De la place des femmes dans la société.

Ce que je trouve malheureux, c'est qu'au bout d'un moment... à force de "banaliser" les agressions et culpabiliser les femmes sur leur tenue / allure / cheveux / bouton sur le nez qui donnent envie de les violer, j'en viens à penser aussi bêtement que certains.

Hier soir, 22H, je vois une jeune femme, plutôt mignonne, marcher dans la rue dans un coin pas très recommandé, en mini short, la seule réflexion qui m'est venu c'est "celle là elle cherche la merde"...

Alors qu'elle a le droit de s'habiller de la façon dont elle veut, surtout vu la chaleur, sans pour autant vouloir qu'on la viole ou inciter tous les enfoirés à lui faire des réflexion plus que déplacés.

Finalement on n'a pas dépassé le conte du petit chaperon rouge... on le vit à l'heure moderne et il risque encore moins d'y avoir un bûcheron pour venir à notre secours -_-

Mumb@ c'est malheureusement vrai. D'ailleurs le premier réflexe de Tandoori a été de préciser qu'elle ne provoquait pas par une tenue particulièrement aguicheuse...

Franchement, je m'estime heureuse parce que ce type de réflexions, j'en ai jamais. Alors y a plusieurs causes possibles :
- je les entends tout simplement pas. C'est possible, je suis du genre dans la lune quand je marche.
- je suis pas du genre souriante, ptêtre que je fais tellement la gueule que ça les dissuade direct
- je ressemble ptêtre à un mec.
- les mecs de ma ville sont peut-être incroyablement civilisés et sensibles à la cause des femmes.

Non sans rire, je pense plutôt à la première ou deuxième solution. Je sens les regards, mais ils ne vont jamais jusqu'à la remarque.

En revanche, depuis quelques années je marche avec la peur au ventre dès que je croise un homme, et je ne sors plus mon chien quand il fait nuit. Un soir, quand j'habitais à Angers, alors que je sortais mon chiot de 4 mois, habillée comme à mon habitude avec un sarouel et un manteau bariolé (et avec 15 kilos en trop accessoirement), un mec s'arrête en voiture. J'ai le droit à un "bonsoir", innocemment je m'arrête, le pensant perdu. Là il enchaîne avec une remarque déplacée, je ne me souviens même plus quoi. J'ai tout de suite fait demi-tour, sans même regarder derrière moi. Sauf que pas de bol, le type m'a suivie, est arrivé avant moi devant mon immeuble, et m'attendait en bas. Et là, tu te sens juste comme une proie traquée qui se retrouve au pied du mur. Je n'avais pas mon téléphone sur moi, donc pas de moyen de demander à mon copain de descendre me chercher. J'aurais pu me sentir rassurée par la présence de mon chien, sauf qu'à 4 mois il ne comprenait pas grand chose à ce qu'il se passait. Au final j'ai réussi à passer devant le mec en courant, à vite refermer la porte de mon immeuble et à rentrer chez moi, tremblant comme une feuille. Depuis, je ressens un peu de cette peur chaque fois que je vois un homme pas loin et que je suis seule dans la rue, surtout dans un endroit où y a pas grand monde.

Je trouve ça tellement révoltant, de se retrouver avec la peur au ventre comme ça, que ce soit d'une agression ou juste d'une remarque. Franchement, ça me met dans une colère de fou, et Tandoori, à ta place j'aurais posé mon sac de courses et je lui sautais à la gorge au gamin. Je suis bien contente de ne pas me prendre de réflexions, parce que je crois que je pourrais pas m'empêcher de réagir et je m'attirerais des ennuis encore pire.

Pareil pour toi Pandalilou, comment as-tu fait pour ne pas sortir de tes gonds face à un tel comportement ?

