Une année très glamour ! Nouveau ! Dernier épisode (p. 5)

Voici le deuxième épisode d'Une Année très Glamour où l'histoire commence véritablement avec des personnages nouveaux. Comme pour le précédent épisode, les illustrations sont faites de photomontages mais aussi de photos "réelles" non bidouillées : les deux qui sont prises dans ma roombox et la série de photos de mode en noir et blanc.

Casting pour ce chapitre :

• Maureen Doherty : Maree (Jigamaree/Bimong)
• Elimane Felton : Russell Williams (Tonner)
• Miranda Delmas : Mantilla (Sybarite en résine)
• Lucas Mallory : Aragorn (Tonner)
• Marianne Dupuis alias Peggy Harcourt (Tonner)
• Anaïs Leroyer : Urban Vita (Horsman)

J'ai trouvé amusant de nommer l'agence de mannequins de Miranda O.O.A.K, une expression anglo-saxonne très usitée chez les collectionneurs de poupées !

Bonne lecture !

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été fascinée par le monde végétal. Quand j'étais petite fille, dès que je trouvais un carré d'herbe, je me retrouvais vite à genoux, examinant la moindre plante et m'émerveillant de la perfection de chacun de ses détails. Peu de personnes regardent les mauvaises herbes, pourtant elles sont dignes d'intérêt : certaines sont comestibles, d'autres ont des vertus médicinales insoupçonnées.

Photo 01 : Maureen parmi les fleurs.



Donc, très vite, j'ai su que le seul métier qui me conviendrait plus tard, c'est celui de botaniste. Je rêve de parcourir le monde pour percer les secrets des végétaux et qui sait, découvrir des spécimens de plantes encore inconnus. Quand ma mère est tombée malade, je venais juste d'obtenir ma licence en Sciences de la Vie et je devais entamer un master qui me permettrait plus tard d'envisager une carrière dans la recherche. Compte tenu des circonstances, j'avais alors décidé de faire une année sabbatique pour prendre soin de ma mère, mais hélas, elle est partie plus rapidement que prévu !

Certes, je pourrais essayer d'intégrer l'année universitaire qui après tout, n'a pas débuté depuis très longtemps mais le cœur n'y est pas. Je décide donc de maintenir ma trêve d'une année. Il va falloir par contre que je trouve un petit boulot car selon l'expression consacrée, je ne peux pas vivre de l'air du temps !

J'ai rendez-vous aujourd'hui avec Anaïs, ma copine de fac : je l'ai rencontrée en première année et depuis, nous avons fait nos études en binôme. Nous bavardons, assises à la terrasse d'un café malgré le froid piquant de cette fin de novembre.

Photo 02 : Maureen et Anaïs à la terrasse du café.



- Alors, comme ça, tu m'abandonnes sans remords cette année ? Comment je vais faire sans toi ?
- Arrête de me donner mauvaise conscience, Anaïs, tu sais bien pourquoi j'ai besoin de souffler ! Et puis, franchement, tu as plein d'autres amis !
- C'est vrai, pardon ! Mais tu vas me manquer ! Sans ton aide, je ne vais rien comprendre en biologie !

Anaïs se fige soudain et se penche vers moi pour me glisser à l'oreille :

- Regarde discrètement sur ta gauche : il y a un type qui n'arrête pas de nous mater !
- Tu veux parler du jeune black avec un gros appareil photo autour du cou ? dis-je en jetant un coup d'œil.
- C'est ça, je suis sûre que c'est un pervers !
- Moi, je trouve qu'il a l'air plutôt sympa !
- Ouais, Adolf Hitler aussi était sympa quand il était étudiant aux Beaux-Arts à Vienne ! Et Landru, il était très poli avec les dames !... Oh, mais attends, il s'avance vers nous maintenant !

Le jeune homme me regarde droit dans les yeux et me demande :

- Est-ce que tu serais mannequin par hasard ?

Photo 03 : Serais-tu mannequin ?



