KUMARI : P. II - Chap 3 - Le Quotidien à Kamuk (p. 7)

Bonjour à tous,

Après une longue interruption de quatre mois, me voici enfin de retour pour la deuxième partie de mon récit qui s'intitule "Kumari" comme le titre principal. Vous comprendrez vite que c'est le nom de la mystérieuse planète sur laquelle se dérouleront les prochains chapitres.

Ce premier épisode comporte plus d'informations que d'actions mais c'est un préambule nécessaire pour la suite de l'histoire. J'ai eu peu de travail pour les décors puisque pour l'essentiel, l'action se passe dans une seule pièce. Les costumes ont été relativement simples à faire : des blouses d'hôpital pour les trois héros et des ensembles en cuir pour les deux aliens.

Puisque ma dernière publication remonte un peu loin dans le temps, je vous fais un petit résumé de la première partie :

Damaris passe une enfance à l'écart du monde mais heureuse dans une petite station balnéaire du nord de la France. A l'âge de dix ans, son destin bascule lorsque ses parents meurent brutalement dans un accident d'auto. Sa gouvernante Gala organise à la hâte un déménagement à Paris qui ressemble à une fuite. Se faisant passer pour sa tante, Gala l'adopte et lui fait promettre de ne jamais révéler son vrai nom. Après une adaptation difficile à Paris, elle fait la connaissance de Nikita et Sunny qui deviennent ses meilleurs amis et quasiment sa seconde famille.

A l'approche de l'âge adulte, Damaris est perturbée par la crainte d'être séparée de ses amis mais aussi par l'amour inattendu que lui porte Sunny. Son coup de foudre pour Nathan, un étudiant dans la même promo que Nikita, ne se termine pas comme elle l'espérait. Presque en même temps, Gala disparaît mystérieusement en lui léguant un jeu vidéo ayant appartenu soi-disant à ses parents. Les trois amis font plusieurs tentatives pour y jouer mais sans en comprendre grand-chose. A leur dernier essai, ils passent d'un monde virtuel à un monde bien réel dont ils semblent désormais prisonniers.

Maintenant que je vous ai rafraîchi la mémoire, je vous laisse lire la suite de l'histoire !

Pour rappel : Mon récit s'adresse à un public adulte.

Après une nuit de sommeil sans rêve, je me réveille transie et courbatue aux côtés de Nikita et Sunny. Eux aussi ouvrent les yeux et ne semblent pas en meilleure forme que moi.

- Bonjour ! dis-je timidement. Vous allez bien ?
- Ce n'est pas le meilleur réveil de ma vie ! répond Sunny en haussant les épaules. Si nous essayions de sortir de cette forêt, continue-t-il en pointant son doigt vers la gauche, cette zone m'a l'air plus dégagée.



Nous marchons dans la direction indiquée par Sunny et effectivement, nous arrivons assez rapidement dans une trouée au milieu de la forêt, traversée par une piste sommaire.

- Regardez ! s'exclame Nikita, il y a un nuage de poussière au loin, comme si un véhicule approchait.



En effet, une voiture étrange à six roues se dirige vers nous et s'arrête à proximité. Une femme et un homme, vêtus de combinaisons claires, en descendent et nous observent.

- Enfin des secours ! s'écrie avec espoir Sunny.

Mais notre enthousiasme s'éteint vite car l'homme est armé d'un pistolet et le pointe sur nous.



Ensuite, tout se passe très vite : il tire à trois reprises, sans bruit, juste un chuintement à chaque fois. Je regarde mon bras et y voit plantée une petite fléchette. C'est la dernière chose dont je me souvienne.

Je me réveille, l'esprit un peu embrumé, dans une pièce qui ressemble à une salle d'hôpital. Mes amis sont à côté de moi, ce qui me rassure un peu. Nous sommes tous les trois couchés sur des lits individuels et vêtus d'une sorte de chemise de patient.



Soudain la porte s'ouvre et une jeune femme blonde s'avance vers nous. Je la reconnais aussitôt, elle était dans la voiture à six roues avec l'homme qui nous a tiré dessus.

