[Amaktine] Marie-Antoinette, Lucignola et des roses... p53

Merci beaucoup pour tous vos retours !! Désolée je ne suis pas chez moi, du coup pour les réponses persos c'est loupé, mais merci encore, c'est sincère. On s'éclate bien et on est très contentes que ça se voit ahah.

Hop voilà la suite de notre collab, avec texte de mon cru, photos de Jade et mise en scène à 2 huhu :

Le Vol

La mère de Narcisse envoya un jour sa fille rendre visite à une vielle tante isolée.
« Elle t’attend pour le déjeuner. Tu lui tiendras compagnie le reste de l’après-midi. Promets-moi de te tenir convenablement, je ne tolèrerai pas de scandale. »
Narcisse soupira longtemps : Mlle Anémone Gismonde était la terreur du voisinage. Elle détestait les enfants et sa maison empestait la naphtaline. Son jardin, infesté de mauvaises herbes, était couvert de ballons et de cerfs-volants que les enfants du quartier n’osaient pas récupérer par peur de tomber nez à nez avec cette vieille rombière.
Narcisse traina des pieds tout le long du chemin, mais finit par arriver tant bien que mal au perron de la porte. Elle tira la sonnette en tremblant, et une grosse dame apparut sur le seuil. Courte sur jambes, le cheveu rare avec deux petits yeux perçants et un sourire de miel rance aux lèvres, Mlle Anémone Gismonde était une énorme femme au teint rouge comme un roastbeef.
« Te voilà enfin… Entre donc, ma fille » dit-elle en soufflant lourdement.
Elle mettait une déplorable difficulté à se déplacer, et ses chairs molles exhalaient un parfum de lavande entêtant. Narcisse pénétra timidement dans la maison et suivit Mlle Gismonde qui prenait déjà le chemin de la cuisine.
« Installe-toi donc. J’espère que tu aimes le bouillon d’artichaut » ajouta-t-elle d’une voix lasse.

Narcisse fit la grimace mais acquiesça d’une petite voix. Elle tendit son bol, et la vieille lui versa deux grosses louches d’une bouillie verdâtre. Ses bras, picotés comme ceux d’une dinde, soutenaient avec force une énorme marmite empestant le chiendent.
Pendant qu’elle portait la première cuillère à sa bouche, Narcisse vit que Mlle Gismonde apportait un reste de dîner. Elle le suivit des yeux, et la vieille l’enferma dans un garde-manger. Elle remarqua avec plaisir qu’elle n’en avait pas ôté la clef.
Le déjeuner fut triste et frugal. Narcisse ne termina pas son bol de soupe ; Mlle Gismonde s’en aperçut : « Quel mauvais appétit ! On m’avait pourtant prévenue que tu mangeais comme quatre. Me voilà maintenant avec de la soupe pour la semaine ! De mon temps, on n’élevait pas les petites filles de la sorte, et si mon pauvre Albert était encore parmi nous, tu aurais été gratifiée de quelques coups de fouet. Vous me ferez le plaisir de terminer votre bol, mademoiselle. »


Mlle Gismonde repoussa sa chaise et dégrafa son corset ; sa chair grasse déborda, et dans un long soupir, elle plissa les yeux avec un grognement ravi. Le bouillon lui pesait sur l’estomac.
Narcisse attendait une occasion favorable pour exécuter son projet. Elle espérait que la vieille s’assoupirait à fond, et qu’elle aurait ainsi le temps de faire la revue du garde-manger.
Très vite, Mlle Gismonde ronfla, et sa tête tomba sur sa poitrine. Narcisse se leva sur la pointe des pieds et vérifia si la vieille était bien hors de nuire. Quelquefois Mlle Gismonde se cognait la tête contre le dossier de la chaise, et alors elle ouvrait un œil vitreux en grommelant. Narcisse enrageait ; à peine avait-elle fait deux pas, qu’il fallait revenir à sa place. Cette manœuvre dura plus d’une vingtaine de minutes.
Enfin, elle courut au garde-manger, et y prit une cuisse de dinde dorée ainsi qu’une bouteille de sirop de myrtille. Elle cacha le tout dans une serviette et s’en fut cacher son vol dans un petit cabinet, avec l’intention de se régaler l’après-midi.