- Qui ça, moi ? demandé-je, interloquée. Non, bien sûr !
- Ça te dirait de le devenir ? Je m'appelle Elimane Felton et je suis photographe de mode à l'agence OOAK. Si tu es intéressée, viens nous voir demain après-midi, dit-il en me tendant sa carte de visite.

Il me fait un grand sourire qui révèle une dentition digne d'une pub de dentifrice et me lance avant de partir :

- J'espère à demain !
- Non, mais qu'est-ce qu'il croit, ce type, s'indigne Anaïs, qu'il va nous appâter avec ses belles paroles ? Et puis d'abord, pourquoi il n'a fait la proposition qu'à toi ?
- Parce qu'il a repéré que tu es trop intelligente pour ce genre de métier ! rétorqué-je en pouffant.
- C'est ça, fiche-toi de moi ! Fais-voir la carte : une agence de mannequins qui s'appelle OOAK, c'est bizarre !
- Ce sont les initiales de "One Of A Kind", c’est-à-dire unique en son genre.
- Merci, j'avais compris ! Je ne suis pas si nulle en anglais ! Surtout, Maureen, ne t'avises pas d'y aller demain, sinon tu vas te retrouver en Turquie, dans un harem !
- Tu regardes trop de séries, dis-je en riant, mais ne t'inquiète pas, je n'irai probablement pas.

Je dis au revoir à Anaïs en lui faisant la bise, et sans qu'elle le voie, j'embarque tout de même la carte de visite du photographe.

Photo 04 : Les deux amies se disent au revoir.



De retour dans mon appartement, je me fais accueillir par Néfertiti qui se frotte à mes jambes en miaulant.

- Mais oui, ma belle, tu vas l'avoir ton repas ! la rassuré-je.

Elle file droit vers sa gamelle que je remplis de ses croquettes préférées. Après avoir réclamé aussi impétueusement sa pitance, elle mange maintenant délicatement, du bout du museau, l'air d'une princesse qui fait des manières !

Photo 05 : Le repas de Néfertiti.



Je regarde, amusée, la chatte un moment puis je rejoins ma chambre. J'ai envie de vérifier cette histoire d'agence de mannequins. J'allume ma tablette et fais quelques recherches. Je découvre que l'agence OOAK existe bien à l'adresse indiquée, rue de Turbigo, dans le troisième arrondissement. Elle est dirigée par une certaine Miranda Delmas, ex top model, associée à Lucas Mallory, ex mannequin lui aussi. Elimane Felton est bien mentionné comme photographe attaché à l'agence.

Néfertiti qui a terminé son repas, saute sur mes genoux pour réclamer une caresse.

- Alors, Titi, qu'est-ce que tu en penses ? lui demandé-je en la grattant derrière les oreilles. Est-ce que je me lance dans l'aventure ?

Photo 06 : Qu'en penses-tu, Titi ?



Je n'ai jamais été attirée par le métier de mannequin parce que je trouve qu'il illustre parfaitement l'idée de la femme-objet dont on valorise uniquement le physique au détriment de l'intelligence ou des compétences. Si Anaïs entendait ça, elle s'énerverait sûrement et me traiterait de féministe extrémiste !

D'un autre côté, je me dis qu'en général les boulots d'étudiant ne sont pas terribles. Je vais me retrouver à servir des frites à longueur de journée chez Mac Do et à empester la friture. Ou pire, à courir toute la journée comme une dingue pour emballer des colis chez Amazon. Après tout, je ne perds rien à essayer, et si j'ai le moindre doute, je ferai bien sûr marche arrière. Et surtout, je n'en parle pas à Anaïs qui va pousser des hauts cris si elle sait que j'y vais finalement.

Le lendemain après-midi, je me rends rue de Turbigo et trouve facilement l'agence OOAK qui est située au deuxième étage d'un immeuble bourgeois. Une fois devant la porte, j'hésite à faire demi-tour, puis finalement, j'appuie sur la sonnette. Une grande jeune femme brune très jolie et très maquillée m'ouvre la porte et me regarde d'un air interrogateur.