- Bonjour ! nous dit-elle de sa voix mélodieuse. Je m'appelle Kalthum Fayruz et je suis la directrice de l'enclave de Sarabati qui se trouve sur la planète Kumari.
- Comment ça, la planète Kumari ? Nous ne sommes plus sur la Terre ? m'exclamé-je.

En même temps que je prononce ces mots, je plaque ma main sur la bouche, stupéfaite, car je viens de m'apercevoir de deux choses : j'ai compris Kalthum alors qu'elle parle dans une langue inconnue et je m'exprime moi-même couramment dans cette langue. Mes amis me regardent, aussi abasourdis que moi.



Kalthum se rapproche de nous et explique :

- Si vous me comprenez, c'est parce que je vous ai inculqué par la méthode dite de l'imprégnation des connaissances qui vous seront très utiles pour vous intégrer à votre planète d'accueil, à savoir la langue de Shawan que vous parlez en ce moment-même, et aussi celle de Kumari. Pour faire simple, j'ai implanté dans vos cerveaux des souvenirs préfabriqués de ces langages, comme si vous les aviez appris. Ces souvenirs sont pour l'instant fragiles mais en parlant régulièrement le kumarien ou le shawanais, vous les renforcerez.

Je frissonne à l'idée qu'on ait pu manipuler mon cerveau.

- Pourquoi Shawan ? demande Nikita.
- Parce je ne suis pas kumarienne mais je viens de Shawan, une exoplanète qui a colonisé Kumari voici environ soixante ans dans le but de prospecter le galuk, un minerai rare indispensable à la production de l'énergie qui permet le voyage spatio-temporel.

Nous nous regardons tous les trois, éberlués par ces révélations. J'hésite à me pincer pour vérifier que je ne rêve pas !



- Comment vous appelez-vous ? demande Kalthum.

Nous nous présentons à tour de rôle puis Kalthum continue ses explications :

- D'après les appareils de communication que j'ai retrouvés sur vous (elle parle sans doute de nos smartphones), votre civilisation est assez évoluée. Donc, j'espère que vous serez en mesure de comprendre ce que je vais vous dire.
Il y a très longtemps, une civilisation extrêmement brillante mais maintenant disparue, a construit et installé des portes interstellaires, sur de nombreuses planètes de notre galaxie. Ces portes, souvent cachées dans des bâtiments anodins, permettent de traverser l'espace-temps quasi instantanément et de se retrouver en un claquement de doigts sur un autre monde. Mais, hélas, elles se sont détériorées au cours des siècles et parfois se déclenchent intempestivement, prenant au piège les personnes qui se trouvent à leur proximité et les envoyant à des années-lumière de chez eux. C'est probablement ce qui vous est arrivé.
- Nous étions en train de jouer à un jeu vidéo qui s'appelle comme par hasard Kumari, intervient Sunny, et il nous a en quelque sorte piégés et envoyés ici.



- Impossible ! rétorque Kalthum en s'esclaffant, c'est une simple coïncidence ! C'est la proximité d'une porte défectueuse qui vous a transportés jusqu'ici, pas le jeu vidéo !
- Pourquoi nous avez-vous attaqués tout à l'heure ? demande Nikita d'un ton peu amène.
- Désolée pour cet accueil, s'excuse Kalthum, mais nous ne savions pas si vous étiez hostiles ou pas. En fait, vous êtes restés trois jours endormis, le temps pour nous de vérifier que vous n'êtes porteurs d'aucun germe ou virus nocif et bien sûr de vous inculquer les moyens de communiquer avec nous. Vous apprendre le shawanais n'était pas absolument indispensable, mais cela m'a permis de vous expliquer le phénomène des portes car voyez-vous, Kumari est une planète nettement moins évoluée que la mienne ou que la vôtre. Donc, il n'existe pas de vocabulaire kumarien pour parler de sujets tels que les voyages interstellaires !
- Pouvons-nous emprunter les mêmes portes pour rentrer chez nous ? demandé-je pleine d'espoir.

