t-on vraiment au rang d’un modèle, d’une essence supérieure ? Comment arrive-t-on à idéaliser ? Quelle est l’origine de l’idéalisation ? Quel « gain » représente une telle élaboration psychique ?
L’idéalisation en tant que purification du désir.
Mehrdâd se voue à l’admiration de cette statue par dégoût et mépris de la gent féminine. Animé et enivré par un désir « pur », on remarque chez lui un austère détachement de l’objet, une distance orgueilleuse par rapport à tout ce qui est taxé d’impur. Il semble stimulé par un désir de purification des souillures, par une quête de dépassement des valeurs et des plaisirs communs. On peut interpréter cela comme une incapacité à affronter la femme réelle : « Il vivait sans épouse, célibataire« . Mehrdâd poursuit la chimère de la possession de l’objet de ses rêves. Il veut transformer son rêve en réalité. Dans ce but, il refuse la quête du désir, avec les risques qu’elle comporte : connaître une déception, accepter sa propre jalousie et le fait que l’objet aimé a lui-même un autre objet de plaisir, la rage que l’objet soit différent de l’image projetée sur lui, la souffrance que ce conflit interne peut entraîner… Mehrdâd semble refuser les plaisirs les plus simples et communs pour s’enfermer dans une « bulle » idéalisée.
Idéaliser signifie projeter sur la réalité « laide » la beauté d’une représentation interne.
Mehrdâd ne peut pas investir un objet réel ; il ne peut croire qu’une femme réelle pourrait avoir des traits communs à l’image interne idéalisée. Il préfère se donner un objet fait à l’image de la représentation qu’il porte à l’intérieur de lui, auquel il interdit d’avoir des correspondances avec l’extérieur. A toutes les femmes réelles, il manque quelque chose qui pour Mehrdâd est essentiel, vital. Il refuse de renoncer à un objet, il refuse aussi de déplacer son investissement originel vers un autre objet extérieur (sa fiancée).
Idéaliser, c’est imposer à l’objet une synonymie avec un objet interne.
La possibilité du déplacement reste minimale chez Mehrdâd. L’objet désiré doit être analogue, même synonyme de l’objet interne, originel. Si cet objet est finalement créé, il amène par sa présence le risque d’une euphorie permanente. En conséquence, l’objet sexuel n’a pas le statut d’un objet refoulé mais la persistance d’une image excitante. Quel pourrait être le bénéfice d’un tel état ? On émet l’hypothèse que l’amoureux est dans la situation de parler seulement de son objet de préférence ; tout ce qu’il ressent étant lié à l’objet. Il parle ainsi toujours de l’autre et jamais de ses propres pulsions. Le sujet évite d’être confronté directement à cet aspect animal de son être.
Idéal et image du partenaire sexuel chez l’animal.
La passion de Mehrdâd ne peut être déclenchée que par une image avec certains traits bien définis. Si on prend avec Lacan l’exemple du comportement instinctuel de l’animal, on voit là aussi l’importance de l’image. En effet, il existe un Gestalt (forme) qui déclenche le comportement sexuel chez le mâle ou la femelle. Le sujet s’identifie littéralement au stimulus déclencheur. Le mâle est pris dans un processus basé sur la dynamique de la relation qui s’établit entre lui-même et l’image qui commande le déclenchement du cycle de son comportement sexuel. Cet attachement à une figure intérieure est issu de la fixation narcissique à cette image, car c’est elle seule qu’il attendait (même s’il existe des possibilités de déplacement). Dans un premier temps, Mehrdâd semble ne plus attendre de trouver dans le monde extérieur l’objet qui déclenchera sa passion. Il a acheté la femme qu’il désire à l’image de sa représentation interne, et, n’attendant rien du monde réel, il engendre lui-même le seul objet qui puisse l’attirer.
L’idéalisation immobilise l’objet.
Par l’achat d’un objet inanimé, un objet qui répond à tous ses désirs liés à la perfection et à la beauté, Mehrdâd essaie de figer, de rendre éternel ce qui est vivant en lui et en l’autre, de créer un monde monolithique qui a toutes les apparences de la mort. L’idéalisation fige la mouvance et le devenir au niveau de l’apparence et pense avoir trouvé le moyen d’échapper à la dégradation et à la mort.