- Je cherche M. Elimane Felton, dis-je en bafouillant un peu.

Avant qu'elle ait eu le temps de me répondre, Elimane surgit d'une pièce en s'écriant :

- Oh, bonjour ! Je suis content que tu sois venue ! Mais au fait, je ne connais même pas ton nom.
- Je m'appelle Maureen Doherty.
- C'est un nom irlandais, n'est-ce pas ?
- Oui, mais je suis française.
- Et moi, je suis américain mais français d'adoption.
- Moi, j'ai un nom anglo-saxon, mais c'est juste un pseudo, ajoute la fille brune.
- Je te présente Peggy Harcourt, alias Marianne Dupuis, dit en souriant Elimane, notre plus vieille mannequin !
- Comment ça, vieille ? se vexe-t-elle.
- Je voulais dire la plus ancienne dans cette agence, essaie-t-il de se rattraper.

Photo 07 : Premières présentations.



Elimane me demande de le suivre et il frappe à la porte d'un bureau. Sans attendre la réponse, il entre avec moi et me pousse devant lui.

- Maureen, je te présente Miranda Delmas, la "boss" de l'agence et son bras droit, Lucas Mallory.

Puis, s'adressant à eux, il ajoute :

- Voici Maureen Doherty, la jeune fille dont je vous ai parlée.

Miranda est une femme d'âge moyen, élégante et sophistiquée. Quant à Lucas, il cultive un style décontracté qui lui donne beaucoup de charme. Tous les deux m'observent comme des maquignons devant une jument à vendre !

- Est-ce que tu es majeure au moins ? demande Miranda d'un ton aimable.
- Oui, j'ai vingt et un ans.
- Elle est trop petite, remarque Lucas, même si elle a un style avec ses cheveux rouges et ses taches de rousseur. Quels sont ta taille et ton poids ?
- Je mesure 1,65 m et je pèse 50 kg, enfin, je crois.
- J'aurais préféré 1,75 m ! s'exclame Lucas

Elimane prend ma défense :

- Tu sais bien que de nos jours, les critères de recrutement des mannequins ont évolué. On apprécie maintenant des filles qui ont un physique original. Kate Moss ne mesure qu'1,70 m et Devon Aoki qui a fait une grande carrière dans les années 1990 ne fait qu'1,65 m, comme Maureen.
- On peut faire un essai, intervient Miranda. Elle a un look naturel qui serait en phase avec la tendance actuelle, écolo, bio, végan, bref tout le discours vertueux que les médias nous assènent depuis quelques temps !

Photo 08 : On peut faire un essai !



- Elimane, fais quelques shootings avec Maureen, histoire de vérifier qu'elle est photogénique, on décidera après, ajoute-t-elle.

Elimane m'entraîne à sa suite dans le studio photo. En route, nous croisons quelques jeunes femmes qui me regardent avec curiosité. Peggy est encore là et me lance :

- Alors, tu es embauchée ?
- Pas encore, répond Elimane. Rends-moi un service, Peggy, regarde s'il n'y a pas dans la réserve une robe qui aille à Maureen. Je dois faire quelques photos.

Peggy me trouve une robe noire, légèrement trop large, mais qui me met plutôt en valeur.

Elimane me bombarde de clichés en me donnant des instructions précises sur les poses que je dois prendre. Je me sens maladroite et pas très à l'aise.

Photos 09 10 11 12 : Premiers shootings.









Enfin, à mon grand soulagement, la séance se termine. Je me change et dit au revoir à Elimane qui m'encourage d'un grand sourire.

- Nous te recontacterons d'ici peu, si Miranda est OK pour te prendre, et je suis sûr que ce sera le cas, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

Je quitte l'agence avec des sentiments mitigés. Je suis à la fois excitée à l'idée de m'introduire dans ce milieu qui suscite tant de fantasmes et contrariée parce que je m'apprête à devenir l'une de ces créatures futiles et frivoles qui, pour moi, sont l'antithèse de la femme libérée que je voudrais être.