Kalthum prend un air désolé :

- Malheureusement, malgré toutes les études menées pour tenter de comprendre leur fonctionnement, les portes ont gardé leur mystère ! Nous ne savons pas, entre autres, programmer une destination. De toutes façons, sauriez-vous me situer exactement votre planète dans la galaxie de la Spirale Blanche ?  

Je suppose qu'elle veut parler de la Voie Lactée, mais hélas, aucun d'entre nous n'avons de connaissances suffisantes en astronomie pour situer précisément notre Terre. Nous nous regardons, atterrés.



- Qu'allons-nous devenir ? interroge Nikita d'un ton angoissé.
- Je crains que vous n'ayez pas le choix : si vous voulez survivre, il faudra vous intégrer à la société kumarienne. Dites-vous que vous êtes relativement chanceux parce que vous êtes à trois, et que vous bénéficiez de mon aide. Dans le passé, il y a eu de temps à autre des "égarés" sur Kumari, mais ils étaient souvent seuls et devaient apprendre par eux-mêmes le langage kumarien qui est très complexe. Beaucoup sombraient dans la dépression ou la folie et ne survivaient pas ! J'ai parlé au chef du village de Kamuk qui n'est pas très loin d'ici, il est d'accord pour vous accueillir. Je vous y accompagnerai demain. Maintenant, je vous laisse vous reposer et encaisser tout ce que je viens de vous dire.

Avant de partir, elle se tourne vers moi et me fait une proposition étonnante :

- Si tu veux, Damaris, tu pourrais devenir une "saki" et intégrer le harem royal de Bazile. La vie y sera plus douce et plus facile qu'au village de Kamuk.

Je la regarde avec des yeux ronds : moi, une femme de harem ? Ça ne va pas la tête !

- Merci pour cette proposition, dis-je un peu sèchement, mais elle ne me tente pas du tout !



- Réfléchis-y, ajoute-t-elle en s'en allant. Et si tu changes d'avis, n'hésite pas à m'en parler.

Je me tourne vers Sunny et Nikita qui paraissent aussi choqués que moi. Nous reprenons notre conversation, en utilisant cette fois-ci, notre bon vieux français !

- Tout ça ne me plaît pas beaucoup ! s'exclame Sunny. Je ne suis pas sûr qu'elle nous ait tout dit, et puis, c'est quoi cette histoire de harem ?
- Pourquoi a-t-elle fait la proposition seulement à Belaya ? s'étonne Nikita. Je ne suis pas assez bien pour le harem royal ?
- Je crois qu'elle a repéré que tu as un caractère de cochon ! rétorqué-je ironiquement.
- Ah, ah ! Très drôle !

Après avoir souri à ma boutade, Nikita se rembrunit :

- Mamochka va être effondrée quand elle va s'apercevoir de notre disparition ! s'écrie-t-elle avec désespoir.

Je l'entoure de mes bras pour la calmer :

- Pour l'instant, elle est en voyage et elle n'est pas près de rentrer. D'ici là, les choses auront peut-être changé.



Sunny me jette un coup d'œil peu convaincu mais abonde malgré tout dans mon sens pour nous redonner le moral.

- Je sais que nous avons l'impression de vivre un cauchemar éveillé, mais essayons de voir les points positifs. Nous sommes en bonne santé et nous n'avons pas été séparés. Même si je mets en doute la sincérité de Kalthum, elle semble prête à nous aider. Je peux vous promettre une chose, quoi qu'il arrive, je ne vous abandonnerai jamais.



Nous nous blottissons tous les trois dans une étreinte qui nous réconforte face au destin inconnu qui nous attend.

(A suivre)


Musique :
                       


Casting :

- Damaris Farnell : Diana Fashion Maxi 16F (Dollshe Craft)
- Nikita Dorokhine : Adalgisa (Ruby Dolls – Elena Kokorina)
- Sunny Dorokhine : Saint (Dollshe Craft Fashion Maxi 18 M)
- Kalthum Fayruz : Jamieshow Ling Lan
- Qadin Evzen : Tonner Matt O'Neill Brunette

Bonjour à tous,

Je suis désolée d’avoir mis deux mois pour délivrer ce nouvel épisode (alors que mon objectif, c’est au moins un par mois) ! Il faut dire que j’ai eu pas mal de travail de couture pour faire les costumes extra-terrestres ! Finalement, ce n’est peut-être pas une bonne idée de situer mon histoire sur une exoplanète !  

