Je suis de retour ^w^
Je mets en pause l'histoire précédente "Superman était un ahuri" pour présenter un nouveau projet ; dans mes stories principales,Galaad et Melliandra évoquant souvent leur passé commun et leur enfance au domaine familial,j'ai décidé de relater un peu ce même passé,en démarrant à l'enfance,quand Galaad avait sept ans,et Melliandra,douze.
Je ne sais pas encore à quel rythme je vais poster ici,mais je sais déjà que je vais beaucoup m'amuser.Il n'y aura pas,ou peu,de photos,il s'agit vraiment de récit,pour ceux qui aiment la lecture
Ce sera divertissant,et permettra de connaître un peu mieux ces deux aristos,j'espère !
Voici donc la première partie de "Le Domaine Chantepleure",ce nouvel opus.
I - Enfance.
Éveil.
Galaad.
Le cliquetis des aiguilles de la Vieille Margaret,les ronflements de Chaloupe,le craquement joyeux du feu de bois ; difficile de décider ce qu'il préférait.C'était tout autant de bruits familiers et rassurants qu'il aimait entendre.Ils composaient son petit univers,et,du haut de ses sept ans,il lui semblait impossible que le monde existât sans eux.
Assis sur les fourrures qui recouvraient son lit d'enfant,le jeune Galaad attendait patiemment que Margaret se lasse de son ouvrage de tricot,et se décide à l'emmener dans la cour,grouillante de domestiques à cette heure,attelés à la préparation des festivités du soir.Et pour rien au monde,il ne raterait ça ; ce soir,c'était l'anniversaire de Père.Et il y aurait un grand repas,avec tout un tas de bonnes choses qu'on ne lui laissait habituellement pas manger,ainsi que des musiciens,des jongleurs et des montreurs d'ours,et des magiciens,et surtout,tellement,tellement d'invités,qu'on ne ferait pas attention à lui,ce qui lui permettrait de se coucher fort tard.Peut-être même que,pour l'occasion,Mère s'habillerait et quitterait ses appartements.Cela faisait plusieurs jours que Galaad n'avait pas pu l'approcher,et l'idée de la voir réapparaître comme par enchantement ce soir,somptueuse et souriante,comme à toutes les fêtes,le rendait malade d'impatience.
Pour manifester cette dernière,Galaad se tortilla innocemment sur son lit,dans l'unique but de pousser du pied Chaloupe,qui ronflait comme un forcené sur la courtepointe.Dérangé,le molosse aux bajoues tombantes et aux bons yeux bruns se réveilla en sursaut,et jappa de protestation.Margaret sursauta,manqua une maille,et maugréa dans sa barbe.
- Il doit avoir faim,fit Galaad,tout sourire.
- Descends-le donc aux cuisines,alors,marmonna la vieille nourrice en tripotant son ouvrage inachevé.Je te rejoindrai quand j'aurai arrangé mes bêtises.
Le petit ne se le fit pas dire deux fois,sauta du lit,déposa un baiser sur la joue parcheminée de Margaret,et entraîna Chaloupe à sa suite.Le bon gros chien le suivit,tout frétillant,de l'étrange démarche chaloupée qui lui avait valu son nom,suite à une patte cassée et mal guérie,dans sa prime jeunesse.
Trottinant de joie dans les corridors du château,Galaad hésita à faire un crochet par les appartements des parents,histoire de s'enquérir de la santé de Mère,et de s'assurer qu'elle serait bien là ce soir,mais il se ravisa.La camériste de sa mère,une sale pimbêche,le flanquerait dehors à coup sûr,comme les autres fois.
Talonné par Chaloupe,le jeune Comte en devenir prit donc le chemin des cuisines,se laissant guider par le délicieux fumet qui en montait,annonciateur d'un savoureux festin.
Une fois dans la place,il se faufila entre les jambes des différents cuisiniers,aides,et gâte-sauce,se faisant tout petit,le molosse le suivant comme son ombre.Passant près du four de briques rouges,Galaad rafla un petit pain au miel encore chaud,et mordit dedans avec appétit,ravi de sa bonne fortune...Jusqu'à ce qu'une énorme patte le saisisse par le col,et le soulève presque de terre.