Déjà un mois depuis le dernier épisode ! Il faut dire que j'ai été occupée par pas mal de projets dont celui de repeindre ma BJD Erica Snow et de l'habiller. J'ai aussi cousu de nouveaux vêtements pour Maureen et Elimane, ce qui m'a pris un peu de temps.

Malgré la météo un peu tristounette du dernier weekend, j'ai pu prendre des photos correctes ou corrigées : heureusement que les applis de retouche-photos existent !

Pour ce chapitre, vous verrez les poupées suivantes :

• Maureen Doherty : Maree (Jigamaree-Bimong)
• Elimane Felton : Russell Williams (Tonner)
• Miranda Delmas : Sybarite Mantilla
• Peggy Harcourt (Tonner)
• Izumi Nakamura : Liu Liu (Tonner)
• Lucas Mallory : Aragorn (tonner)

J'espère que l'attente n'a pas émoussé votre intérêt pour mon histoire. Je vous souhaite une bonne lecture !
Avertissement : Mon récit est destiné à un public adulte.

Quatre jours se sont passés depuis ma visite à l'agence O.O.A.K et toujours pas de nouvelles ! Je me dis que c'est sûrement fichu et j'envisage déjà de postuler en ligne pour un emploi chez McDonald's ou Amazon. Je suis confortablement installée sur mon lit, l'ordinateur portable sur les genoux avec ma fidèle Néfertiti qui fait sa sieste à côté de moi.

         Alors que je commence à écrire mon CV, mon smartphone sonne. C'est Elimane qui m'annonce que je suis prise à l'essai chez O.O.A.K et que je peux commencer dès le lendemain. Je suis plutôt excitée par cette bonne nouvelle.

- Tu te rends compte, Titi ? dis-je en prenant ma chatte à témoin, Je vais devenir mannequin ! Tu n'en reviens pas, hein, ma belle ?



         Elle me répond par un miaulement désapprobateur, contrariée d'avoir été réveillée par le téléphone.

         Le lendemain, je me lève de bonne heure, incapable de dormir davantage, nerveuse comme une écolière le jour de la rentrée des classes. Je me maquille légèrement, puisque mon atout est, paraît-il, mon look naturel. Je mets au moins une demi-heure pour choisir ma tenue puis enfin, je reprends le chemin de la rue de Turbigo.

         C'est Elimane en personne qui m'accueille avec un grand sourire.
- Bonjour Maureen ! Je suis ravi d'avoir su persuader Miranda de te prendre à l'essai, d'autant plus que c'est moi qui t'ai repérée !
- Eh, bien, merci, si c'est grâce à toi que je suis embauchée !
- Laisse tomber ! Viens avec moi chez Miranda, il y a quelques papiers à signer.



         Après avoir fait les formalités administratives, Miranda me souhaite gentiment la bienvenue dans son agence.

- Tu vas sûrement être un peu perdue au début, mais nous sommes là pour t'aider. J'ai cru comprendre que tu es étudiante, est-ce que tu auras assez de temps à nous consacrer ?
- Ça ne posera pas de problèmes, Madame, j'arrête mes études pendant un an.
- Parfait, mais je t'en prie, pas de Madame ici, appelle-moi Miranda ! Je vais t'expliquer un peu comment fonctionne la maison.
C'est Lucas qui joue la plupart du temps le rôle de booker pour les mannequins, moi, je m'occupe plus de la gestion de l'agence à proprement dite.
- Qu'est-ce qu'un booker ?
- C'est comme un agent artistique pour les comédiens ou les chanteurs. Il va prospecter des contrats pour toi, les négocier et les suivre. Lorsque tu travailles à l'extérieur, tu touches environ trente pour cent de ce que nous facturons au client.

Je ne peux m'empêcher de m'exclamer :
- Seulement ?

Miranda et Elimane se mettent à rire.