Cependant, dès qu’il fait appel au sens tactile, Mehrdâd bute sur la dure froideur de cette « femme » idéale. Si l’on se réfère aux trois figures du féminin dégagées par Freud dans son texte « Le motif du choix des coffrets », Mehrdâd privilégie la dernière, c’est-à-dire la mort. La figure de la femme froide, inanimée peut se comprendre dans la perspective de la femme qui le rejette sur le mode passif plutôt qu’actif. D’un point de vue oedipien, on peut supposer qu’en vue de refroidir ses propres pulsions, Mehrdâd cherche à se protéger en construisant cette figure d’une mère froide et qui le rejette.
L’idéalisation comme refus de la réalité et du manque.
L’idéalisation va également de pair avec une dévalorisation de la réalité. La terreur de Mehrdâd est qu’une femme puisse ne pas être conforme à ce qu’elle doit être pour lui ; conforme au désir de son possesseur-maître. Accepter la réalité de l’autre signifierait accepter le manque et la séparation. Mais l’idéalisation vise à créer un état conflictuel d’où le manque serait absent. Elle enferme le sujet dans la fascination pour un leurre, qui instaure une dépendance proportionnelle à l’espoir qui a été placé en lui. Par ailleurs, ce procédé ne permet pas la mobilité des investissements et du questionnement. L’idéalisation est le garant que le moi peut posséder un objet qui ne l’écarte pas de son état antérieur, elle est le refus d’un manque au nom du maintien d’une stabilité première.
L’objet idéal n’oppose aucune différence.
Comme tout passionné, Mehrdâd présente tous les signes d’un amour plus puissant que lui : impatience, compulsion à se rapprocher de cette mannequin, à la contrôler, à se l’approprier. Il a tendance à centrer sa vie autour d’elle, à lui sacrifier tous ses centres d’intérêt. En tant qu’objet inanimé, elle n’oppose aucune résistance, aucune différence. Elle n’a donc elle-même ni désirs, ni subjectivité. En tant qu’objet idéal, elle n’existe que par et dans les pensées de Mehrdâd. Il existe un écart entre l’opinion freudienne selon laquelle la surestimation de l’objet est associée avec le sentiment d’infériorité. L’amour de Mehrdâd semble inclure la surestimation de la femme mais non pas une infériorité par rapport à elle (son narcissisme n’est pas diminué par le sentiment amoureux). Aux nuances narcissiques de cette relation s’ajoute un élément opposé : le besoin de donner, sans calcul ni attente de retour.
L’idéalisation est un investissement narcissique de l’objet.
Ce qui intéresse Mehrdâd est la possession narcissique de l’objet (au travers l’affirmation de sa toute-puissance, ou encore de par la beauté unique et la perfection de la poupée). L’idéalisation règle la relation du sujet avec la dimension narcissique de l’objet. La relation narcissique entre le sujet et l’objet permet au premier de pouvoir vivre le plaisir. Le lien s’établit avec la partie investie narcissiquement de l’autre, partie qui a une valeur substitutive, qui donne l’illusion d’une relation avec un objet originel (sa fiancée).
Dans ce sens, l’idéalisation permet d’établir un rempart contre la souffrance originelle de la perte. Elle procure un état qui réconcilie le sujet avec l’exil du paradis ; elle permet de retrouver une relation avec la femme sans la présence d’un tiers. L’objet présent est supposé être une réplique parfaite de l’image intérieure. Il est donc un objet qui comble l’attente, ou mieux, crée l’illusion, dans le présent, d’une attente réalisée
L’idéalisation est aussi un désir d’emprise.