Par rapport à ce que tu dis Mumb@, ça me fait penser à ma propre expérience, je vis dans un quartier qui craint pas mal, ben même par très forte chaleur, jamais je n'oserais sortir en short de chez moi. Ça tient aussi du complexe, mais surtout de la peur de me faire emmerder. Du coup je met une grande robe légère qui descend jusqu'aux chevilles, et c'est foutrement pas normal que je m'y sente obligée.

Citation :

Avisant ma gamine de 2 ans endormie sur moi, il ajoute "amène la petite, on lui trouvera une utilité".

J'en ai l'estomac retourné. Ya vraiment des gros gros gros malades...

Bon, du coup, j'amène aussi mes petites expériences: entre le prof d'école qui te retient un peu trop longtemps contre lui quand tu lui serre la main pour dire au revoir, le prof d'école de conduite qui mettait sa main sur la mienne un peu trop longtemps quand je changeais de vitesse, le type qui te mets la main aux fesses, le type qui ralentit en voiture parce qu'il croit que t'es une prostituée (j'étais bien dans le quartier de ce type de commerce, mais une peu plus tôt dans la journée et avec un pantalon et un t-shirt ample, rien d'affriolant), bref, TOUTES ces situations sont des situations de trop.
Quand j'étais ado et post-ado, je n'osais rien dire, un peu comme le cerf appeuré par les phares de la voiture, j'étais trop surprise par ce genre de comportement (je suis déjà bien timide à la base, je me suis soignée un peu depuis), maintenant, faut pas me chercher!
Après, si la drague reste polie et sympa, je reste polie et sympa aussi, mais dès que ça descend la pente du malpoli/dégueu/affreux, je suis aussi malpolie/dégeu/affreuse...

Edit: pourquoi la citation ne sort-elle pas comme il faut?

parce qu'ya un / en trop au début

Merci!!!! ^_^

pandalilou a écrit:

Ah nan mais je crois que tu ne visualise pas...
Demander sa route ? l'heure ?
Mais ça peut être simplement l'ouverture pour lâcher une grosse saloperie.

Ah ça...
Maintenant lorsqu'on me demande l'heure dans le métro/rer, j'ai toujours l'impression qu'on va me sortir une grosse saloperie juste derrière...
Et c'est franchement déprimant de me dire qu'à force de voir des gens avec un respect proche de zéro je colle tout le monde dans le même panier.

Et pour la réflexion de Mumb@, malheureusement je pense que ce n'est pas quelque chose qui s'arrange avec le temps. Parfois, il m'arrive de demander à l'homme en m'habillant/maquillant "ça fait pas un peu trop?". Et lui de me regarder bizarrement en me balançant un "un peu trop quoi?". Car pour lui il y a rien de provocant à mettre une jupe courte mais, pour moi à force d'entendre tout et n'importe quoi je me pose des barrières qui n'étaient pas là avant.

Mouarf, j'ai essayé une ou deux fois de parler de ce genre de sujet avec mon compagnon, notamment pour lui faire comprendre qui oui, moi aussi j'avais eu droit à des remarques de ce goût et que oui, je flippe facilement lorsque je croise un mec et que je suis seule.

Moralité à chaque fois ça part en prise de bec parce que môssieur ne veut pas que je fasse de généralité sur les hommes (oh my god, je préfère me méfier à chaque homme qui m'adresse la parole) et qu'il trouve que les féministes veulent la supériorité de la femme sur l'homme (ouiiiiiiii bien sûr mon chou, je te fais la gueule tout de suite ou maintenant?).

Je me dis qu'il ne calcule vraiment pas ce que ça fait que d'être une nana seule dans une grande ville. Parce que de mon expérience personnelle, ça ne m'est arrivé QUE dans des villes. Dans les villages, jamais.
Certes lorsque je circule avec lui bizarrement ça ne m'arrive pas. Ben tiens!

Mais c'est vraiment pas normal que je sois tranquille parce que je me ballade avec mon seigneur et maitre. Parce que au final c'est l'impression que ça me donne, d'avoir la paix parce que je suis casée et j'ai la décence de ne me montrer qu'avec lui, ouf l'honneur est sauf, elle est tenue cette fille, on va pas l'emmerder. Par contre si elle est seule, on peut tout ce permettre. Génial, non?