- Tu sais, reprend Miranda, tu ne feras pas fortune au début. Le salaire d'un mannequin dépend beaucoup de sa célébrité et aussi de la notoriété de son employeur. Et comme tu débutes…
Il t'arrivera souvent aussi de travailler à l'agence pour des photos de pub par exemple. Dans ce cas, tu seras payée à la prestation.
Bon, je ne vais pas t'assommer d'informations dès le premier jour. Tu poseras les questions au fur et à mesure.

         Nous quittons le bureau de Miranda et Elimane m'accompagne dans la salle de repos où nous retrouvons Peggy que j'ai déjà rencontrée et une autre jeune fille au type asiatique, habillée en style Lolita.

- Tu connais déjà Peggy, dit Elimane. Je te présente Izumi Nakamura, étudiante en français, qui travaille pour nous à temps partiel. Je vous confie Maureen, reprend-t-il en s'adressant à elles. Je dois filer faire des photos à l'autre bout de Paris et je suis déjà en retard !

         Je regarde s'éloigner Elimane avec un peu d'appréhension. Je ne le connais pas vraiment, mais sa présence bienveillante me rassure.



- Alors, qu'est-ce que ça te fait de réaliser ton rêve de petite fille ? me demande Peggy.
- En fait, je n'ai jamais rêvé d'être top model ! C'est même le dernier métier qu'il me viendrait à l'idée de faire, ajouté-je, un peu provocatrice.

Peggy et Izumi me regardent avec des yeux ronds.

- Qu'est-ce que tu fais ici, dans ce cas ? demande Peggy, un peu vexée par mon manque d'enthousiasme.
- Je suis étudiante et j'ai besoin de travailler, c'est tout !
- Même si je sais que cela ne durera pas longtemps, j'adore être mannequin ! intervient Izumi avec un charmant accent japonais qui lui fait confondre les r et les l. Et toi, "Mauleen", que rêves-tu de faire alors ?
- Je veux être botaniste et parcourir le monde entier pour étudier les plantes.
- Waouh ! Si je comprends bien, tu es un cerveau ! s'exclame Peggy.
-  Mais non ! fais-je, un peu gênée. Je ne suis pas plus intelligente que la moyenne. Il faut juste que je travaille dur pour acquérir plein de connaissances.
- Etudier et réfléchir, ce n'est pas pour moi ! J'ai toujours détesté l'école ! Mais, tu sais, il faut tout de même quelques aptitudes pour être mannequin : savoir marcher élégamment et prendre des poses sophistiquées. Je te montrerai tout à l'heure, mais pour l'instant, c'est midi !

         Peggy me propose de déjeuner à la cafétéria voisine, sans Izumi qui a décliné l'invitation. Pendant qu'elle prend sagement une salade complète, je me laisse tenter par un hachis parmentier de canard.



- Tu n'as pas peur de grossir ? me demande-t-elle, en lorgnant avec envie sur mon assiette.
- Non, je tiens de ma mère, rien ne me fait grossir.
- Je te déteste ! Moi, il suffit que je regarde la photo d'un gâteau au chocolat pour prendre deux kilos ! L'année dernière, j'avais tellement épaissi que Lucas m'avait collée comme mannequin chez Damart !

J'éclate de rire :

- Mais apparemment, tu as su récupérer ta ligne !
- Oui, mais au prix de sacrifices perpétuels ! J'ai commencé le mannequinat à seize ans, j'en ai vingt-six, ça fait dix ans que je suis au régime !
- Tu as commencé vraiment tôt à travailler !
- Oui, mais la carrière de mannequin est courte ! Rares sont celles qui continuent à travailler après trente ans. Il faudra bientôt que je commence à réfléchir à ma reconversion !

Après le repas, nous retournons à l'agence où Peggy entreprend de m'apprendre à marcher comme un top model.