S’il existe une demande de la part de Mehrdâd, elle semble figée par le désir d’emprise sur la partenaire. Ce qui manque à cette relation est l’espace d’une réciprocité. La femme idéalisée est écrasée par les projections de l’homme. La propre participation de l’autre, sa libre disposition sont submergées par l’idéal projeté. Cela pourrait être le sens de la relation de Mehrdâd et de sa bien-aimée figée en porcelaine : la femme n’a qu’à se soumettre à un schéma préétabli. L’idéalisation de l’objet nie donc toute acceptation de l’autre de l’autre tel qu’il est. Dans ce sens, Mehrdâd ne peut pas accepter la métamorphose de la statue.
L’échec de la sublimation ?
Tout semble montrer qu’à partir du moment où il s’éprend de ce mannequin, Mehrdâd perd progressivement contact avec la réalité. Il a créé l’illusion parfaite d’un corps de femme, rejoignant ainsi son idéal féminin, opposé à ce que représentent les femmes d’aujourd’hui.
Son délire « érotique » se manifeste en plusieurs étapes :
- Dans un premier temps, l’hésitation entre illusion et réalité
- puis l’illusion complète
- une fois l’illusion installée, Mehrdâd se comporte avec ce mannequin comme avec une personne vivante, lui parlant comme à une femme aimée
- il lui offre d’abord des petits cadeaux puis des présents de plus en plus précieux
Du point de vue psychanalytique, disons que ce délire semble montrer l’échec du projet de Mehrdâd : sublimer le désir sexuel, ou la libido incontrôlée des jeunes garçons.
Oui je parlé bien du texte de Mehrdâd. Je ne peux pas revenir sur toute ton analyse, qui pourtant est dans son entier des plus intéressante. Je rebondirais juste sur deux choses : ‟Idéaliser signifie projeter sur la réalité « laide » la beauté …” je suis entièrement d’accord avec toi sur cette définition, et c’est justement pour ça que, par contre, je ne suis pas tout à fait d’accord sur ‟L’idéalisation en tant que purification du désir”. (Je le comprends bien, appliqué à Mehrdâd) mais dans un sens plus général, je pense au contraire que l’idéalisation pollue le désir. Pour moi le désir doit rester quelque chose d’instantané, d’instinctif, sans barrière ni arrière pensée. L’idéalisation étant elle, au contraire, une pensée réfléchie, aboutie, qui fait que l’on ne découvre plus ce qu’il y a à voir mais plutôt ce que l’on veut y voir, entrainant une forme de narcissisme.
En tout cas merci pour ce beau sujet, j’avoue y avoir déjà réfléchi. D’autant que mes 5 grands sont des représentations de personnages réelles avec qui j’ai (depuis) sympathisé (plus particulièrement avec deux d’ailleurs, et un troisième cet été) et qui suivent l’évolution mes dolls (◕‿◕。) … En tout cas, même si elles ont certains de leurs traits de caractères et que j’adore mes dolls, je ne les vois pas, comme les vrais. Bon est pour en revenir (plus terre à terre ) à ta dernière story j’ai bien ri pour la coupe à la Kate Moss Et puis mon pauvre Ryn les efforts ne sont pas toujours récompensés; mais même s’il est à l’envers, que d’application de ta part Par contre fait gaffe à Jericho je crois qu’il va te refaire à déco à l’encre de chine !!!Edit: Je te réponds par MP pour ne pas saturer ton post (^‿^)
Dernière édition par nathy1317 le Mer 7 Avr 2010 - 15:58, édité 1 fois | |
| | | LoRyn
Nombre de messages : 1180 Age : 46 Localisation : Lyon Date d'inscription : 01/02/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mer 7 Avr 2010 - 7:54 | |
| En fait, l'analyse n'est pas de moi..(aurais dû mettre la source) ‟L’idéalisation en tant que purification du désir” : je pense qu'ils entendaient par là, du fait de préciser le désir..sans fioritures. - nathy1317 a écrit:
- En tout cas, même si elles ont certains de leurs traits de caractères et que j’adore mes dolls, je ne les vois pas, comme les vrais.
