Topic commun / Manque de tact, délicatesse légendaire [P.59]

The Escape is....

C'était un jour de pluie. Je crois que j'ai eu un instant de lucidité cette fois là, ou alors peut-être était-ce à cause de mon oreiller trempé qui me rappelait les nuits où je pleurais. Quelle que soit la raison, je m'étais décidé à les quitter. C'était un coup de tête, alors je n'étais que peu vêtu et sans chaussures, mais cela ne m'avait pourtant pas arrêté. Je quittais alors le palais qui m'avait abrité jusqu'à maintenant.


Mais comment voulez-vous qu'un petit Lord qui passe ses journées assis puisse être endurant sous une pluie battante et à demi-nu? Pensez-vous que j'y eus réfléchis? Non, évidemment. Je tombais.


Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, alors que je n'avais pas songé à cette fuite jusqu'à présent, j'eus la force de me relever. Peut-être était-ce la détermination? Mais, en avais-je seulement...


Je m'étais relevé et je me hâtais. Il fallait que je trouve un endroit isolé pour que personne ne me voit faire ce que je m'apprêtais à faire. Ouvrir la brèche de cette dimension nécessitait plusieurs mages, mais je n'avais besoin que de mes deux mains pour la percer. Je n'étais pas ici pour rien après tout, j'étais évidemment capable de me débrouiller seul.


Et pourtant, je n'arrivais toujours pas à me tenir sur mes deux jambes. Comment moi, un si puissant magicien pouvais-je tomber aussi facilement? C'était ridicule! Mais mes jambes tremblaient comme jamais et je sentais mes muscles se flétrir. Que pensiez-vous qu'il s'agissait selon vous? La peur, évidemment. J'étais terrifié de quitter cette endroit. J'étais comme drogué et dépendant de cette adoration mensongère. Et quitter ce monde me procurait une peur que je ne pourrais jamais décrire.


Et quand je me relevais miraculeusement pour la seconde fois, des voix me parvinrent. Mes yeux s'écarquillèrent comme jamais. Mes oreilles semblaient emprisonnées par des bulles d'eaux et mon cerveaux remuait. Les couleurs mortes de ce jour de pluie ondulèrent sous mon regard pétrifié et se mélangèrent. Je me relevais, regardant alors dans la direction de ces voix...


Quand je les vis courir vers moi, leur visage étaient aussi déformés, comme s'ils portaient des masques. Mon état actuel me permettait-il de voir l'hypocrisie de ces personnes se matérialiser? J'avais l'impression de voir leur vraies personnalité. Leurs orbites étaient noires et sans yeux et leur sourires s'étendaient jusqu'à leur pommettes. Quelle horrible vision. Je n'arrivais plus à bouger. Pourtant je pouvais parfaitement les figer ou n'importe quoi d'autre. Je pouvais ouvrir la brèche sur place ou courir à toutes jambes. Mais non, je restais sur place. Comme si je savais très bien comment cela allait se terminer, je regardais derrière moi, ma gorge se nouant et sentais mes lacrimas me monter.


Alors, je me résignais. Les bras ballants, j'attendais qu'ils arrivent vers moi. Mais parmi ces personnes, un seule gardait son visage intacte. Elle devait être la seule à avoir une certaine vraie inquiétude pour moi
"Seigneur! Que faites-vous donc! Vous allez attraper la mort à rester sous la pluie pieds nus! Allons, hâtons-nous de rentrer"
Comment s'appelait-elle déjà? Je ne me souviens plus. Dans mes souvenirs elle n'était pas restée très longtemps non plus, peut-être est-ce pour cela. Anne peut-être? Non, ce n'était pas aussi court...Zut.
Les autres se battaient pour avoir le droit de me porter. Ils étaient pathétiques à vouloir mon estime. Je les haïssais déjà tellement.


"J'arrive..."
Avais-je simplement dit. Je les suivais donc, marchant lentement vers ma "demeure". J'étais pitoyable. N'était-ce pas une sorte de maladie addictive? Quelle honte j'étais...


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C'était un jour de pluie semblable à celui-ci. Gris, morose. Et pourtant, j'aime la pluie. Je l'aime car j'adore croire qu'elle pleure pour et avec moi. Je l'aime car elle me rappelle mes pêchés, elle me rappelle que j'ai un passé et qu'il ne s'effacera jamais. Je l'aime car elle est reine d'elle-même, elle est libre et belle. Ce jour là est un crime. J'ai commencé quelque chose mais je ne l'ai pas finie. J'ai tenté quelque chose mais je l'ai échoué. Ce jour pluvieux me rappelle que je suis un lâche et j'ai appris à m'accepter malgré tout. Voilà pourquoi j'aime la pluie.


"Ah! Isaac! Qu'est-ce que tu fais! T'as vu le temps qui fait dehors!? Tu vas attraper la mort, rentres!"
"...."
"Oui?"
"Non rien, j'arrive"



...missed.