- Visualise, Maureen, une ligne droite imaginaire devant toi. Efforce-toi de la suivre en marchant. Tiens ta tête bien droite, mets tes épaules légèrement en arrière et bombe ta poitrine. Ensuite, fais de grands pas en croisant légèrement tes pieds pour provoquer un déhanchement qui rendra ta démarche sexy !



J'essaie de mémoriser ses multiples conseils mais finit par me tordre la cheville au bout de quelques mètres. Je m'affale sur le canapé, découragée.

- Tu vois, dit Peggy sentencieusement, mannequin, c'est quand même un métier ! Ah, j'oubliais : ce n'est pas nécessaire de sourire bêtement mais par contre, il faut avoir l'air positive. Tu fais une tête comme si tu venais de perdre ta mère !
- C'est le cas !
- Oups ! Pardon ! Ce n'est pas pour rien qu'on me surnomme Peggy, la gaffeuse !
- Ce n'est pas grave ! Je ne t'en veux pas, tu ne pouvais pas savoir.



Pour changer de sujet, je lui demande :

- Dis-moi, Peggy, est-ce qu'il y a des mannequins hommes ici ?
- L'agence est plutôt spécialisée en mannequins féminins mais nous avons Salvatore, notre star ! Mis à part les jumelles Brittany et Petula Cornell, c'est le seul ici qui défile pour les grands couturiers. Tu feras probablement sa connaissance. Toutes les filles sont amoureuses de Salvatore, le Dom Juan des podiums !
- Toi aussi, Peggy ? demandé-je, un peu taquine.
- Non merci ! Pour lui, les filles sont des articles jetables ! Je te conseille de te méfier de lui ! Et de Lucas aussi d'ailleurs !
- Comment ça ?
- Lucas a gardé beaucoup de relations de son ancienne carrière de top model. Il s'en sert pour aider les carrières des mannequins de l'agence. Et comme par hasard, ce sont ceux qui n'ont pas résisté à son charme qui sont favorisés !
- Mais, tu es en train de parler de promotion canapé ! fais-je, scandalisée !
- Disons qu'il fait des propositions mais tu n'es pas obligée d'accepter après-tout ! Comment crois-tu que Salvatore ait eu des contrats avec Balmain ?
- Oh, mais tu m'as dit que Salvatore plaisait aux filles !
- En fait, Lucas et Salvatore ont l'esprit très ouvert, rétorque Peggy en s'amusant de mon air choqué, filles ou garçons, peu importe ! D'ailleurs, Petula et Brittany ont défilé pour Chanel par la même filière ! ajoute Peggy sans état d'âme.
Charmant ! Anaïs n'avait peut-être pas tort ! Je me suis engagée sans réfléchir dans un milieu qui ne me paraît plutôt trouble !
- Et Elimane ? demandé-je en m'attendant au pire.
- Oh, lui, c'est un gentil ! Rien de négatif à ma connaissance !

Ouf ! Au moins un mec sympa dans cette agence ! Alors que nous venons juste de parler de lui, Lucas fait une apparition inopinée dans la salle de repos.



- Salut les filles ! Ça tombe bien que tu sois là, Maureen, j'ai quelques photos à faire avec toi pour une pub de désodorisant. Suis-moi !

Je lui emboîte le pas, un peu intimidée, avec en tête tout ce que Peggy m'a rapporté à son sujet.

- Passe d'abord au vestiaire, il y a une robe blanche et un chapeau qui t'attendent, puis rejoins moi au studio photo.

Je trouve au vestiaire une jolie robe de style romantique et son chapeau assorti. Je me change rapidement et retrouve Lucas au studio photo.

En me voyant arriver, Lucas me détaille des pieds à la tête avec un petit sourire et s'exclame :

- Mais, tu es ravissante dans cette tenue !



Je rougis et je stresse un peu. Je me demande s'il ne va pas me faire une proposition indécente !

- Bon, je t'explique le pitch : le désodorisant est censé te transporter dans une prairie parsemée de fleurs odorantes.
Comme on ne peut pas faire de photos à l'extérieur en cette saison, tu dois imaginer que tu marches au milieu des fleurs ou que tu es assise dans l'herbe ! Elimane se chargera ensuite de réaliser des photo-montages avec les clichés !

