Gariath: Devine qui vient squatter ce soir ? p.42

Interpellé par le son de sa propre voix dans ces couloirs déserts, il ralenti le pas et jeta à œil au petit garçon, soudain inquiet qu’il eu pû l’entendre jurer. Haru somnolait à moitié, confortablement installé contre la poitrine de son maître et ne semblait pas se soucier de quoique ce soit. Le calme de l’enfant l’apaisa un peu et il lui retira doucement la pouce qu’il avait dans la bouche, le sermonnant avec douceur sur cette mauvaise habitude qu’il devait abandonner. Pour toute réponse Haru émit un petit grognement de contestation et ferma les yeux, sombrant à nouveau dans le sommeil.

Alors qu’il tournait dans un couloir, il aperçu au loin les deux Siads Onassiens qui marchaient de longs en large devant la porte de la salle de réunion. Si jamais il lui tombaient dessus maintenant il aurait le plus grand mal à s’en débarrasser et ne souhaitait surtout pas les voir poser le regard sur le petit Azurien. Trouver un visage ami pour garder son plus précieux trésor était maintenant sa priorité et pris d’une soudaine inspiration, Dante se dirigea vers l’escalier qui menait aux bureaux des services du Trésor Impérial. Tant pis si il était en retard, il espérait bien y trouver Merrick. Voilà des semaines que tout deux s’évitaient, mais il n’avais pas d’autre option.

Depuis le procès et l’exécution du Général Ol’Daerl, il y a un peu moins d’une année, il ne l’avait croisé que de loin dans les couloirs ou lors des réunions du Conseil Impérial et le peu de nouvelles qu’il avait eu de lui, lui venait de Lucianus. Il savait qu’il avait très mal vécu cette affaire et toutes les rumeurs qui avaient courues sur lui ou son père durant toute la tenue du procès. Merrick était pourtant quelqu’un de solide, mais ce qui semblait l’avoir presque détruit avait été le refus de sa jeune sœur Ioline de le revoir. Dante ne comprenait pas ce choix et se sentait quelque peu responsable de la situation, n’ayant pas trouvé les mots pour la faire changer d’avis. Lucianus lui avait dit que Merrick se sentait lui aussi très coupable vis à vis de sa sœur et que cette culpabilité le rongeait de l’intérieur, le rendant de plus en plus taciturne et distant. Il s’en voulait de ne pas avoir été là pour elle, de ne pas avoir su quel sort lui avait réservé son père et d’avoir cru à ses mensonges. Comment aurait-il pu en être autrement ? L’homme qu’il admirait le plus au monde avait détruit tout un peuple par soif de vengeance et avait failli entraîner son fils dans sa chute. Merrick avait quitté son poste de Trésorier Impérial et s’était enfermé chez lui pendant des semaines, refusant tout contact au point que ses amis avaient du faire défoncer sa porte pour s’assurer de son état de santé. Il avait refusé l’aide de Dante et de Silmar mais n’avait pas réussi à rejeter Lucianus, qui malgré les menaces et les injures était resté pour veiller sur lui.

Dante savait qu’il n’avait repris son poste au Palais que depuis quelques semaines et ce, sous la pression constance de son amant mais il n’avait pas encore eu l’occasion de le revoir et redoutait un peu ce face à face. Certains mots avaient été dit, des mots très durs. En tant que Premier Conseiller Impérial, il avait été de son devoir d’initier ce procès retentissant contre le Grand Général et il ne regrettait rien, si ce n’est d’avoir fait souffrir Merrick.