Ta réflexion Follow-the-Wind sur le fait d'être tranquille que lorsqu'on a son homme à côté me fait penser à une mésaventure qu'on a eue avec chéri.

Pour remettre les choses dans le contexte, mon homme a les cheveux longs et il était environ minuit. On se promène dehors avec la chienne et arrive ce qu'il devait arriver, des mecs en voiture nous sifflent en nous insultant et autres joyeusetés.

Ils finissent par se garer et venir jusqu'à nous à pied. De là mon homme se retourne et balance un "il y a un soucis?". Je peux dire que je n'ai jamais autant eu envie de rire qu'en voyant la tête qu'ils ont fait en voyant un mec à côté de moi.

Mais, le problème est qu'en effet si je n'avais pas été avec chéri je n'aurai pas eu la paix aussi rapidement.

Follow-the-Wind a écrit:

et qu'il trouve que les féministes veulent la supériorité de la femme sur l'homme (ouiiiiiiii bien sûr mon chou, je te fais la gueule tout de suite ou maintenant?).

Le problème c'est que les feministes les plus grosses gueules t'expliquent que la situation de la femme vient du fait que l'homme est le dernier des pourris et qu'il ne mérite aucune gentillesse parce que les hommes sont la base du problème — 

je suis désolé mais oui, OUI, beaucoup de """féministes""" (et je mets les guillemets à raison) sont des misandristes, beaucoup pensent qu'il faut ridiculiser l'homme au possible "pour lui faire comprendre la place de la femme de nos jours"

J'ai eu ce genre de problèmes je ne sais pas combien de fois, j'ai osé pointer des discours vraiment effrayants (celui qui m'a marqué étant, "je m'en fous si les hommes se font violer, ça leur apprendra" HAHAHAHAHAHA pardon? — ou encore "une femme qui frappe son mari n'a rien de grave, mais l'inverse est impardonnable" OHOHOH PARDON???) et on m'a hurlé dans la gueule que j'étais un bon a rien qui ne comprennait pas qu'il ne fallait pas qu'il fallait violence pour que le message passe.


Jusqu'ici la majorité des personnes avec qui j'ai parlé de ce genre de sujet ne comprennent pas que ce n'est pas abaisser l'homme qui "elevera" le statut de la femme alors il faut que ça marche des deux côtés, qu'on retire ce piedestal pourri en faveur des hommes, qu'on file un escabeau a la femme ou que sais-je.


Alors oui je sais, je sais qu'être rageux comme ça, ça n'est pas être feministe, mais n'oubliez pas que c'est ceux qui gueulent le plus fort qui se font entendre le plus vite, et oui, c'est a cause d'eux que le feminisme est une notion qui reste floue ou passe de travers.


(un jour je vous raconterais, aussi, comme on m'a tej en m'insultant parce que j'ai osé demander, "mais les gars c'est quoi le feminisme en fait???")

Mouais enfin dire que les féministes sont des enragées parce que vous reconnaissez vous-même que les gueulardes se font entendre plus que les autres ça revient à dire que les musulmans sont tous des intégristes à cause des terroristes...

Un petit article : http://lemauvaisgenre.wordpress.com/2012/07/17/etre-feministe-avec-une-bite/

Ah et quand on parle des femmes, la notion bonne vieille notion d'hystérie n'est jamais loin.
http://lartetlamaniere.wordpress.com/2012/07/26/non-feminisme-nest-pas-un-gros-mot/

Je ne pense pas que ce sont elles qui se font entendre le plus, mais plutôt que l'inconscient collectif a le plus envie d'entendre pcq ça colle à l'image qu'on se fait du féminisme quand on ne sait pas de quoi on parle.

Zun, plus rapide que le vent.