qu'entends tu par là ? Jer' semble s'ennuyer en attendant son entrée en Etagère.. Il joue avec tout ce qu'il trouve.. | |
| | | momoka
Nombre de messages : 1761 Age : 46 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 11/03/2008
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mer 7 Avr 2010 - 11:00 | |
| T'es active en ce moment,dis moi !! Et j'ai beaucoup aimé l'étude que tu as mise pour accompagner tes 2 dernières story. - LoRyn a écrit:
‟L’idéalisation en tant que purification du désir” : je pense qu'ils entendaient par là, du fait de préciser le désir..sans fioritures. ; à mon avis ils le comprennent plutôt comme le fait d'enlever son caractère spontané, animal du désir, ce qui pour eux semble être un bien et pour nathy1317, une pollution,un narcissisme. Et pour moi aussi.Bref,on va peut être pas polluer ton topic plus longtemps, parce qu'avec la philo. on peut blablater sans fin ^^ Pour la dernière story, j'adore le coup de la frange à la Kate Moss (j'ai la chanson en tête pour toute la journée,maintenant!! ). Et je rêve ou Domiti tient de mieux en mieux debout?? Je l'aime bien avec la wig noire! Et Jericho serait il un artiste méconnu?? | |
| | | LoRyn
Nombre de messages : 1180 Age : 46 Localisation : Lyon Date d'inscription : 01/02/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mer 7 Avr 2010 - 11:14 | |
| Ah non non ça me dérange pas qu'il y ait un débat sur cette ps.. au moins elle aura servi... Domiti ne tient pas du tout bien debout! C'est horrible! Il a les jambes toutes flasques ! (d'où la courbure sur la photo).. J'ai beau le stringuer, rien à faire! Je comprends mieux certaines choses! ou alors chuis pas douée. Les doubles joints jouent sacrément contre moi...ils aident pas du tout pour la stabilité. | |
| | | momoka
Nombre de messages : 1761 Age : 46 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 11/03/2008
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mer 7 Avr 2010 - 11:59 | |
| - LoRyn a écrit:
Domiti ne tient pas du tout bien debout! C'est horrible! Il a les jambes toutes flasques ! (d'où la courbure sur la photo).. Bin ça se voit pas vraiment sur les photos, moi je trouve! Courage, tu vas y arriver à faire entendre raison à ces fichus élastiques!! | |
| | | Belin
Nombre de messages : 9577 Age : 50 Genre : Âme du Crépuscule Date d'inscription : 27/05/2007
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Mer 7 Avr 2010 - 23:01 | |
| J'ADDOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOORE TOUJOURS AUTANT !!! C'est si toucahnt et surtout toujours tellement incroyablement réaliste ! | |
| | | angrychan
Nombre de messages : 772 Age : 43 Localisation : Dans ma bulle Date d'inscription : 05/01/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Jeu 8 Avr 2010 - 22:17 | |
| Qu'il est adorablement chou ce petit ^^ Toujours autant de joie à regarder tes photostory | |
| | | Ceres
Nombre de messages : 4285 Age : 37 Localisation : Bordeaux (Ludon Médoc) Date d'inscription : 31/10/2008
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Jeu 8 Avr 2010 - 22:29 | |
| Tout pareil que AngryChan! Un régale de te lire! | |
| | | LoRyn
Nombre de messages : 1180 Age : 46 Localisation : Lyon Date d'inscription : 01/02/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Jeu 8 Avr 2010 - 23:27 | |
| Perso je trouve que ça fait un peu gnan gnan, enfant à sa mémère. Il a quand même sil a 3 ans. | |
| | | Isumi
Nombre de messages : 492 Age : 29 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 04/08/2009
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Ven 9 Avr 2010 - 12:04 | |
| Wouahh ! J'aime beaucoup cette histoire =) Vivement que le mien arrive !! (Un Linfeng ) | |
| | | momoka
Nombre de messages : 1761 Age : 46 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 11/03/2008
| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs Ven 9 Avr 2010 - 12:17 | |
| - LoRyn a écrit:
- Perso je trouve que ça fait un peu gnan gnan, enfant à sa mémère. Il a quand même sil a 3 ans.
De qui tu parles ? De Ryn ou de Jericho ? | |
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| Sujet: Re: [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs | |
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| | | | [A VERROUILLER] Les petites souris, des vies de BJDs | |
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