Arrivé en haut de l’escalier, il traversa le service sous le regard des employés stupéfait de voir le Premier Conseiller Impérial dans leurs locaux après tout ce qui s’était passé ces derniers mois. Certains avaient vu d’un très mauvais œil le retour de leur superieur et avaient demander leur mutation express dans un autre service, mais dans l’ensemble, les employés étaient soulagé de ce retour à la normale même si Merrick était encore plus invivable que d’ordinaire. Dante entra dans son bureau sans même frapper et prit une grande respiration, l’air décidé. « Je n’ai pas le temps de t’expliquer mais j’ai deux enquiquineurs Onnassiens sur les bras qui me réclament audience à corps et à cris depuis ce matin, mon ssi’an est malade et Dame Sherett a prit sa journée ! » Tout à sa tirade, il avait posé Haru dans un fauteuil et lui avait donné sa peluche préférée en l’embrassant sur le front, rassurant, avant de se tourner vers Merrick. Ce dernier avait levé la tête de ses dossiers et regardait Dante d’un air médusé, ne s’attendant pas à le voir venir ici si tôt. « Garde moi Haru quelques heures, veux-tu ? Je te revaudrait ça ! » Sans attendre la moindre réponse il posa sur son bureau la besace qu’il portait à l’épaule et en déballa le contenu sans se soucier des piles de papiers et de livres de comptes qui s’étalaient un peu partout. « Il est très calme, donne lui quelques feuilles et ses crayons et il devrait de laisser tranquille quelques heures. Il y a des biscuits et du jus de joya dans le sac et sa couverture. Si je ne suis pas revenu dans deux heures, fait lui faire une sieste. Je ne sais pas combien ces deux idiots vont me tenir la jambe, mais je sens que ça risque de durer un peu. » Il se tourna à nouveau vers son jeune ssi’an et s’agenouilla à sa hauteur, lui caressant la tête. « Soit sage avec Lord Merrick mon cœur, je reviens vite. » Puis il se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il sourit tout de même à Merrick qui ne s’était pas encore remis de sa surprise. « Oh, Merry… je suis vraiment heureux que tu ai accepté de réintégrer ton poste. Tu nous manquait beaucoup tu sais… »

Merrick garda longuement les yeux fixés sur la poste par laquelle avait disparu Dante. La scène lui apparaissait comme surréaliste tant la scène avait été rapide. Il était à la fois incrédule et irrité, mais il ne pu s’empêcher de sourire, repensant à la dernière phrase qu’il avait prononcé. Il lui avait manqué aussi. Il était encore en colère contre tous, Dante, Lucianus, l’Empereur, mais surtout contre lui même.

Perdu dans ses pensées il ne remarqua pas le petit azurian qui s’était approché de lui et le regardait, ses grands yeux roses écarquillés tant il était fasciné par la masse de boucles couleur miel qui reposait sur les épaules du Lord. Son maître n’étant plus là, il avait remis son pouce dans sa bouche et commença à tirer sur la tunique de Merrick pour attirer son attention. Ce dernier essaya de l’ignorer, soudain mal à l’aise de se trouver face au dernier survivant connu d’Azuria et se plongeant à nouveau dans ses dossiers et comptes de trésoreries.

L’insistance de l’enfant et ses petit gémissements eurent tôt fait de mettre ses nerfs à vif. « Quoi ? ! Qu’est ce que tu veux à la fin ? ! » Merrick n’était pas connu pour sa patience et ses manières douces, mais le bleu qui envahissaient les yeux d’Haru et les larmes qui se mirent à couler sur ses joues l’adoucirent un peu. Il ne voulait pas que les personnes qui travaillaient sous ses ordres puissent en plus de tout, l’accuser d’être un bourreau d’enfant, mais peu habitué à avoir de si jeunes gens autour de lui. Lui d’habitude si maitre de lui se sentait un peu perdu et maudit intérieurement Dante de lui avoir demandé… non, imposé, ce service. Il n’osait pas le toucher de peur de le faire encore plus pleurer « Shhh ! Ne pleure pas. Tiens regarde ! Regarde comme il est joli ce .. ce … heu… ce stylo ! » Il prit la première chose qui lui tombait sous la main pour détourner l’attention de l’enfant, mais Haru n’était pas dupe et sanglota de plus belle, tendant les bras vers lui pour qu’il le prenne sur ses genoux et le cajole, comme Askeli et Dante le faisait si souvent. Les cris du petit azurian eurent tôt fait d’alerter les collègues de Merrick et l’un de ses secrétaire, inquiet, passa la tête par la porte pour lui demander si tout allait bien.