Concernant les photomontages, je n’ai pas vraiment réussi à trouver des décors naturels très convaincants pour figurer des végétaux extra-terrestres : vous aurez un travail d’imagination à faire !

Dernière remarque, à partir de maintenant, vous aurez presque toujours une annexe précédant le récit. Ces annexes donneront des informations diverses sur le monde de Kumari. Vous êtes libres de les lire ou pas. Elles ne sont pas indispensables pour la compréhension du récit, c’est pourquoi elles seront mises en spoiler.

Pour rappel : Mon récit s'adresse à un public adulte.

ANNEXE 1 : LA PLANETE KUMARI

CHAPITRE 2
LE VILLAGE DE KAMUK
Récit de Damaris

Après avoir passé une nuit de plus dans ce que nous appelons notre chambre d'hôpital, nous nous réveillons en meilleure forme. Notre moral a même un peu remonté malgré toutes les révélations inimaginables qu'il nous a fallu encaisser hier. Une jeune femme dont l'aspect physique n'est en rien différent du nôtre nous apporte un petit-déjeuner composé d'une boisson au goût malté et d'une espèce de porridge nourrissant mais assez insipide.



- As-tu remarqué, demande Nikita entre deux cuillerées de bouillie, les soi-disant aliens n'ont rien d'exotique ! Ils ne sont pas verts, ils ne sont pas couverts d'écailles et n'ont pas des yeux globuleux !
- Tu lis trop de romans de science-fiction, s'esclaffe Sunny. On imagine les extra-terrestres différents de nous, mais finalement, personne n'en a jamais vus. La surprise, c'est peut-être qu'ils nous ressemblent !
- J'ai envie de croire encore que tout ça n'est qu'un immense canular et que nous sommes toujours sur terre, soupire Nikita. Et toi, Belaya, qu'en penses-tu ?

Avant que j'aie le temps de répondre, la porte s'ouvre et Kalthum, notre interlocutrice de la veille, s'avance vers nous en portant un grand sac.



- Bonjour à tous ! Aujourd'hui, je m'exprime en kumarien car nous allons débuter votre intégration sur votre nouvelle planète. Je n'ai pas eu le temps de tout vous dire hier, mais nous nous trouvons sur Nirmala, l'île-continent la plus grande, la plus peuplée et la plus puissante de Kumari. Sa capitale s'appelle Bazile et en ce moment-même, vous êtes à Sarabati, l'enclave qui a été concédée par le Bozal (roi) à la planète Shawan. Sarabati se trouve à l'ouest de Bazile et jouxte les quartiers royaux.
Nous écoutons attentivement Kalthum, toujours étonnés de comprendre une langue exotique sans jamais l'avoir apprise ! Le kumarien est un langage mélodieux, très différent du shawanais qui est plus guttural.



- Tout à l'heure, je vais vous conduire au village de Kamuk qui se trouve dans la forêt de Pukosi, à l'est de Bazile. Les habitants, peu nombreux, font quelques cultures vivrières et vivent surtout de chasses et de cueillettes dans la forêt environnante. Ils revendent dans la capitale certains produits forestiers recherchés comme le kabir. A l'occasion, ils travaillent aussi pour moi en me fournissant des plantes médicinales indigènes. C'est pour ça que je connais bien le chef du village, Yarik. Il a accepté de vous accueillir dans sa communauté où vous trouverez sûrement à vous rendre utiles. Je vous ai apporté quelques vêtements autochtones, ils faciliteront votre intégration.

Elle nous tend le sac avec lequel elle est venue.

- Je vous laisse vous changer et je reviens vous chercher dans une demi-heure, ajoute-elle en quittant la salle.