Alors que je m'apprête à prendre la pose, Lucas fonce soudain vers moi et avance la main comme pour me toucher le visage. Je m'affole et recule brusquement jusqu'à être acculée contre le mur. Je lui lance alors qu'il me regarde d'un air ahuri :

- Ecoute, Lucas, n'essaie pas avec moi ! Je n'ai aucune envie de défiler pour les grands couturiers !

Il continue à me dévisager, la bouche légèrement ouverte, les sourcils froncés, l'air perplexe. Puis soudain, il reprend ses esprits comme s'il venait de comprendre quelque chose. Il s'approche de moi et je me sens toute petite.

- Je voulais juste arranger une mèche de cheveux avant que tu ne partes dans ton délire ! Je ne sais pas ce que cette idiote de Peggy t'a raconté mais je vais mettre les choses au point.
Primo, je n'ai jamais obligé personne à coucher avec moi. De toute manière, je n'en ai pas besoin, tu ne crois pas ? fait-il en arborant son sourire le plus charmeur.
Secundo, je n'ai jamais conditionné l'obtention de contrats à des faveurs sexuelles. C'est vrai que j'ai eu une petite aventure avec Salvatore et les jumelles Cornell, pas en même temps, précise-t-il en ricanant, mais ils étaient consentants et s'ils sont embauchés dans les grandes maisons, c'est parce qu'ils ont du talent. Je ne vais pas me discréditer auprès de mes anciens employeurs en leur proposant quelqu'un de médiocre !
Tertio, tu n'as pas à t'inquiéter, tu n'es pas du tout mon genre de femme, ajoute-t-il, l'air dédaigneux : trop petite, pas assez de poitrine, pas assez sophistiquée ! Le style "Petite Maison dans la Prairie", très peu pour moi !

Je me décompose, au fur et à mesure de sa diatribe. Quelle idiote je fais !

- Bon, on peut faire les photos maintenant ? demande-t-il d'un ton maussade.

Le reste de la séance se passe dans une ambiance glaciale et je prends soin d'obéir strictement aux ordres de Lucas qui prend toute une série de clichés.









Aussitôt la séance terminée, je me change et rentre chez moi. Je me sens découragée et je suis au bord des larmes. La journée avait pourtant bien commencé, mais je viens de me faire un ennemi et je me demande s'il faut que je continue à l'agence. Je ne sais plus qui croire. Est-ce que Peggy a exagéré les faits pour me faire peur ou me mettre en difficulté ? Pourtant, elle a l'air gentille ! J'ai peut-être aussi réagi de façon stupide, comme une gamine sans expérience, ce que je suis sans doute !

Dès que j'ouvre la porte de mon appartement, Néfertiti accourt vers moi et se frotte contre mes jambes en ronronnant. Enfin, quelqu'un qui m'aime ! Je la prends dans mes bras et m'installe sur le canapé pour un grand câlin.



Je me calme petit à petit et décide de ne pas me laisser abattre. Je continuerai coûte que coûte à l'agence ! C'est sûrement ce que ma mère m'aurait conseillé. Je souris en pensant à elle.

Demain sera un nouveau jour !

Bonjour à tous,

Je suis assez contente d'avoir pu réussir à poster ce nouvel épisode avant les fêtes de Noël. Je ne serai pas chez moi pendant une grosse semaine, donc c'est maintenant ou jamais ! J'ai passé pas mal de temps à coudre des nouvelles tenues. Je suis sans doute trop perfectionniste mais je n'aime pas que mes personnages apparaissent toujours dans les mêmes fringues !

J'ai fait le choix d'utiliser des fashion dolls pour illustrer mon histoire, et je dois dire que je m'en mords souvent les doigts parce qu'elles sont aussi posables que des bouts de bois ! L'autre jour, en manipulant ma Peggy Harcourt, je suis restée avec une moitié de corps dans chaque main ! Heureusement, ce n'était pas si grave, il suffisait juste de réemboîter les deux parties !