- Hélà,jeune maître,j'vous y prend à jouer au voleur ? Tonna la grosse voix bourrue de Mikken,le Chef incontesté des cuisines,un géant avec des bras musculeux,une bonne bedaine,les mêmes yeux bruns que Chaloupe,et presque autant de poils.
- Je vérifiais que les pains étaient cuits comme le préfère Père,couina Galaad,ne sachant pas très bien si Mikken le grondait vraiment,ou s'il jouait à la grosse voix pour lui faire peur exprès.
L'ogre le fixa un instant,puis se fendit d'un large sourire.
- Sept ans,et déjà un fameux roublard,hein ? Fais-y gaffe que vot' père ne vous pogne pas ici.Ce s'rai dommage de l'énerver le jour de sa fête,n'esspa ? Allez hop,Ton excellence,fous-moi l'camp.
Il relâcha le marmot,qui s'en fut en gloussant.Entraînant Chaloupe derrière les cuisines,dans la cour,il le laissa ensuite festoyer parmi les abats et les bouts de viande qui traînaient,indignes d'être présentés au festin,et qui serviraient à nourrir les chiens de Père - et les chats de Mère.
Attentif à la joyeuse pagaille qui régnait dans la cour,Galaad grignota son petit pain,ne perdant pas une miette du spectacle.Il était bien content de l'agitation qui régnait au domaine,ces derniers jours,mais un peu embêté tout de même,ne pouvant pas s'entraîner à l'épée de bois dans cette même cour,où se déroulait une grande partie de l'action.
Remarquant que les deux fils du forgeron,Bran et Morg,s'entraînaient tout de même à frapper un vieux sac de toile bourré de paille avec des épées d'enfant,des épées de bois,dans un recoin de la cour,juste au pied de la tour du château,il s'empressa de courir les rejoindre,désireux de participer.
Si Bran,d'un an son aîné,l'accueillit avec un franc sourire et une accolade,ce ne dut pas le cas de Morg,âgé de deux printemps de plus,qui lui décocha un regard dédaigneux et une grimace peu amène.
- S'pas m'sieur le Comte,ça,tiens ? grogna-t-il en assenant un rude coup au pantin de toile,qui grinça sur son socle de bois mal dégrossi.Sans sa vieille et sans son toutou ?
Galaad fronça les sourcils,mécontent.Morg ne l'avait jamais apprécié,et il ignorait pourquoi.
- Ouh,ouh,r'garde ses yeux tout noirs,Bran.T'crois qu'y essaie de me balancer un sort,comme sa sorcière d'frangine ?
- Qu'est-ce que ça peut te faire,que ma soeur soit une sorcière,tête de cheval ? Gronda Galaad,faisant allusion au regard bovin et aux larges dents équines de son vis-à-vis.
- Les sorcières,on les crame ! Ricana l'autre gosse,ravi de voir qu'il arrivait à énerver le garçonnet.P'têt que ta soeur est fille de comte,mais ça la sauv'ra pas longtemps.M'man dit qu'les sorcières,c'est d'la sale engeance.
- Alors ta mère est une pauvre gourde,comme toi.
- T'avise pas de traiter ma mère,Comte de mes deux !
Tandis que Bran esquissait un pas prudent sur le côté,Galaad sauta à la gorge de son frère,fou furieux,le renversa à terre,et commença à le bourrer de coup de poings en râlant.Morg se tortilla en gueulant,cherchant à se débarrasser du gamin enragé.A ce combat indiscutablement féroce vint se joindre Chaloupe,ravi de jouer avec son jeune maître,et qui manqua d'écraser les deux gamins en leur sautant dessus.