Nous déballons avec curiosité le contenu du sac. La tenue pour les filles se compose d'une jupe froncée et d'un corsage court qui laisse à découvert le ventre. Nous avons même un habit de rechange, sorte de robe-tunique à taille haute assortie d'un pantalon étroit. En guise de chaussures, nous recevons chacune une paire de bottines.

Sunny quant à lui hérite de deux pantalons basiques avec deux tuniques, l'une à manches courtes, l'autre à manches longues. Une ceinture et des bottines complètent la tenue.



Nous nous tournons le dos, retirons notre blouse d'hôpital et enfilons chacun l'une des tenues disponibles.





J'observe mes deux amis et souris :

- J'ai l'impression que nous venons de passer le casting pour le "Seigneur des Anneaux". Prêts pour le tournage, les amis ?

A ce moment, Kalthum revient dans la pièce et nous invite à la suivre. Nous parcourons des couloirs impersonnels à la décoration sobre et avons la surprise de croiser un robot qui aurait pu figurer dans "La Guerre des Etoiles" !

- Un simple robot de nettoyage, précise Kalthum qui a suivi notre regard.



Nous pénétrons dans une sorte de garage et nous nous installons dans l'étrange véhicule à six roues que Kalthum conduisait déjà lors de notre première rencontre.

La porte du garage s'ouvre et nous entamons notre parcours en découvrant l'enclave de Sarabati qui pourrait ressembler à n'importe quelle ville moderne de notre Terre, sauf que des vaisseaux spatiaux parcourent son ciel.



Après un assez court trajet, nous parvenons déjà à la sortie de Sarabati, gardée par des hommes en armes, à l'allure militaire. Bazile, capitale de Nirmala s'offre à nous dans la lumière dorée du matin. J'ai l'impression de faire un saut dans le passé, à une époque qui pourrait ressembler à notre XVIIIe siècle, tel qu'il est décrit dans les livres, mais situé dans une contrée étrange et inconnue.



Nous traversons ensuite la ville en roulant sur des rues pavées qui ne sont pas prévues pour des véhicules comme le nôtre. Heureusement qu'il est tout terrain car de nombreux détritus et obstacles de toutes sortes jonchent le sol.

- La route n'est pas très carrossable, dit Kalthum mais c'est le chemin le plus court pour rejoindre la forêt de Pukosi. A cette heure-ci, c'est encore praticable, ensuite, il y aura trop de monde !

Nous croisons quelques citadins qui se rangent précipitamment au bord du chemin et nous regardent passer avec curiosité. Nous rencontrons même un cavalier chevauchant une monture qui ressemble en tous points à notre bon vieux cheval.



- Ça alors ! s'exclame Sunny, ils ont des chevaux comme nous !
- La nature manque quelquefois d'imagination, remarque Kalthum en haussant les épaules. Il arrive souvent que l'on trouve des créatures très similaires sur des mondes différents, à commencer par nous-mêmes, les humains !

Nous longeons bientôt les beaux quartiers de Bazile où nous pouvons admirer de magnifiques demeures en pierres taillées ornées de céramiques colorées et de coquillages. Kalthum nous désigne des bâtiments imposants à moitié cachés dans un écrin de verdure et dont les toits sont pavoisés de drapeaux rouges et noirs brodés d'or.



- C'est le Palais Royal, nous explique Kalthum. Le Bozal (roi en kumarien) actuel s'appelle Mikan. Son frère cadet, le Sibir (prince) Yoshan possède environ le tiers de la forêt de Pukosi et le village de Kamuk se trouve sous sa juridiction.
- En tant que colonisateurs, quelles sont les relations que les shawanais entretiennent avec les gouvernants kumariens ? demandé-je avec curiosité.
- A ton avis ? rétorque Kalthum avec un sourire ironique. Ils nous détestent mais sont obligés de nous tolérer car ils savent que d'un point de vue technologique et militaire, nous leur sommes bien supérieurs !

Nous quittons bientôt la ville pour nous enfoncer dans la forêt de Pukosi qui est la plus vaste de Nirmala. De chaque côté de la piste où nous roulons s'élèvent des arbres immenses et touffus. De temps en temps, les taches vives des fleurs rompent la monotonie de cet océan vert.