« Vous n’avez rien d’autre à faire ? ! » Merrick fusilla son secrétaire du regard qui, sans demander son reste quitta à la hâte la pièce. Merrick secoua la tête, devinant déjà une nouvelle rumeur se répandre sur son compte. Reprendre sa place au sein du Conseil Impérial lui en avait beaucoup coûté et si il était revenu, c’était uniquement sous la pression de Lucianus et des nombreuses lettres de Dante et l’Empereur lui même lui avait adressé. Il leur était reconnaissant de ne pas l’avoir abandonné après sa disgrâce, mais il savait qu’il lui faudrait du temps pour faire oublier les horreurs qu’avait perpétré son père. Il n’était pas comme lui et s’était promis, après l’exécution de tout faire pour ne jamais le devenir.

Vaincu par les pleurs du petit garçon, il le souleva et le plaça sur ses genoux en soupirant. « Tu es bien le ssi’an de Dante, toi. Quand tu as une idée en tête …» Il sourit malgré tout, sentant la douce chaleur qui émanait du corps de l’enfant. Haru avait quelque chose d’apaisant, comme si l’avoir dans ses bras pouvait faire envoler tout ses soucis et il comprenait un peu mieux l’attachement féroce qu’avait développé Dante à son égard. « Mais quelle idée quand même de me fourrer ce petit escoth dans les pattes, comme si je n’avait pas assez de trav… aie ! » Haru avait profité de sa position plus en hauteur pour examiner de plus près les mèches de cheveux bouclés qui tombaient en cascade sur les épaules de Merrick, les tirant à lui sans ménagement. « Veux tu bien lâcher ça ? ! Aie .. Haru, espèce de petit … » Il se retient au dernier moment de jurer et saisit la main de l’enfant pour lui faire lâcher prise avant de le reposer à terre, l’air sévère. « On ne tire pas les cheveux des Lords ! Ton maître ne t’a-t-il donc pas appris ça ? ! »
Une soudaine pensée lui traversa l’esprit. Cela faisait bien longtemps, en dehors des évènements officiels qu’il n’avait vu Dante arborer une longue tresse blonde bien serrée au lieu de ses cheveux volant habituellement aux quatre vents. Lui aussi avait du faire les frais de la curiosité du garçon et imaginant la scène, Merrick eu du mal à contenir son rire. « Bon, ça va pour cette fois. » Il tendit à Haru la boite de crayon de couleurs que son ami lui avait laissé sur le bureau ainsi que quelques feuilles. « Et si tu faisais un beau dessin pour ton maître pendant que je travaille ? »

Trop heureux de ne pas être grondé, le petit garçon hocha vigoureusement la tête et s’allongea par terre, aux pieds de Merrick pour commencer son œuvre. Il choisi avec soin ses couleurs, les étalant devant lui mais ne pu se décider. Au bout de quelques minutes de contemplation, il se releva et tira sur la tunique du Lord. « Lord Merry ? Je lui dessine quoi ? »

Merrick sursauta au son de la voix de l’enfant. C’était la première fois qu’il prononçait un mot depuis son entrée dans le bureau. Il avait une voix claire et un peu haut perchée, comme le chant d’un oiseau, mais par delà de ça, elle lui rappelait une voix qu’il avait entendu il y a bien longtemps, si longtemps qu’il ne se souvenait plus du visage qu’avait cette voix. « Lord Merrick, pas Merry. Je ne sais pas, dessine ce qui te passe par la tête… » Il se sentait un peu ailleurs, troublé par ce souvenir et ne remarqua pas le soudain malaise de l’enfant. Il le vit du coin de l’œil se rallonger et commencer à crayonner quelque chose. Avant qu’il n’ai pu se pencher pour regarder de plus près le dessin naissant, son interphone sonna, le replongeant dans son travail.

Une heure passa avant qu’il ne relève le nez de ses dossiers se souvenant de la présence de l’enfant dans la pièce. Il commençait à avoir faim et attrapa le paquet de biscuits.

[...]