Elle jeta un dernier coup d’œil à Mlle Gismonde et se retira discrètement. Elle se réfugia gaiement dans le minuscule cabinet, et quoiqu’elle y fût sans lumière, elle se flattait d’elle-même. Elle ferma la porte et s’enferma du mieux qu’elle put, enlevant ses chaussures pour manger plus à son aise. Elle tira ensuite la serviette et mordit à pleines dents dans la viande. Au lieu d’une viande tendre qu’elle imaginait trouver, elle croqua dans quelque chose de dur et sec. Sa main retourna la cuisse, et en retira quelques morceaux de viande qu’elle trouva exquis ; mais il y en avait trop peu pour satisfaire sa gourmandise. Elle porta à nouveau la viande à sa bouche, et l’en ôta bien vite : elle était toute molle et elle sentait un goût de moisi. Elle fut obligée de recourir au sirop de myrtille pour le faire passer ; mais à peine avait-elle portée le goulot à ses lèvres qu’elle le rejetât aussitôt : il était amer comme du charbon. Elle ne s’expliquait pas la situation ; l’impatience la domina, et elle voulue être éclaircie. Elle ouvrit doucement la porte du cabinet pour y faire entrer un peu de lumière. Quel fut son effroi ! La cuisse était recouverte d’asticots ; elle la laissa tomber de ses mains, ses sens se glacèrent et elle retint un cri d’horreur. Elle remit ses chaussures en tremblant et sortit du cabinet en toute hâte.


Mlle Gismonde ronflait encore. Narcisse termina son bol de soupe et ne raconta jamais cette mésaventure. Cette histoire la corrigea beaucoup de sa gourmandise, et il ne lui arriva plus depuis de chercher des moyens pareils pour la satisfaire. Le temps dissipa l’affreuse image des asticots grouillants ; mais il ne lui ôta pas une aversion sans égale pour les dindons.

1ère photo : Miss Forcible from Coraline, as Anémone Gismonde

Huhuhu, mais je connais ce petit texte ♥♥♥
J'adore les photos, j'aime l'ambiance étrange et colorée.

Je ne peux résister à mettre ce texte que tu connais déjà, mais je trouve qu'il va bien après le tien !

Pauvre Narcisse, que de mésaventure gastronomique !

C'est juste excellent! J'étais à la fois amusée par le fin mot de l'histoire et quand même peinée pour cette pauvre Narcisse...

Elle a une bouille terrible

elle est mignonne et inquiétante en même temps

*gloups*
Lire le récit de ce larcin lorsqu'on mange le petit déj', c'est un coup à se retourner l'estomac.
Enfin beurk quoi. Le texte est prenant, les photos glauques à souhait.
Chouette collaboration!

HS: Deede, les talonts hauts t'ont grillée! J'savais bien que t'étais une gourmande adoratrice des couleurs flashy et des talons de minimum 10cm

Eh bien quelle collaboration O.ô
Bravo à vous deux, je suis complètement scotchée de voir ce que vous avez réussi à faire tant au niveau du texte que des photos.
Cet univers me parle beaucoup (encore une fois), c'est un vrai plaisir de passer par ici!
Vivement vivement les prochains post'

Aussi, j'ai pas pu commenter à temps la photo de Pinson avec "le bain", mais je la trouve très nostalgique, puis le décors est super bien géré, tout comme la mise en scène... pis' Pinson, tout simplement *.*

Ah pauvre petite Narcisse quand même ! J'imagine très bien la scène, et déjà que je ne suis pas très amie avec les asticots, là, je suis servis
Bref c'est comme toujours, un vrais régale de lire tes textes, et les colllaborations avec Jade sont toujours excellentes !

Cette collaboration est encore magnifique. Vos deux styles vont à merveille ensemble. J'aime beaucoup l'histoire, mais la pauvre Narcisse tombe toujours, sur les mauvaises choses. La gourmandise te perdra ma petite.

J'aime beaucoup, à la fois la somptuosité crémeuse de ces photos gourmandes, et la sécheresse âpre du récit... et le mélange des deux!

Troublant conte et photos magnifiques, j'adore ces couleurs intenses, cette atmosphère, mais Pauvre Narcisse captive dans cet univers si sombre, elle m'émeut

Très jolie histoire/photos.
ça me fait penser aux Malheurs de Sophie, lorsqu'elle mange le pain pour les chevaux et qu'elle a super mal au ventre après ^^'

Oh non les asticots, j'ai failli vomir.
Très belle collab et vraiment bravo à vous deux. On rentre complètement dans l'histoire, comme dans un livre et les photos l'illustrent parfaitement.