Casting pour ce chapitre :
• Maureen Doherty : Jigamaree-Bimong Maree
• Lucas Mallory : Tonner Aragorn
• Elimane Felton : Tonner Russell Williams
• Peggy Harcourt : Tonner Doll
• Brittany Cornell : Sybarite Vinyle Baronne
• Petula Cornell : Sybarite vinyle Petal
• Jenna Santos : Tonner Basic Black Jac
• Salvatore Fiorello : Tonner Stephan Salvatore

Avertissement : Mon récit s'adresse à un public adulte.

Après le petit accrochage avec Lucas la veille, je reprends le chemin de l'agence avec un peu d'appréhension. Je franchis la porte et m'avance prudemment dans l'accueil en espérant ne rencontrer personne. Pas de chance ! Je tombe pile sur Lucas.

- Bonjour Maureen ! Tu peux venir un instant dans mon bureau, s'il te plaît ?



Je n'ai pas trop le choix ! Que va-t-il me dire ? Que je suis renvoyée, peut-être. Il s'adresse à moi, l'air un peu gêné :

- Ecoute, Maureen, je tiens à m'excuser pour hier. J'ai sans doute un peu surréagi, mais tu sais, j'avais eu quelques contrariétés le matin et j'étais de mauvais poil ! Même si ta conduite était un peu déconcertante, tu ne méritais pas une telle scène !
- Non, c'est moi qui suis désolée, j'ai été ridicule !
- Tu sais quoi ? propose-t-il avec un sourire, on va oublier tout ça et repartir de zéro ! Après tout, on sera amené à travailler ensemble, et je n'ai pas envie de me fâcher avec toi dès le premier jour.

Je me sens soulagée, mais sans être pour autant tout à fait à l'aise avec lui. Il ajoute :

- Je ne sais pas si quelqu'un te l'a dit, mais tu n'es pas obligée de te pointer à l'agence tous les jours. On te fera signe quand il y aura du boulot pour toi. Ceci dit, les premiers jours, tu peux être plus assidue pour apprendre les rudiments du métier et faire la connaissance des filles qui travaillent ici. Il n'y a guère que Peggy qui est tout le temps là ! Il faut dire qu'elle n'a pas de vie en dehors de l'agence, ajoute-t-il un peu méchamment. Dernière chose, n'accorde pas une confiance aveugle aux autres filles. N'oublie pas que tu es potentiellement une rivale pour elles !



Super ! Peggy me dit de me méfier des garçons et Lucas me dit de méfier des filles ! A qui puis-je me fier alors ?
En sortant du bureau de Lucas, je tombe sur Elimane, toujours souriant.

- Maureen, comment vas-tu ? Viens avec moi au studio photo, j'ai des clichés à te montrer.

Il me montre les photos que Lucas a prises hier mais collées sur un fond de prairie fleurie.



- Tu as déjà réussi à faire les photo-montages en si peu de temps ? m'étonné-je.
- Oh, tu sais, j'ai l'habitude ! Et puis, sans vouloir te vexer, c'est pour une pub un peu cheap qui ne demande pas un travail trop perfectionné.









- Je ne pensais pas que Lucas prenait aussi des photos.
- Dans une petite agence comme la nôtre, on est obligé d'être un peu polyvalent ! Mais, comme il a d'autres responsabilités, il photographie moins souvent que moi. D'ailleurs, la séance s'est bien passée avec lui ?
- Humm…

En fait, je suis un peu gênée parce que je ne sais pas si je peux lui raconter mes démêlés avec Lucas. Elimane m'observe avec un petit sourire.

- Donc, j'en déduis que non ! Tu n'es pas obligée d'en parler si tu n'en as pas envie, mais ne dramatise pas trop. Lucas a son petit caractère, mais au fond, ce n'est pas un méchant homme !