Je suis joie.
Depuis décembre, j'allais dans un refuge canin pour promener les chiens et passer du temps avec Billy, un croisé border collie, setter, épagneul, portes et fenêtres.
Pour y aller, soit je trouvais un covoiturage, donc environ 45 minutes de trajet aller, mais la plupart du temps je devais prendre le bus : 15 minutes pour y aller, 40 minutes de bus puis encore 30 minutes à pied pour rejoindre le refuge. Tout ça juste pour l'aller, et je le faisais chaque semaine, parfois même 2 fois par semaine !
Il faut savoir que Billy a quelques soucis mentaux, probablement dû à une consanguinité : il est issu d'un sauvetage 30 millions d'amis, il était dans une maison avec une quarantaine d'autres chiens ; la vieille dame avait commencé à récupérer tous les animaux errants qu'elle trouvait, ça partait d'une bonne intention, mais elle n'arrivait déjà plus à s'occuper correctement d'elle même...
Comme Billy était petit quand le sauvetage a eu lieu, (environ 1 an), l'équipe pense qu'il est né dans la meute, dans la maison, avec les soucis consanguins que ça implique ( + un manque de développement des premiers mois dû à l'environnement).
Il avait développé des otites très douloureuses (je vous passe les détails) à cause de l'incapacité de la vieille dame à s'occuper correctement de la meute (je ne lui jette pas la pierre, la compulsion d'amasser des animaux est une maladie).
Bref, tout ça pour dire que Billy est un peu spécial (par exemple quand il stresse il tourne sur lui-même), de plus il voit assez mal (conséquence de sa génétique).
Malgré tout, j'ai persévéré, je suis venue le voir dès que j'ai pu (même si sur la fin honnêtement, j'en avais marre de faire le trajet, plus de 2h aller-retour toutes les semaines, au bout d'un moment... Marre. Mais j'adore aller au refuge donc ça va).
Début mars j'ai craqué à mon boulot, j'ai donc démissionné pour m'occuper de ma santé ; j'ai pris 3 semaines de vacances chez mes parents, que je n'avais pas vu depuis plus d'un an (à cause du boulot, de la distance, toussa toussa). Franchement, ça m'a fait un bien fou, j'ai même pu reprendre ensuite mon ancien (et actuel) boulot (mon manager est venu me demander de revenir et faut bien payer les factures), mais en temps partiel (c'était la condition que j'avais posé pour que je revienne).
Suite à mes vacances, la première fois que je suis retournée au refuge, j'avais très peur que Billy m'ai oublié, compte tenu de ses particularités (et vu le temps que j'avais mis à établir une relation et avoir sa confiance, ça m'aurait embêté).
Eh bien même pas ! A peine m'a-t-il vu qu'il m'a reconnu ! Deux semaines après, la directrice du refuge me dit "bon, on va peut-être penser à l'adoption ?".
Vous imaginez bien que j'étais aux anges.
Le 3 mai, je décidais de le prendre à la fin du mois (la ville venant d'entamer des travaux bruyants juste en bas de l'immeuble. Un régal auditif. Ne voulant pas stresser Billy, j'ai donc décidé d'attendre qu'ils ai terminé), je me suis arrangé avec une personne qui me fait souvent un covoiturage et la date fut fixée au 29 mai.
Ce mois a été une des périodes les plus longues de ma vie. Le plus dur, c'était la dernière semaine, puis les 3 derniers jours, et le jour J, je suis partie de chez moi 3 heures à l'avance car je ne supportais plus d'être enfermée ; même si j'avais plein de choses à faire pour m'occuper, j'étais incapable de me concentrer.
Mercredi 29 mai les papiers ont été signés, Billy mis dans la cage de transport.
On avait tous peur (la directrice, qui est beaucoup attachée à Billy, moi, mon copain, les bénévoles du refuge, mes parents) que Billy ne se fasse pas à la ville (il ne connaissait pas, avant le refuge il était en campagne). On a tous pensé qu'il ne sortirait pas pendant plusieurs semaines / mois, qu'il resterait prostré dans un coin, qu'il ferait ses besoins à l'intérieur.
On avait tous tort. Le mercredi soir, même s'il a été secoué (mentalement) par le trajet (car pas l'habitude des voitures et de la cage de transport), il est sorti de lui même en moins de 10 minutes !
Il a recommencé à toucher à sa gamelle dès le lendemain, alors que certains chiens sans soucis mentaux mettent parfois jusqu'à 1 semaine pour se remettre à manger, il est propre et surtout, dès le lendemain de son arrivée, j'ai réussi à le sortir au jardin public où il y avait pourtant du monde (lui est trouillard et déteste le bruit et la foule, en tout cas au refuge), il a même fait ses besoins (bon appétit, mais j'avais très peur qu'il "garde" tout et qu'il faille l'emmener chez le vétérinaire) !
On fait des balades de 45 minutes / 1h en moyenne, plusieurs fois par jour alors qu'au refuge, la plus longue balade que j'ai réussi à lui faire faire c'était 20 minutes, en insistant beaucoup.
Pour le moment on rentre au bout d'une heure car à partir de ce moment il commence à tourner en rond, affolé et fatigué, mais j'ai espoir d'ici quelques mois de faire des promenades d'une heure et demi ou deux heures !
Il a une faculté d'adaptation sidérante, pour être honnête, je n'aurai jamais pensé que ce serait aussi rapide.
Je suis joie.
Merci d'avoir lu mon pavé !