[LR Jelle] Elliott (p.28)

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{ Soldier . Eyes }

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« I've seen inside the devil's dreams where young men die
And graveyards open up their arms for mothers left to cry.
I have seen the bleeding and I hate what we've done
But just like every other fool I'll keep marching on... »

- | MUSIQUE | -






Raphaël - Souvenirs du 14 Février 1936.

Je me souviens de cette fois. Cette toute première fois. Celle où Claymore m'est apparu sur les marches du parvis. Je venais de mourir, et je l'ignorais encore. Je ne voyais pas la blessure qui se dessinait peu à peu à la droite de mon crâne. J'avais un étrange goût de fer sur la langue, cela me donnait envie de la suçoter. Je ne sentais pas les os brisés qui peuplaient désormais mon corps. D'ailleurs, mon corps, où était-il ? Je plisse les yeux. J'essaye de tourner la tête, mais ça m'est impossible. Je reste le regard rivé sur cet étrange personnage qui vient d'apparaître devant moi. Il s'approche. A portée de bras, de main, de doigts. Je suis surpris par sa taille, mais il s'accroupit à ma hauteur. Je peux discerner son visage, plutôt fin et délicat, mais le peu que j'entrevois de ses iris me file un frisson glacé le long de l'échine. Il fait froid. J'ai l'impression que toute cette froideur est apparue en même temps que lui. Claymore bouge, lève sa main pour poser son index sur ses lèvres. Silence. J'avais ouvert la bouche sans m'en rendre compte, et la referme alors aussitôt. Puis, de ce même index, il me désigne quelque chose à ma droite. Je dois faire tous les efforts du monde pour suivre cette main. Mes yeux suivent la ligne de sa veste, scrutent les veines de sa main pâle, s'accrochent une dernières fois à ses doigts avant de sauter dans le vide. Les marches. Puis les dalles de la route. Des chaussures sombres. Des gens qui s'agitent. Deux roues brisées et quelqu'un qui peste. Serait-ce une femme que j'entend s'affoler ? Son compagnon à l'air de l'éventer en tout cas, puis de la mener à l'écart. Je distingue un uniforme bleu marine, celui d'un écolier. Une pomme au bout de son bras, serrée dans sa main à en planter ses ongles dans la chair verte. Des cheveux blonds. Serait-ce moi ? Je lance un regard interrogateur à l'étranger. Mais lui continue de regarder sans émettre le moindre bruit, ou exprimer la moindre expression. Son visage à l'air si tranquille. Si paisible. J'aimerais bien être dans cet état de tranquillité moi aussi... Ah ça, pour faire une bonne impression dès le départ, il a réussi ! Mais l'image que je garde de moi est nettement moins glorieuse. Écrasé par l'une de ses voitures à vapeurs dernière génération, que mon père qualifiait d'engin du diable. Je revois mon propre visage barbouillé d'un sang noirâtre mêlé à la boue. Il faisait vraiment un temps à ne pas mettre le nez dehors. Je savais que je n'aurais pas dû sortir. Voilà où j'en étais. A attraper l'écharpe de ce grand type muet, pour essayer de retrouver son regard. Il a eut l'air surpris. A vrai dire, j'avais craint que mes doigts ne se referment sur du vide, mais visiblement non. Claymore était bel et bien là. Je pouvais le saisir. Sentir son souffle lorsqu'il respirait. J'aurais presque cru à des battements de cœur, mais c'était plus par mécanisme de défense que par réelle écoute. Il est resté un moment à m'étudier, et moi à le dévorer des yeux. Et soudainement, d'une voix brisée comme si elle n'avait pas parlée depuis des lustres, il m'a dit...

" Claymore ? Tu es encore en train de fouiller dans ma tête. "

Il tourne son visage vers moi, et m'adresse ce sourire nonchalant. Je l'ai pris en faute. Encore.
Il glisse sa main dans mes cheveux blonds. Si j'étais un chat, nul doute que je ronronnerais de ce contact.
Je referme les yeux. Je sais qu'il a déjà replongé dans mon esprit. Claymore fait toujours ça quand il est triste.
Parfois, même la Mort exprime quelques regrets.

* * *

Oulala, deux messages en moins d'une semaine ?
C'est la faute à Nekomoi. Les photos sont de lui d'ailleurs. <3
Un jour, je trouverais une tenue à Clay. Et je prendrais Raphael en photo.
Merci d'avoir regardé.