Alerté par le concert de jappements,de glapissements,et par Bran qui se dandinait sur un pied,l'air gêné,le forgeron ne tarda pas à rappliquer au pas de course,afin de séparer les belligérants.Il fila une taloche à son fils,avant de chasser Galaad,menaçant de lui ferrer les deux pieds,s'il le reprenait à se battre comme un chiffonnier avec l'un de ses deux gamins.Vexé,Galaad s'en fut avec Chaloupe,débraillé comme le pire des mendiants,sa crinière écarlate tout ébouriffée,et la moue boudeuse.A peine avait-il fait trois pas qu'il se fit harponner par Margaret,qui rouspéta tant et si bien,de le retrouver dans un tel état,que les domestiques autours d'eux gloussèrent,encourageant la mauvaise humeur soudaine de Galaad.
- Il a insulté ma soeur ! Protesta le garçonnet,tandis que Margaret le traînait plus qu'elle ne l'emmenait aux bains,Chaloupe sautillant autour d'eux.
- Peu importe,ce qu'il t'a dit,ronchonna la vieille.Un futur Comte ne se roule pas dans la boue avec le premier fieffé coquin venu.Attends d'être plus grand,tu pourra défier ceux qui t'insultent à l'épée.
-
Mais il a insulté ma soeur ! Piailla derechef le gamin,outré.Il fallait bien que je lui colle mon poing sur le nez !
- On ne répond pas à la bêtise par la violence,trancha Margaret d'un ton sans réplique.
Boudeur,Galaad se laissa traîner jusque dans la salle des bains,soupirant déjà d'ennui,impatient de se retrouver à nouveau dehors.Autant il adorait les préparatifs qui se déroulaient en bas,et l'excitation,la bonne humeur communes qui s'en dégageaient,autant il détestait,
lui,être préparé pour de telles occasions,comme,à peu près,tous les garçons de son âge.Seule sa soeur aimait se faire toiletter et peigner de longues minutes durant,alors que,pour Galaad,cela relevait du supplice.
Laissant Margaret lui décrasser le museau,et démêler ses cheveux,Galaad s'observa dans le grand miroir,s'amusant à se faire des grimaces effrayantes,et pouffant de rire par la suite,Chaloupe attendant à la porte.
Les miroirs,ça aussi,Melliandra aimait bien.Galaad n'en voyait pas bien l'intérêt.Tout ce qui croisait son regard,là-dedans,c'était un gamin fluet,aux yeux verts perçants,souvent dissimulés par des mèches de sa chevelure écarlate et épaisse,mi-longue,"une véritable crinière de lion",comme disait Mère.Il tordit ses lèvres finement ciselées dans une affreuse mimique,tirant la langue à son reflet pâlot.
Râlant après sa bougeotte,Margaret le tortura encore un peu ; le bec,les ongles,les oreilles,tout y passa,avant de lui faire enfin enfiler ses habits de cérémonie - élégant pourpoint noir,brodé de fils d'argent,avec chausses assorties,et bottes en cuir de daim,dernier cadeau de Père.Ainsi paré,Galaad se laissa emmener dans la Grande Salle,sa petite main dans celle de sa nourrice,trépignant d'impatience,une main sur le collier de Chaloupe,qui lui arrivait à hauteur du coude.
Si,de Père et Mère,il n'y avait encore aucune trace,Melliandra,en revanche,était bien là,assise sur les marches de pierre menant à l'estrade,où siégeait la table seigneuriale,indifférente au brouhaha ambiant,et à l'agitation autour d'elle.
Échappant à Margaret,et esquivant les domestiques affairés,Galaad couru la rejoindre,tout sourire.De cinq ans son aînée,sa soeur était occupée à rhabiller méticuleusement une poupée,dont le visage,noirci à la suie,offrait un triste spectacle.
- Pourquoi tu lui as fait ça ? s'étonna Galaad.
- Elle était plus belle que maman,répondit Melliandra d'un air suffisant.Et ce n'était pas tolérable.J'ai fait des expériences avec.
Melliandra coula vers son cadet un regard narquois.Elle adorait lui en mettre plein la vue,en parlant de ses pouvoirs tout juste révélés.Jaloux,mais surtout admiratif,Galaad buvait toujours ses paroles,attendant,plein d'espoir,le jour où,peut-être,le découvrirait-on un peu sorcier lui aussi,grâce à l'héritage de Mère,et de sa mère avant elle,et ainsi de suite...
A suivre....
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