- Cette forêt se situe dans une zone d'activité sismique assez intense, nous explique Kalthum. Heureusement, la plupart des séismes sont de faible intensité et provoquent peu de dégâts. La population y est habituée. Pukosi est réputée par la multitude de sources d'origine volcanique qui la parsèment. Certaines sont très éphémères : elles se forment à la faveur d'un phénomène sismique et disparaissent en peu de temps, rejoignant la nappe souterraine dont elles sont issues. Les villageois s'en servent comme baignoires naturelles !

Nous arrivons bientôt en vue d'une grande clairière où nous apercevons les premières maisons de Kamuk, de simples cabanes en bois pour la plupart.



- Voici la maison du chef du village, nous annonce Kalthum en désignant un bâtiment un peu plus grand et moins sommaire que les autres.



Nous descendons de voiture et sommes salués par un couple d'âge moyen, je dirais une quarantaine d'années. Kalthum nous les présente :

- Voici Yarik, le yashin (chef de village) de Kamuk et Nizana, son épouse.



Kalthum leur explique rapidement notre situation et le couple nous souhaite gentiment la bienvenue.

- Avez-vous des compétences qui pourraient vous rendre utiles ici ? nous demande Yarik.
Nous nous regardons tous les trois, un peu gênés : informatique, anglais et littérature, cela ne va pas le faire !
- Euh, je crains que non ! répond Sunny pour nous tous.
- Ce n'est pas grave, intervient Nizana, les filles m'aideront dans les multiples tâches domestiques, d'autant plus que je vais bientôt perdre une servante qui va se marier !
- Quant au jeune homme, poursuit Yarik, il remplacera notre kobayo (guérisseur) qui vient de mourir.



Sunny ouvre de grands yeux et proteste :

- Mais, je ne connais rien à la médecine !
- Ne t'inquiète pas, le rassure Yarik, Walin qui est une herboriste au grand savoir, t'aidera à connaître et à utiliser les plantes qui soignent.
- Bien, je vous laisse entre les mains de Yarik et Nizana, dit Kalthum en s'apprêtant à partir. N'oublie pas, ajoute-t-elle en se tournant vers moi, ma proposition tient toujours : tu peux devenir une saki et intégrer le harem royal.



Sans attendre ma réponse, elle s'engouffre dans sa voiture et démarre. Nous nous regardons tous les trois un peu interloqués.

- Elle insiste vraiment ! s'exclame Nikita. Mais pourquoi toi spécialement ?
- Je ne sais pas, rétorqué-je en haussant les épaules, mais je n'ai pas l'intention d'accepter !
- J'espère bien ! renchérit Sunny.

Nizana interrompt notre petit échange.

- Venez, Nikita et Belaya, je vais vous montrer notre maison. Pendant ce temps, Yarik va emmener
Sunny à la cabane du guérisseur.

La maison du chef du village est assez grande : elle se compose de deux ailes disposées en angle droit. Une partie des bâtiments abrite les chambres, l'autre la pièce à vivre qui comporte aussi la cuisine et un garde-manger. A l'extérieur, on trouve un jardin potager, quelques arbres fruitiers, un puits, une resserre à outils et un petit cabanon qui sert de toilettes.







- Comme nous n'avons plus de place dans la partie dortoir, nous explique Nizana, je demanderai à
Yarik de vous aménager un coin chambre dans la resserre à outils. Elle est suffisamment grande pour ça.



Nous acquiesçons, contentes finalement de nous retrouver à deux, plutôt que parmi des étrangers.

- En quoi consistera notre travail ? demande Nikita qui semble toujours un peu anxieuse.
- Je m'occupe surtout de faire la cuisine, répond Nizana, et aussi de l'entretien du potager et du verger. Enfin, il m'arrive souvent de faire des cueillettes dans la forêt. Vous m'aiderez dans ces toutes ces tâches. Nous avons aussi deux autres servantes qui sont chargées de l'entretien du linge et du ménage. Mais en fait, la règle ici est de s'entraider, personne ne se cantonne dans un seul travail !