Deedlot : Merci beaucoup pour cet hommage, princesse gourmande va être mise au régime ; tiendra-t-elle longtemps ses bonnes résolutions ?
Tiens d'ailleurs j'ai repensé à toi la semaine dernière, j'ai relu chez Jade le "Cerise Griotte" de Benjamin Lacombe et vraiment je trouve que son perso lui ressemble énormément, je le trouve super touchant.

*ChloéInWonderland* : Merci beaucoup, c'était le but. Cette poupée me fait toujours osciller entre rires et larmes, je ne peux pas m'en passer !

Melyzande : Ouiiii ! C'est vraiment mon moule préféré, c'est vrai qu'en photo (et sous l'objectif de Jade ahah) elle peut paraître inquiétante, mais en vrai c'est surtout sa fragilité qui ressort.

Follow-the-Wind : Ahah merci beaucoup, je crois qu'une fois encore on s'est bien entendues avec Jade pour emboîter nos deux univers, on s'est bien éclatées !

Kreatur : Merci beaucoup, pour le coup ça a été vraiment de la débrouille à 80%, on avait pratiquement aucun accessoire/élément de décor, mais finalement ça rend bien donc on est très contentes.
Héhé pour Pinson j'avais cette photo en tête depuis quelques mois, mais je n'avais pas suffisamment de technique photo pour pouvoir la réaliser, donc ça m'a fait doublement plaisir de pouvoir la mettre en oeuvre cette semaine. Je crois que j'ai définitivement cerné Pinson, elle ne bougera plus maintenant.

Swan : Merci , c'est toujours une partie de rigolade donc c'est génial si en plus ça plait en retour.

Heroysa Monster : Héhé oui, Narcisse est bien le petit martyr du groupe... Peut-être apprendra-t-elle de ses erreurs au fil du temps ! Je ne peux pas m'empêcher de la torturer un peu, je crois que je ne retrouverai jamais autant de feeling avec un autre moule tellement je l'aime !

Kohakugawa : Merci beaucoup pour ce délicieux commentaire.

Lumir : Merci, j'adore vraiment travailler cette veine de conte cruel (toujours inspirée par les écrivains décadents héhé), je trouve que le physique de Narcisse s'y prête à 200%, elle a cette ambiguïté, ce charme équivoque qui m'inspire constamment.

Laure. : Héhé et tu as raison, Les Malheurs de Sophie m'inspirent beaucoup, j'ai toujours adoré ce côté cruel dans ces histoires de petites filles modèles ; dans ma tête d'ailleurs mes persos évoluent dans un univers très proche. Ravie que j'arrive à faire passer tout ça en texte alors.

Maxine : Merciiii, on voulait rester dans un esprit "illustrations d'enfant", c'était vraiment génial de faire ça à deux, j'espère vite remettre ça !

Encore merci pour vos retours chaleureux, on est très contentes que ça a vous ai plus autant et on s'est beaucoup amusées à travers ces deux collabs.
J'en profite pour annoncer le départ de ma Modigli chez une nouvelle proprio, et sans doute du personnage de Marotte. Je suis un peu triste parce que je commençais à bien le cerner, mais au final c'est un mal pour un bien, car il sera remplacé par la petite soeur de Pinson, incarnée dans une DT Momo sur corps 5 ans. Je pars donc sur un perso totalement différent, et j'ai déjà quelques idées en tête. C'est un moule qui me faisait de l'oeil depuis des mois et je suis très contente d'avoir craqué huhu. Je vais commencer à bosser son texte de présentation, et d'ici le mois prochain je présenterai la photomanip du make up.

Je ne sais plus si j'ai déjà commenté ici mais je dois dire que j'adore ton univers à la fois cruel et attachant . Les malheurs de Sophie se rapprochent en effet beaucoup de tes histoires , comme Sophie on plaint Narcisse de devoir supporter la vieille tante et en même temps ses bêtises à répétition la rendent un peu moins victime .

Bref , j'ai hâte de voir d'autres histoires et un grand bravo pour la série de photos toutes très belles !

J'adore cette histoire aux allures de conte pour enfant qui est en plus joliement écrite. Les photos de Jade sont très réussies également !
(et tès bon choix de poupée pour incarner Mlle Anémone Gismonde ; Miss Forcible est parfaite)

Je m'installe pour de nouvelles histoires